Insécurité, logement et transports en commun : comment les programmes des candidats à la mairie de Paris répondent aux attentes des Parisiens <!-- --> | Atlantico.fr
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La lutte contre la délinquance est un sujet prioritaire pour les Parisiens.
La lutte contre la délinquance est un sujet prioritaire pour les Parisiens.
©Reuters

Municipales

Anne Hidalgo, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, n'abordent pas certains sujets qui pourtant sont une priorité pour grand nombre de Parisiens. C'est le cas de la lutte contre la délinquance et de l'accès au logement.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : Le sondage CSA pour BFM TV - Le Figaro - Orange publié jeudi place Nathalie Kosciusko-Morizet en tête du premier tour des élections municipales à Paris, en mars prochain. Quelles sont les principales attentes des habitants de la capitale en vue des élections municipales ?

Yves-Marie Cann : Nous avons testé auprès des Parisiens et des Parisiennes leur position par rapport à plusieurs sujet et de désigner les sujets qui, au moment de l'enquête, les préoccupent le plus et ceux dont il faudrait s'occuper en priorité à Paris. Deux sujets sortent du lot : la lutte contre la délinquance qui est cité par 45% des personnes interrogées et l'accès au logement (43%). Deux sujets atteignent ensuite un niveau intermédiaire : le montant des impôts locaux (36%) et les transports en communs et liaisons avec les autres villes (36%).

Le sujet des transports en commun et des liaisons avec les autres villes est caractéristiques de Paris, tout comme l'accès au logement dont la hausse des prix de l'immobilier, très prononcée à Paris, a fait de ce thème un véritable enjeu des municipales. La lutte contre la délinquance est un sujet bien plus traditionnel, indépendamment de la ville. Idem sur le montant des impôts locaux. Le débat sur le ras-le-bol fiscal des Français, les mouvements de contestations sur l'écotaxe, la mobilisation des bonnets rouges, a donc un impact à Paris. Surtout, si on regarde les résultats en termes de dynamique, on voit que c'est un sujet qui gagne de l'importance puisque lors de la dernière enquête, il n'était crédité que de 30% des suffrages.

Les candidats à la mairie de Paris parlent-ils de ces sujets ? Y-a-t-il une adéquation entre les programmes et les discours des candidats à la mairie de Paris et les attentes des Parisiens ? Par exemple, la lutte contre la délinquance n'est pas abordée en priorité par Anne Hidalgo...

Si l'on prend en compte les quatre sujets principaux de la campagne, on voit qu'Anne Hidalgo s'est fortement engagée dans l'accès au logement. Au moment de l'accord électoral avec le Parti communiste, la tête de liste du PS a promis de porter la part de logements sociaux dans la capitale à 30% alors qu'il atteint aujourd'hui environ 20%.

Sur d'autres sujets, en revanche, Nathalie Kosciusko-Morizet a concentré ses attaques. C'est le cas du montant des impôts locaux et de la lutte contre la délinquance. Ce sont des dossiers sur lesquels la municipalité sortante, incarnée aujourd'hui par Anne Hidalgo, peut se retrouver en porte-à-faux car elle est confrontée à son bilan en la matière.

Comment les candidates justifient-elles de peu parler des réelles attentes des Parisiens. Est-ce par manque de courage ?

Lorsque l'on regarde les résultats en fonction de la sympathise partisane, on s'aperçoit que les domaines sur lesquels Anne Hidalgo prend le plus souvent la parole, le logement, les transports, plus globalement le cadre de vie, on s'aperçoit qu'il s'agit des sujets plutôt en phase avec l'électorat de gauche.

De l'autre côté du spectre politique, Nathalie Kosciusko-Morizet semble également en phase avec son électorat puisque celui-ci place la lutte contre la délinquance, le montant des impôts locaux et la propreté en tête des ses priorités. La lutte contre la délinquance est une priorité pour l'électorat de droite et de l'extrême droite. L'intuition de NKM et de son équipe de campagne d'investir ce sujet constitue sans doute une stratégie intéressante pour apporter des gages à son électorat potentiel. Ça peut être aussi un moyen pour elle de couper l'herbe sous les pieds des listes Front national qui, dans certains arrondissement pourraient approcher voire dépasser la barre des 10% et provoquer des triangulaires.

On est dans une logique de premier tour dont l'enjeu est avant tout de mobiliser son camp. C'est pourquoi elles prennent la parole sur des sujets qui fédèrent leur couleur, pour faire le plein de voix dès le premier tour pour ensuite élargir ce socle électoral et de faire la différence au second tour.

Il est vrai qu'Anne Hidalgo ne pourra cependant pas faire l'impasse sur la lutte contre la délinquance : 32% des sympathisants de gauche citant cet enjeu. Des attentes émergent même à gauche. Mais, à ce stade, elle n'a pas intérêt à se laisser entraîner par le camp adverse sur ce terrain-là, et de perdre la maîtrise de l'agenda de la campagne et à finalement se retrouver en position défensive puisque NKM chercherait avant tout à attaquer le bilan de la municipalité en la matière.

On entre en ce mois de janvier pleinement dans la campagne. L'attention des Parisiens va aller en progressant. Le rapport de force électoral est aujourd'hui extrêmement serré. La campagne qu'elles feront, les propositions qu'elles donneront à réfléchir aux Parisiens mais aussi le type de maire qu'elles incarneront seront déterminants.

Est-ce que le véritable enjeu - comme tant à le prouver votre enquête - des municipales à Paris sera finalement l'abstention ? 

C'est un enjeu très important, notamment pour la gauche dont le contexte au niveau national est difficile. Les liste de gauche s'exposent, à Paris comme ailleurs, non pas à un votre sanction mais à une démobilisation de leur électorat. D'autant que, d'un point de vue sociologique, on sait que l'électorat qui se mobilise le mieux et un électorat qui tendance à voter plutôt à droite.

Ceci étant dit, dans ce scrutin local, l'image des candidats peut venir brouiller l'orientation des électeurs. 

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