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François Hollande va-t-il changer de politiques économiques.
François Hollande va-t-il changer de politiques économiques.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Le monde des affaires, Pierre Gattaz en tête, a multiplié la semaine dernière les contacts avec l’Élysée pour vérifier la détermination du président à changer de politique. Le rendez-vous ce week-end avec le président du Medef a été rendu public mais il n’a fait l’objet d’aucun communiqué. François Hollande a aussi vu quelques grands patrons visiteurs du soir.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout ce beau monde a acquis trois convictions. La première, que le Président leur a paru complètement déterminer à mener à bien son virage politique vers une stratégie social-démocrate. La deuxième, qu’il est parfaitement conscient que les difficultés viendront de sa propre famille politique et de ses alliés. La troisième, qu’il est décidé à passer en force. Face à la grogne du Front de Gauche et des écologistes, le Président a, dès ce week-end, fait savoir que ceux qui ne voudront pas négocier le virage politique n’avaient qu'à partir du gouvernement.  


Sur le fond, les mouvements patronaux ne le disent pas trop fort mais ils sont tous décidés à appuyer le changement et à signer ce pacte de responsabilité. Depuis le temps qu’ils réclament une baisse des charges sur le travail, ils ne vont pas mettre des bâtons dans les roues. Pierre Gattaz considère que s’il obtient une baisse de la cotisation familiale compensée par des économies de dépenses publiques, on aura déjà fait un grand pas. Les patrons espèrent 5 milliards très rapidement, qui s’ajouteraient aux 10 milliards du CICE. 
Dans la foulée, Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget a dit pendant ce week-end que toutes les baisses d’impôt et de charges seraient financées par des économies de dépenses publiques. Il a donc implicitement invité ses collègues du gouvernement à proposer des économies et cela très rapidement pour préparer soit une loi de finances rectificative, soit la loi pour application 2015. Reste la dimension européenne sur laquelle Bercy va travailler, et qui a pris les Allemands par surprise. Ils ne s’attendaient pas à ce que la France fasse des propositions pour une mutation fédérale, ce qui est pourtant la meilleure garantie pour gérer une politique monétaire qui soit proactive. 
Par conséquence, les promesses faites le 31 décembre seront mises en œuvre très vite et cela va, dès cette semaine, soulever des quantités de problèmes politiques. 
Quel va être le rôle du Premier ministre dans le dispositif de réforme à partir du moment où le Président a mis au placard  la fameuse mise à plat de la fiscalité sur laquelle Jean-Marc Ayrault pensait se refaire une santé ?
Comment va-t-on traiter la fronde des ministres qui ne se reconnaissent pas dans ce virage sociale-démocrate ? Il faudra quand même se décider à régler le compte de Jean-Luc Mélenchon qui, dès ce week-end, est entré en rébellion frontale et a réglé le compte des ministres écologistes.
Comment va-t-on gérer l’opposition des syndicats de fonctionnaires ? Pour l’instant, seul FO a marqué son refus de négocier sur les effectifs. 
Sur tous ces points, les visiteurs du soir ont peu d’indication sauf le sentiment que le Président, cette fois-ci, parait décidé à aller à la bagarre avec ceux qui se mettront en travers de sa route. "Il n’a pas le choix", disent les vrais amis de François Hollande.
Les seuls acteurs qui paraissent rassurés en ce début de semaine, ce sont les marchés. Il faut dire que toute la communication de l’Élysée  est orientée en direction des marchés. C’est aux marchés que le Président a parlé le 31 décembre, c’est encore aux marchés que Bernard Cazeneuve pense quand il confirme le projet de baisse des dépenses publiques. C’est toujours en direction des marchés que l’on laisse fuiter les rumeurs de remaniement, qui reviendrait à inviter les ministres en désaccord à quitter le gouvernement. 
L’Élysée pense avoir perdu les premiers dix-huit mois du mandat par l’incohérence des discours et des actions. Les actions n’étaient plus crédibles et le discours inaudible. Depuis le 31, l’équipe de communicants de l’Élysée veille à la cohérence du discours. "On baisse le coût du travail mais on le finance par la baisse des dépenses publiques." 
Cela dit, si le discours est cohérent, il répond à l’attente des marchés qui vont se détendre cette semaine. Tous les pays européens, à commencer par l’Espagne et l’Italie, vont profiter d’une baisse des taux à 10 ans sur les obligations. Mais à terme, il faudra voir si les actions et les mesures sont aussi cohérentes. Ce n’est qu'à ce prix que l’économie française en profitera. Et là, rien n’est joué.
Les marchés raisonnent à très court terme. Pour l’instant, ils sont plutôt rassurés. Tant mieux pour la dette française. 
Les milieux d’affaires raisonnent à beaucoup plus long terme. Ils attendent donc des preuves. Preuves que les conditions politiques sont réunies pour négocier le changement. Pour l’instant, il n’y a que des intentions et des promesses.    

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