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« Envie d’avoir envie »
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EDITORIAL

Lundi Laurent Wauquiez proposait de plafonner les minima sociaux à 75% du Smic. Ce mardi, les médias commémorent les 30 ans du 10 mai 1981. Mais ne parle-t-on pas de la même chose : la quête d’enthousiasme ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Les propos de Laurent Wauquiez sont d’emblée jugés électoralistes, car visiblement toute idée UMP à venir, quelle qu’elle soit, sera accusée de vouloir faire les yeux doux aux sympathisants du Front national (cette critique systématique étant sans doute tout autant électoraliste). Nous observons d’autre part, indépendamment de ce que nous pouvons penser d’une proposition, que désormais les idées ne prêtent plus à débat mais à « polémique », surtout si elles créent des divergences de points de vue à l’intérieur d’un même camp politique.

Mais sur le fond, la question posée par Laurent Wauquiez est assez centrale, et doit interpeller tous les acteurs et décideurs de notre vie politique, celle finalement du juste équilibre à trouver entre soutien social et assistanat (un mot sans doute interdit), entre aide et incitation. Un raisonnement qui consiste à estimer qu’un non travailleur ne peut pas disposer d’une source de revenu équivalente à celle d’un travailleur. Cette source de revenu jugée « satisfaisante » (nous savons qu’elle ne l’est pas) encouragerait le premier à perdurer dans sa situation de chômage et découragerait le second à travailler, installant pour les deux une logique de « à quoi bon ».

A défaut d’avoir réussi à gagner plus en travaillant plus, il s’agirait alors d’éviter de penser qu’on puisse gagner autant en travaillant moins. Combattre ce « à quoi bon » est absolument vital, c’est un enjeu national, c’est aussi un enjeu du quotidien dans les entreprises qui plus que jamais ont besoin de salariés motivés, entreprenants, responsables, tout sauf passifs ou assistés.

Plutôt que de polémiquer sur l’écume de l’annonce, débattons du fond : la motivation à travailler.

La question cruciale qui est posée, que ce soit en terme de coût collectif, d’épanouissement personnel, ou d’efficacité, est celle de la motivation à travailler, et cette question se pose aussi bien pour la personne en situation de chômage que pour la personne au travail.

Sur cet enjeu, la question de la rémunération est bien sur essentielle, mais elle ne détermine pas tout non plus. Nous savons par les enquêtes de satisfaction au travail que la rémunération est plus souvent un élément explicatif de l’insatisfaction (lorsqu’elle est jugée trop basse) qu’un déterminant de la satisfaction (lorsqu’elle est considérée favorablement). Les facteurs principaux étant alors souvent la reconnaissance, l’intérêt pour le travail, l’ambiance, la fierté d’appartenance, les perspectives, etc. Le facteur financier n’est plus alors, pour certains, le seul déterminant de la motivation. S’il mérite certes d’être revalorisé, ce n’est pas ce critère qui motive des milliers de jeunes femmes à postuler, trop nombreuses, aux portes des école d’infirmières.

Nous connaissons le paradoxe du marché du travail en France connaissant à la fois un fort taux de chômage et une difficulté à recruter, notamment dans certains secteurs. Notre époque a un crucial besoin de régénérer l’envie, l’envie de travailler, l’envie d’entreprendre, l’envie de projets. Besoin d’enthousiasme, de ferveur, celle du 10 mai 1981 comme aiment à le rappeler les médias aujourd’hui emmenés par un parti socialiste qui passe du droit d’inventaire au devoir de mémoire (électoraliste aussi ?).

Quoi qu’il en soit, un enthousiasme peut-être un peu utopique, souvent déçu, mais indispensable, certainement nostalgique face à une nouvelle campagne présidentielle qui risque d’être une élection sans ferveur.

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