Programme de l’UMP : des mesures économiques ambitieuses qui n’ont rien d’ultralibéral<!-- --> | Atlantico.fr
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Les propositions économiques du Conseil National de l’UMP sont centrées sur la baisse des dépenses publiques et la compétitivité des entreprises.
Les propositions économiques du Conseil National de l’UMP sont centrées sur la baisse des dépenses publiques et la compétitivité des entreprises.
©Reuters

Alternative

Réunis samedi en conseil national, les dirigeants de l'UMP ont écouté leur chef de file Jean-François Copé dévoiler publiquement les lignes du programme du parti, "pour redresser la France". Analyse de l'économiste Jean-Michel Rocchi : un programme ambitieux mais nécessaire, que l'on ne saurait toutefois taxer d'ultralibéral.

Jean-Michel Rocchi

Jean-Michel Rocchi

Jean-Michel Rocchi est président de Société, auteur d’ouvrages financiers, Enseignant à Sciences Po Aix et Neoma.

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« La France est un pays extrêmement fertile. Le gouvernement sème des fonctionnaires et le contribuable récolte des impôts. » (Georges Clémenceau)

Les propositions économiques du Conseil National de l’UMP sont centrées sur la baisse des dépenses publiques et la compétitivité des entreprises. Pour se faire une idée de la pertinence et de la crédibilité du programme il convient de se poser quelques questions préliminaires.

L’UMP est-il crédible pour parler de réduction des dépenses publiques ? La droite au pouvoir est-elle moins dépensière ? Le constat est clair : oui. Mais attention, il ne s’agit que d’une hausse plus modérée des dépenses publiques.

La droite et le centre droit : des meilleurs élèves aux plus médiocres :

On constatera dans le tableau ci-dessous que seul Lionel Jospin a su afficher une  « discipline » pouvant le classer dans le camp du centre droit, de même le très étatiste Jacques Chirac était dépensier et assez proche de la gauche dans sa gestion.   

La gestion de la gauche en comparatif (du plus toxique au moins nocif) :

Est-ce pour autant suffisant ?  Il s’agit en effet à présent de passer d’un ralentissement  de la hausse à une baisse de la dépense publique et donc cela va demander davantage de courage et de créativité.

Le diagnostic de l’UMP est-il défendable ou est-ce de la pure idéologie ?  

Les dépenses publiques rapportées au PIB sont devenues excessives et nuisent à l’économie nationale, car elles pénalisent  la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages.

Nous étions 2e mondial en 2012 en termes de dépenses publiques rapporté en PIB, et sommes probablement en quasi parité avec le Danemark en 2013 avec des prévisions à 57,1 % pour l’hexagone et 57,9 % pour nos voisins d’Europe du Nord. Nous sommes donc dans une situation pénalisante par rapport aux grandes économies mondiales :

L’UMP préconise de ramener à 50% du PIB les dépenses publiques sur cinq ans. Ce chiffre constitue un effort minimum indispensable si l’on veut pouvoir restaurer la compétitivité des entreprises et la création d’emplois. Ce chiffre n’a rien d’ultralibéral en se calant légèrement au dessus de la moyenne de la zone euro. Notons au passage que nous resterons 3 points au dessus de nos voisins allemands ; à terme plus lointain il faudrait avoir un objectif identique à ces derniers.   

Notons que Pierre Moscovici, Ministre de L’Economie et des Finances du gouvernement socialiste vient de déclarer « nous voulons faire redescendre la dépense publique autour de 53 % du Produit intérieur brut ». Cet objectif est notoirement insuffisant, mais surtout se pose la question de sa crédibilité, tant il est clair qu’il s’agit au mieux d’un vœu pieu sinon d’une simple manœuvre au regard de la politique économique réellement menée ces vingt derniers mois.  

S’agissant du projet UMP pour revenir à 50 % en cinq ans, il faudra réaliser 130 milliards d’euros d’économies qui seraient partagées à 50 % en baisse d’impôts et à 50 % en remboursement de dette. Il est évident que la capacité réelle à rembourser la dette sera tributaire de l’évolution des taux d’intérêts. Avec une dette publique de 1 900 milliards d’euros, une hausse de 1 % entraînerait mécaniquement 19 milliards de charges d’intérêts de plus par an.  Selon le projet UMP, ces 130 milliards d’euros d’économies doivent être réalisées à hauteur de 50 % au niveau de l’État et de 50 % au niveau de la sécurité sociale et des collectivités locales. Comme toujours le chiffrage précis sera le plus difficile à effectuer, pour mettre en œuvre un tel programme il faudra surtout du courage et ne pas céder aux manifestants dans la rue. D’ailleurs, comme l’atteste un récent sondage, les Français ont compris et acceptent l’idée de moins de services publics contre moins d’impôts. Il n’y a en effet aucune magie possible dans la réduction des dépenses publiques.

Le deuxième volet portera sur une amélioration de l’environnement destiné à libérer l’entreprise pour favoriser la croissance et la création d’emplois, les mesures porteront notamment sur : la baisse des charges sociales, TVA anti-délocalisations, réforme des allocations chômage, dépoussiérage des « codes » et notamment du travail … Cet aspect qualitatif est très important et va lui aussi dans le bon sens. Ce volet de réformes structurelles est au moins aussi important tant nous avons pris de retard avec les grandes économies. D’ailleurs, les agences de notation financière attendent aussi des efforts de la France sur ce dernier point. Il faudra aussi recréer une stabilité de l’environnement juridique et fiscal français, qui nuit tant aux entrepreneurs français qu’aux investissements directs de l’étranger. L’économiste Douglas Cecil North (prix nobel 1993) a montré que les institutions exercent un effet positif sur l’économie lorsqu’elles réduisent les incertitudes (l’inverse étant malheureusement pour nous également vrai).  

Pour conclure méditons les sages propos de Frédéric Bastiat : « Quand l’État se charge de tout, il devient responsable de tout. Sous l’empire de ces arrangements artificiels, un peuple qui souffre ne peut s’en prendre qu’à son gouvernement (...). Quel triste spectacle offre maintenant la France!  … C’est ainsi que la loi devient une grande école de démoralisation (...). La spoliation (...) finit par devenir toute une savante théorie qui a ses professeurs, ses journaux, ses docteurs, ses législateurs (...). (...) Malheureuse, trois fois malheureuse la nation où les questions se posent ainsi ; où nul ne songe à faire de la loi la règle de la justice; où chacun n’y cherche qu’un instrument de vol à son profit, et où toutes les forces intellectuelles s’appliquent à trouver des excuses dans les effets éloignés et compliqués de la spoliation! » (Harmonies Economiques, 1850).

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