Michel Rousseau - Fondation Concorde : "Faire un pacte de responsabilité avec les entreprises, c'est avouer une faiblesse inouïe" <!-- --> | Atlantico.fr
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Le pacte de responsabilité devrait concerner toutes les entreprises
Le pacte de responsabilité devrait concerner toutes les entreprises
©Reuters

L'interview Atlantico Business

Le gouvernement présentera les dispositions du pacte de compétitivité le 14 janvier et notamment les contreparties que devront apporter les entreprises si elles veulent bénéficier d’une baisse des charges. Michel Rousseau, le président de la Fondation Concorde, juge que le principe même d’une contrepartie est "ridicule".

Michel Rousseau

Michel Rousseau

Michel Rousseau est le Président de la Fondation Concorde, think-tank qui, depuis plus de 10 ans, cherche à enrichir le débat public avec ses propositions.

 

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Atlantico Business : Le gouvernement annonce un pacte de responsabilité fondé sur un principe de contrepartie : des embauches contre une baisse des charges. Est-ce un mécanisme qui peut fonctionner ?

Michel Rousseau :Certainement pas. Il n'y a pas de lien possible entre la méthode pour établir un pacte de responsabilité, c'est-à-dire l'État, et les entreprises. L'État a pour mission de créer les conditions de développement des entreprises. Faire un pacte, c'est déjà avouer une faiblesse inouïe. Une entreprise ne peut créer des emplois que si elle a des marchés, si elle augmente son chiffre d'affaire. C'est donc complètement ridicule de dire que l'on peut baisser les charges en contrepartie d'une création d'emploi. S'il y a trop de charges, il n'y a pas d'activité, donc pas d'embauche. On est donc encore face à un effet de communication très astucieux de la part du gouvernement. A la Fondation Concorde, cette baisse de charge nous la croyons possible et nous la demandons depuis plusieurs années. Mais en aucun cas elle ne doit être associée à un chiffrage de la création d'emploi, cela n'a pas de sens. 

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Pourtant le Medef se dit "prêt à agir", chez FO on parle d'un "marché de dupe". Qui a le plus raison ?

Je crois qu'il ne s'agit pas de donner raison ou tort à l'un ou l'autre des syndicats. Il est normal que les chefs d'entreprises se disent en faveur d'une bonne attention du gouvernement. Pour ce qui est de Force Ouvrière, c'est franchement une plaisanterie qu'un syndicat comme celui-ci puisse se prononcer sur l'économie : il représente la totalité des fonctionnaires ! C'est un syndicat rétrograde toujours animé d'un esprit marxiste. On ne peut pas vraiment compter sur eux pour développer le pays. 

Au-delà du discours, le gouvernement mène-t-il davantage "pro-entreprise" qu'auparavant ?

Ce gouvernement a l'art des discours. Mais dans l'action, ils sont extrêmement peu efficaces. On peut dire, après 20 mois d'exercice, qu'ils n'ont pas montré leur capacité à mettre en place des programmes valables pour développer le pays et résoudre les problèmes de chômage. Bien au contraire. Je pense d'ailleurs qu'ils ont compris qu’ils ne pourront pas satisfaire tout le monde et ont fait le choix de favoriser ceux qui votent pour eux, à savoir les fonctionnaires. Et ce, au détriment des entrepreneurs. Les augmentations de charge, les taxes, l'imposition sur les entreprises... Tout cela c'est du concret depuis un an. Pour le reste, pour les discours, le gouvernement se contente de faire semblant, c'est très habile. 

Selon vous, quelles sont les leviers sur lesquels il faudrait agir ?

D'une part, transférer les charges du salaire vers d'autres impôts. Nous préconisons la TVA sociale parce que la France mène une politique de consommation depuis trop d'années. Il est temps que les choses s'inversent. Nous n'avons pas encore vu l'ombre d'une disposition à cet effet, si ce n'est des effets de manche de la part du gouvernement. La deuxième chose, c'est qu'il faut relancer le secteur productif français qui est en décomposition totale et qui va nous condamner à la stagnation dans les prochaines décennies. C'est l'industrie qui, en réalité, a la plus forte capacité d'entrainement et de développement. L'industrie, c'est aussi notre monnaie d'échange avec l'étranger. C'est là-dessus qu'il faut faire des efforts et malheureusement nous n'avons encore rien vu dans ce sens-là.

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