Remerciements tardifs (mais sincères) à M. M'Bala M'Bala<!-- --> | Atlantico.fr
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Dieudonné lors de son nouveau spectacle.
Dieudonné lors de son nouveau spectacle.
©Reuters

Coming out

Des pans entiers de la société française étaient restés enfouis et oubliés. Il en a été l’indispensable révélateur.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les vents violents qui soufflaient sur le passage de la Main d’Or se sont enfin apaisés. Un timide rayon de soleil est ainsi venu éclairé cette célèbre artère parisienne. Et tout est – presque – redevenu comme avant. Dieudonné occupé, Dieudonné outragé, Dieudonné martyrisé, et – ô joie ! – Dieudonné libéré (mais pas tout à fait quand même).

Au Théâtre de la Main d’Or, le spectacle a repris, amputé, hélas, de ce qu’il avait de meilleur. Eh oui ! on ne parle plus des Juifs ni de la « pornographie mémorielle » de la Shoah. On continue à brocarder le journaliste Patrick Cohen, mais sans regretter qu’il n’ait pas eu les honneurs de la chambre à gaz. On ricane sur la Licra, mais sans la qualifier d’officine juive. On traîne dans la boue M. Jakubowicz, mais sans préciser sa fâcheuse origine. La salle, intelligente et conquise, applaudit à tout rompre, consciente qu’elle est des chaînes qui entravent encore ce malheureux descendant d’esclaves.

Tout va bien, donc. Et Julie Gayet s’étant avantageusement (je parle bien sûr du physique) substituée à Dieudonné dans l’actualité, il est temps maintenant de dresser sereinement le bilan – pas du tout négatif – du courageux combat solitaire du locataire du Théâtre de la Main d’Or. Et tout compte fait, on lui doit beaucoup. Car, infatigable défricheur, explorateur intrépide, il a su mettre au jour de nombreuses Atlantide françaises.

Sans lui, qui saurait à quel point la détestation des Juifs taraude les tours HLM de certaines de nos cités ? C’est là-bas en effet que se recrutent la majorité de ses fans. Et c’est grâce à lui que la banlieue a pu enfin faire entendre ses tristes doléances.

Sans lui, qui saurait que parmi ses supporters on trouve aussi des gens qui se réclament de la gauche et, surtout, de l’extrême gauche ? Oui, comme lui, la révolte s’empare de leurs âmes quand ils découvrent les abominations perpétrées par les sionistes sur de malheureux Palestiniens, ces derniers ayant remplacé dans leur imaginaire le prolétariat souffrant.

Sans lui, qui saurait qu’à l’extrême droite certains n’ont pas renié leurs fondamentaux originels ? Quand Dieudonné fit au Zénith un spectacle resté célèbre (en raison de la prestation du pauvre Faurisson qui monta sur scène pour exprimer toute la souffrance d’un négationniste), il y avait dans la salle des invités de choix. Le gratin du Front national : Jean-Marie Le Pen, Jany Le Pen, Bruno Gollnisch, Alain Soral et Alain de Benoist.

Sans lui, qui saurait qui est l’abbé Laguérie ? Un prêtre de la vieille école comme on n’en fait plus. Il officia à Saint-Nicolas-du-Chardonnet puis – et aujourd’hui encore – à Bordeaux. C’est là qu’il baptisa Plume, la fille de M. M’bala M’bala, avec pour parrain Jean-Marie Le Pen. Tout comme Dieudonné, ce dernier s’était renseigné pour être sûr qu’il n’aurait pas affaire à un quelconque curé gauchisant ou marxisant. Il fut rassuré par une déclaration de l’abbé Laguérie : « Depuis 45 ans, les Juifs tiennent les médias et la finance. »

Oui, sans Dieudonné, les choses ne seraient que ce qu’elles sont, c’est-à-dire pas grand-chose. Oui, sans Dieudonné, la palette des diversités idéologiques et autres de notre beau pays eût manqué de quelques couleurs essentielles. Sans parler du faut qu’il est aussi un très grand rassembleur (banlieues, extrême droite, extrême gauche, mais curieusement pas de Juifs), ce qui est bon pour la paix civile. Et ça, ça n’est pas à la portée d’un vulgaire Valls, d’un quelconque Sarkozy ou d’un insignifiant Hollande. Oui, merci Dieudonné. Et aussi, très modestement, à titre personnel. Quelques lecteurs ont été froissés par certaines lignes, pas très élogieuses, que j’avais écrites sur lui. Ils m’ont fait remarquer, lucides et sagaces, que je participais au complot judéo-maçonnique, sioniste et talmudique. Grâce à eux, et donc grâce à lui, je me suis senti libéré. Jusqu’alors en effet je vivais dans le déni et la haine de soi. Et j’ai enfin, à mon grand soulagement, pu faire mon coming out.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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