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Pourquoi le pacte de responsabilité ne vaut pas mieux qu’un chantage mafieux
Pourquoi le pacte de responsabilité ne vaut pas mieux qu’un chantage mafieux
©DR

Pour votre bien on vous dit...

Alléger les charges et les tracasseries administratives contre plus d'emplois, voilà la nouvelle solution du gouvernement pour inverser la courbe du chômage. Une logique qui ressemble plus à de la contrainte qu'à un vrai partenariat avec les entreprises.

Charles Gave

Charles Gave

Charles Gave est président de l'Institut des Libertés, un think tank libéral. Il est économiste et financier. Son ouvrage L’Etat est mort, vive l’état  (éditions François Bourin, 2009) prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal Research et de Gavekal Securities, et membre du conseil d’administration de Scor.

 

 

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Atlantico : Le gouvernement a annoncé sa volonté d'alléger les charges et les contraintes pesant sur les entreprises, en attendant en retour que les entreprises créent plus d'emplois. Passées les bonnes intentions, le gouvernement a-t-il vraiment conscience des réalités auxquelles les entreprises sont confrontées ou est-il dans la pensée magique ? Pourquoi ?

Charles Gave : A mon avis, vous êtes sévère pour la magie. Le gouvernement est en fait dans une absence de pensée totale  et se place fort évidemment  dans une démarche  de type mafieux. " J'ai le pouvoir de vous faire du mal, mais si vous embauchez mon petit neveu ou mon cousin pour vous protéger, je vous garantis que je limiterai mes déprédations envers vous".

C'est une forme de raisonnement qui marche très bien en Sicile comme chacun peut le constater tous les jours.  

"Moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur les activités des entreprises, et, en contrepartie, plus d'embauches, plus de dialogue social", a déclaré le président de la République pour présenter aux entrepreneurs son "pacte de responsabilité". Ne se fourvoie-t-il pas en envisageant la question de l'emploi en termes de "contrepartie" ? Pourquoi ?

Cette phrase du Président est extraordinairement intéressante dans la mesure ou elle dévoile les fondements de son absence de pensée économique. Il semble que le Président pense que les entrepreneurs Français s'en mettent plein les poches, qu'ils gagnent trop d'argent et maintiennent les employés dans un état de surexploitation continuel. La solution serait donc une fois encore le "partage du travail", cher aux socialistes ou les entrepreneurs embaucheraient plus de monde pour produire la même quantité de biens à l'arrivée.  On sait depuis longtemps que les socialistes français n'ont jamais compris que la solution n'était pas de repartir plus égalitairement le gâteau, mais de faire croitre le gâteau. On se rend compte quand on lit les déclarations du Président qu'il ne comprend pas que le troc qu'il propose aux entrepreneurs ferait rétrécir le gâteau, ce qui est quelque peu préoccupant

Concrètement, pour qu'une entreprise se remette à embaucher en France, quels sont les "ingrédients" nécessaires, tant en termes de conjoncture que de réformes ?

Le rôle d'un entrepreneur n'est pas de créer des emplois. Ce qu'il doit faire c'est vendre des services ou des produits à des gens qui ne sont pas obligés de les lui acheter (les clients peuvent acheter des produits similaires à d'autres fournisseurs, ou utiliser leur argent  pour acheter des biens ou des services complètement différents). Ses recettes sont donc complètement incertaines,  mais ses coûts par contre sont complètement certains.

Si ses recettes sont supérieurs à ses couts, c'est à dire sil fait des profits , il pourra embaucher s'il veut se développer. Si ses coûts sont supérieurs à  ses recettes il faudra débaucher sinon c'est la faillite.

L'entrepreneur vit donc sans arrêt dans l'incertitude. Tout ce qui réduit l'incertitude pour les entrepreneurs est donc bon pour l'emploi, puisqu'il peut prendre plus de risques, tout ce qui l'augmente est mauvais. Par exemple, la liberté de licenciement, dans la mesure ou elle permet une adaptation tres rapide à une détérioration des affaires est souhaitable, ainsi qu'une grande stabilité juridique et fiscale.

Les folies législatives et fiscales des dernières  années ont amené à une détérioration profonde de la rentabilité des affaires (la marge brute d'autofinancement des entreprises est à plus bas historique), ce qui fragilise massivement la capacité des entreprises à embaucher.  

Les entrepreneurs ont à  faire face a une conjoncture constamment mouvante, il faut donc que l'Etat soit un réducteur d'incertitude. Ce dont ils ont besoin c'est que le cadre législatif , fiscal et réglementaire dans lequel ils opèrent soit stable, et ils n'ont pas besoin de sucettes et de bons points donnés par le gouvernement. Ils ont besoin de faire des profits, pour pouvoir développer leurs affaires et mieux servir leurs clients. Et cela amènera –peut être – à  des créations d'emploi. Depuis 30 ans, le poids de l'Etat dans l'économie a augmenté de 15 points de PIB tandis que la marge brute d'autofinancement  des entreprises a baissé d'à peu prés autant, ceci causant cela bien sûr et le chômage a explosé. Et les Français se demandent pourquoi leurs enfants partent chercher du travail à l'étranger...

Cette déclaration ne laisse-t-elle pas entendre que si les entreprises ne se mettent pas à embaucher une fois que les mesures de ce pacte de responsabilité auront été mises en place, elles seront alors considérées comme fautives ? Le gouvernement crée-t-il d'emblée un climat conflictuel ?

Le chantage de type mafieux exercé par le Président va donc exactement dans le sens inverse de ce qui est souhaitable, puisque l'on nous suggère que des "punitions en cas de non obéissance'' vont suivre.

Le résultat net est que je vais fermer mon entreprise en France pour rouvrir en Espagne ou en Grande Bretagne, tant qu'il en est encore temps.

En conclusion, il est ahurissant de constater qu'au XXI siècle la classe dirigeante Française.

- N'a toujours pas compris le rôle essentiel que joue l'entrepreneur dans la croissance.

- Pense que l'économie est un jeu à somme nulle

- Croit à la relance de la demande par des déficits budgétaires keynésiens.

- N'a pas compris que trop d'impôt tue l'impôt

- N'a pas compris que l'Etat n'est pas la solution mais le problème.

- Croit a la théorie marxiste de l'exploitation de l'homme par l'homme

- Croit à la théorie marxiste de la valeur travail (les emplois aidés créant une accélération  et autres calembredaines)

- Croit, toujours avec Marx, que le travail est "aliénant " et que tout employeur est dans le fond un exploiteur...

Voilà la réalité à laquelle les entrepreneurs ont à faire face :une classe dirigeante d'une incompétence qui dépasse l'entendement et qui les tue et VOILA ce qui crée le chômage en France.

Le reste est littérature.

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