Allô François, ici les catégories populaires… : et le président oublia (encore) que son public n'était pas forcément assis en face de lui<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande semble avoir de petits problèmes de communication avec les classes populaires.
François Hollande semble avoir de petits problèmes de communication avec les classes populaires.
©Reuters

Friture sur la ligne

Les annonces formulées mardi par le président social-démocrate s'adressaient essentiellement à de hauts fonctionnaires et des gens extrêmement bien intégrés qui peuvent se permettre de ne raisonner qu’en termes de contexte macroéconomique. François Hollande a en revanche totalement oublié de s'adresser aux angoisses personnelles des Français.

Louis Maurin

Louis Maurin

Louis Maurin est directeur de l’Observatoire des inégalités.  

 
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Atlantico : Mardi lors de sa conférence de presse, François Hollande a parlé de nombreux sujets. Mais, notamment en ce qui concerne les mesures du pacte de responsabilité, le chef de l'État s'est montré très technique. Qu'est-ce que les gens ont pu vraiment comprendre lorsque, par exemple, le chef de l'État a parlé de la suppression des cotisations familiales ?

Louis Maurin : La très grande majorité a eu beaucoup de mal à comprendre ce programme, si cela en est un. On mélange les systèmes de protection sociale et le budget de l'État, tout ça dans un projet un peu flou. Les citoyens ne connaissent d'ailleurs pas les grandeurs économiques. Pour eux, 30 milliards d'euros – le montant d'économie annoncés – ça n'a aucun sens. 30 milliards d'euros, cela représente les deux tiers du budget de l'enseignement maternel, primaire et secondaire, 6 fois le budget de la Justice, etc.

Quand on parle de suppression des cotisations patronales pour la famille, l'immense majorité des Français est d'accord. Il faut vraiment être un intellectuel de gauche fou furieux pour dire qu'il faut augmenter les cotisations. L'immense majorité des veut une baisse parce qu'elle veut gagner d'avantage. Mais si on leur précisait que, en contrepartie de cette baisse d'impôt, on aurait pu injecter de l'argent directement dans l'économie, par le biais d'une allocation familiale par exemple, ils ne seraient peut-être pas tous du même avis.

Qu'ont entendu les citoyens lorsque François Hollande a parlé de baisse des charges ? Ont-ils compris le message qu'a voulu faire passer le président ?

Ce n'est pas forcément le rôle de la gauche, dans ce pays, d'augmenter le profit des entreprises alors que l'on traverse une crise comme on n'en a jamais connu. Aujourd'hui, le niveau de vie des plus démunis baisse et la réponse du gouvernement est nulle. Hormis quelques emplois d'avenir, il n'y a rien à destination des classes populaires. On a une République commandée par des énarques et des patrons. Le discours de Hollande ressemble comme deux gouttes d'eau à une note de synthèse du gouvernement.

Le citoyen lambda ne comprend donc pas grand-chose. Il ne réfléchit pas à ce qui aurait pu être fait à la place. Les gens s'intéressent beaucoup à la politique mais ils estiment aussi qu'on ne s'intéresse pas beaucoup à eux.

Dans le message qui a été passé, a qui s'est adressé François Hollande ? S'est-il vraiment adressé aux gens ordinaires ?

François Hollande n'a pas vraiment parlé aux Français. Il ne sait d'ailleurs certainement pas vraiment lui-même à qui il s'adresse. Il a parlé essentiellement au Medef. Il y a un problème de marge d'action de l'État : il y a un mois, le Premier ministre nous parlait de réforme fiscale, où est-elle ? Les mots changent tous le temps, il y a des cafouillages. Les gens peuvent donc se dire que la politique ne répond pas à leurs attentes.

Quand la gauche largue les catégories populaires, qu'est-ce qui peut se passer à part un renforcement des extrêmes ? Il y a un décalage entre le politique et notre société avec une élite intellectuelle qui est en phase avec la société culturelle parisienne mais très loin des catégories populaires. C'est pourtant leur responsabilité d'avoir des programmes réalistes et populaires. 

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