Les Verts ont 30 ans : quel bilan pour l’environnement, quel bilan pour la politique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Verts ont fêté mardi 28 janvier leur 30 ans d'existence.
Les Verts ont fêté mardi 28 janvier leur 30 ans d'existence.
©Reuters

Joyeux anniversaire

Les écolos ont fêté leurs trente printemps le 28 janvier. Bilan en demi-teinte pour un parti qui a su tirer son épingle du jeu électoral à l'échelle locale mais qui a du parfois manger son chapeau.

Daniel Boy

Daniel Boy

Daniel Boy est directeur de recherche (FNSP) au CEVIPOF et enseignant au master de Sciences Po notamment en analyse quantitative des données.

Ses recherches se sont développées dans trois domaines : la sociologie électorale, l’écologie politique en France et en Europe, les relations entre science, technique et société.

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Atlantico : Les Verts ont fêté mardi 28 janvier leur 30 ans d'existence. D'un point de vue politique, quel bilan peut-on faire de ces trois décennies ?

Daniel Boy :Comme tous les bilans, il est mitigé. On constate une relative réussite électorale au niveau local, notamment dans les régions, ce qui n'est pas négligeable étant données les compétences de ces dernières en matière d'environnement. Dès 1992, le parti prend la tête d'un Conseil régional. Dans les municipalités, il est plus difficile de dresser un bilan mais on peut dire qu'à Montreuil, le bilan n'est pas fameux et qu'à Paris l'alliance PS/Verts a plutôt bien fonctionné. A l'échelle européenne, dès 1989, la liste menée par Antoine Waechter totalise 11% des suffrages exprimés, c'est déjà plus que les scores du Parti communiste. Les Européennes ont toujours été de bonnes élections pour eux car il s'agit d'un scrutin à la proportionnelle et que les enjeux environnementaux sont importants.

En revanche, Les Verts n'ont jamais connu de grands succès à l'élection présidentielle, et la dernière a clairement été l'une des pires. Au fond, les électeurs n'imaginent pas vraiment élire un écolo à cette fonction. Les législatives représentent quant à elles un réel enjeu. Celles de 1997 n'ont pas été extraordinaire et le parti n'a pas obtenu grand chose de l'alliance avec le Parti socialiste. Le cas de 2012 est un peu plus compliqué, chaotique. L'élan électoral qui a fonctionné au niveau local et européen ne se confirme pas au niveau d'une élection législative, en dehors des accords avec le Parti socialiste. Si 17 députés verts ont été élus, en termes de programme, ils n'ont pour le moment pas obtenu grand chose. Sur la transition énergétique, des promesses ont été faites mais pour le moment rien n'a été obtenu. Le bilan politique est donc incertain.

Lorsqu'ils ne passent pas d'alliances, les Verts peuvent espérer récolter en moyenne 4% des suffrages exprimés pour des élections législatives. L'élan électoral ne se retrouve donc pas ici mais on peut difficilement mettre le mode de scrutin en cause car lors de cantonales le parti peut tabler sur une moyenne de 10%. Cela signifie que les électeurs de gauche et une partie des écologistes choisissent systématiquement le PS.Les Verts sont donc contraints de passer des accords avec le PS te demeure sous la coupe de ce parti. Et contrairement au Parti communiste, ils n'ont pas de zone de force, sauf du côté de Nantes dans la circonscription de François de Rugy et à Bègles avec Noël Mamère. C'est là leur problème numéro 1.

Si les Verts sont parvenus à s'installer dans les institutions, peut-on considérer pour autant qu'ils ont réussi à transformer la société ou du moins à imposer certaines thématiques dans le débat politique  ?

Ils ne sont pas les seuls à avoir œuvré pour l'environnementalisme. Lors de la campagne présidentielle de 2007, les associations étaient extrêmement visibles et Les Verts complètement absents. Les préoccupations environnementales datent du début des années 1970. La société française n'est certes pas encore convertie à l'écologie politique mais il y a eu des avancées. Néanmoins, difficile de dire grâce à qui elles ont eu lieu.
Les Français sont plus à l'écoute mais on a pu constater des reculades ici ou là. La conjoncture économique actuelle avec la pression de la demande de croissance fait oublier l'écologie politique. Chaque fois que le besoin de croissance se fait plus pressent, l'écologie est oubliée.

L'opportunisme de certains membres du parti a été dénoncé à plusieurs reprises. Les Verts sont-ils voués à avaler des couleuvres pour continuer à exister ?

A l'échelle nationale, oui ! Au niveau local, pas forcément car ils ne sont pas obligés de s'allier à d'autres partis et le système permet beaucoup de négociation. Le système majoritaire à deux tours est imparable, seule une vraie proportionnelle comme en 1986, leur laisserait plus de chances.
Le PC a connu le même problème en 1981 lorsqu'il s'est allié avec le PS avant de sortir de cette alliance. Cette dialectique n'est pas propre aux écolos et elle s'applique à tout parti minoritaire dans une coalition. Soit on reste dans l'alliance pour faire passer ses idées politiques au risque de décevoir ses électeurs les plus radicaux.

Les divisions internes finiront-elles par sonner la mort du parti ?

Les divisions ne sont pas propres aux écolos. Est-ce que c'est pire qu'ailleurs ? Je ne crois pas. La majorité au sein du parti fonctionne. Si les adversaires parlent de firme ou de mafia, c'est un discours assez conventionnel. Ce parti fonctionne comme tous les autres partis sociaux-démocrates. Quoique qu'il possède des règles de fonctionnement plus compliquées que les autres, notamment pour empêcher le cumul des postes. L'idée de ce parti était de faire de la politique autrement mais on ne sait plus trop ce qu'elle veut dire. Comme tout parti, il a eu besoin de se professionnaliser et son fonctionnement interne est aujourd'hui identique à celui du PS. Les Verts fonctionnent en interne selon des règles démocratiques qui sont finalement limitées et ce sont souvent les mêmes qui gouvernent. Mais cette oligarchie n'est pas propre aux écolos, on la retrouve au PS et au PC. Pour ce qui est du rassemblement Europe Ecologie - Les Verts, ce fut le grand amour en 2009 mais la séparation entre la voie associative et la voie politique demeure.

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