Cinq raisons pour lesquelles le président Hollande est privé de vie privée <!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande lors d'une conférence de presse.
François Hollande lors d'une conférence de presse.
©Reuters

Éditorial

Oui, les journalistes peuvent être, à moment donné, fondés à enquêter sur la vie du Chef de l’Etat, quitte à empiéter sur sa sphère privée. Voici pourquoi.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Quand j’entends les cris d’orfraie sur les révélations de Closer à propos de la vie sentimentale du Chef de l’Etat, je me dis que Rousseau avait décidément raison : l’hypocrisie est l’hommage que rend le vice à la vertu. Car c’est souvent ceux-là mêmes qui dénoncent la pipolisation de la vie politique qui s’en repaissent joyeusement en petit comité. Invoquer le respect de la vie privée s’agissant du Chef de l’Etat n’a, en vérité, pas tellement de sens. Il est d’ailleurs le seul citoyen français à devoir publier régulièrement son bulletin de santé.

Prenons l’exemple de l’actuel locataire de l’Elysée et de ses (supposées) frasques amoureuses.

1-   François Hollande n’est pas un surhomme. Je vous imagine déjà, chers lecteurs, penser à haute voix : « c’est un euphémisme »... Passons. Et donc, lorsqu’il est pris dans un tel tourbillon sentimental, comme tout un chacun, l’homme « normal » n’a plus tout à fait la tête au travail. Même si son travail, c’est diriger la France.

2-   Avoir une vie cachée incite à commettre quelques imprudences. François Mitterrand les a multipliées, sans coup férir. Mais c’était au siècle dernier... Dans le cas de Hollande, était-ce bien raisonnable de sauter sur un scooter pour se rendre chez sa douce (supposée) au risque d’être renversé par un conducteur médiocre ou, pire, un terroriste en mission ?

3-   Quels que soient les sempiternels débats sur le statut de la Première dame en France, le rôle existe. La first lady représente notre pays à l’étranger, jouant les ambassadrices du style et de la culture françaises, marraine des fondations et autre action caritative quand elle ne s’essaye pas, comme Cécilia ex-Sarkozy en son temps, à la médiation de choc (la libération des infirmières bulgares incarcérées en Liye). La personnalité de celle qui occupe l’aile de Madame au Château concerne donc les Français. Elle a, en outre, une influence sur l’image du président. On se souvient de Jacques Chirac, qui craignait d’être « vieilli » par Bernadette en 1995 puis qu’elle a contribué à « humaniser » grâce à sa Fondation « pièces jaunes ». L’image de Valérie Trierweiler, depuis son fameux tweet de l’été 2012 qui n’était rien d’autre qu’une pure prise de position politique, ne rejaillit guère positivement sur celle du Chef de l’Etat.

4-   Quand la première dame décide d’attaquer en justice les médias ou les livres qui brossent son portrait alors que le président bénéficie d’une immunité judiciaire, elle déroge à la tradition républicaine. Et lorsqu’elle demande à son compagnon, comme l’a fait Valérie Trierweiler irritée par les révélations de « La Frondeuse » (Ed. du Moment, 2012), de témoigner dans ce type de procès, elle l’incite à contourner le principe de séparation des pouvoirs.

5-   Enfin, nous ne sommes pas seuls au monde. La France entretient des relations stratégiques dans maints domaines avec des dizaines de pays qui ne partagent pas notre ouverture d’esprit et notre modernité. La situation conjugale du Chef de l’Etat est susceptible de compliquer notre diplomatie, notamment sur le plan protocolaire. Cette perspective avait d’ailleurs poussé Carla et Nicolas Sarkozy à précipiter leur mariage.

J’arrêterai là un inventaire qui démontre, si besoin, que les journalistes peuvent être, à moment donné, fondés à enquêter sur la vie du Chef de l’Etat, quitte à empiéter sur sa sphère privée. Car pour être homme normal, il n’occupe pas une fonction normale mais unique et 24h sur 24. L’idée que le président pourrait redevenir un simple citoyen quand ça l’arrange, notamment à la tombée de la nuit, me paraît saugrenue bien que défendue par François Hollande lors de sa conférence de presse de mardi. Contrairement à la plupart des hommes politiques qui s’expriment parfois « à titre personnel » pour ne pas engager leur parti, le président, lui, parle toujours au nom de la France.

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