Et si François Hollande changeait de politique en 2014 ? On rêve !<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande.
François Hollande.
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Bonne année 2014, et quelle année en perspective ! Les vœux aux Français de François Hollande pourraient marquer un tournant important dans le quinquennat. Il a changé de discours sur la forme et dans le fond. Cela annonce-t-il un véritable changement dans la gouvernance ? Il ne faut pas rêver non plus.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Dans la forme, il a parlé comme un Président .Un peu arrogant avec ses "je suis, je fais, j’assume". Passons sur les détails qui feront le bonheur des critiques professionnels du théâtre politique. Mais aussi des acteurs de l’opposition et des commentateurs, qui ne manqueront pas de spéculer sur sa volonté de faire une France forte (merci Sarkozy), ni de souligner qu’il reconnaît aujourd’hui que la crise est beaucoup plus forte qu’il ne l’avait pensé. Ils commenteront aussi, qu’à écouter Hollande, son Premier ministre n’existe plus. Ni son rôle, ni sa réforme fiscale. La page est tournée. D’ailleurs, il est seul responsable de ce qui va et le seul coupable de ce qui ne va pas. 

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Sur le fond en revanche, le changement est beaucoup plus sérieux. Le Président a finalement reconnu qu'il s’était planté et qu’il fallait orienter l’action gouvernementale dans une autre direction. Et cette direction, c’est celle dessinée par tous les experts un peu sérieux et responsables. Cette nouvelle politique économique s’articule autour de trois axes qui entraineront, selon le Président, trois séries de réformes.

Première série de réformes, améliorer la compétitivité des entreprises en commençant par la baisse des charges. Le président de la République aurait donc compris que si l’économie française ne créer pas d’emplois, c’est parce que les entreprises n’ont pas intérêt à le faire. Il faudra améliorer l’écosystème des entreprises. Un chef de l’État socialiste qui considère désormais que le ressort de la croissance ce n’est plus la demande mais l’offre, ce n’est pas une réforme c’est une révolution.

Keynes, idole des biens pensants de la droite étatique comme de la gauche sociale, n’aura pas passé l’année. On va pouvoir enfin travailler avec Schumpeter. L’offre, la compétitivité, l’innovation : on va changer de système et de logique.

Deuxième série de réformes, celles qui organiseront la baisse des dépenses publiques et sociales. Le président de la République, lui-même, a annoncé que l'on ne pouvait pas baisser les impôts sans toucher aux dépenses publiques nationales et territoriales. Bref, il reconnait ce que tout le monde dit et crie depuis plus d’un an. L’État doit se replier sur ses fonctions essentielles. Il n’a pas dit fonctions régaliennes car ça n’appartient pas encore au dictionnaire socialiste, mais c’est tout comme.

Pour la première fois, l’État sanctuarisé, par une partie de la droite conservatrice et par la gauche socialisante va donc, selon le Président, être obligé de travailler mieux pour moins cher. L’État va devoir réduire son périmètre. Là encore ce n’est pas une réforme, c’est une révolution.

Troisième série de réformes : celles qui devraient renforcer la cohésion des pays de la zone euro. Selon François Hollande, la France va prendre des initiatives fortes afin de conforter la gouvernance européennes. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, si le chef de l’État est cohérent avec son projet, il admet que la BCE ne pourrait être efficace pour animer la croissance que si elle rapportait à un gouvernement politique européen. Par conséquent, fini de critiquer de façon démagogique l’action de la BCE, fini de prendre les Allemands pour des bouc-émissaires. Il va falloir les considérer comme des partenaires avec lesquels on va construire une autorité politique fédérale capable d’harmoniser. La logique de ce projet est aussi de respecter un code de bonne conduite. D’où la recherche de compétitivité et la baisse des dépenses publiques.

Le programme Hollande pour 2014 est absolument cohérent au niveau économique. Son timing est d’ailleurs logique. Il doit lancer tous ces chantiers avant la fin du mois de janvier. Parce qu’après, -dès février - on commencera à travailler sur la loi de finances 2015 et il sera trop tard. On retrouve là, la contrainte mise en évidence par Jacques Attali, dimanche dernier sur I>TÉLÉ et Europe 1 : « le Président doit lancer un programme ambitieux de compétitivité, de réduction des dépenses publiques et de fédéralisme européen pour protéger l’euro, sinon il aura du mal à terminer son mandat ». C’est dur mais lucide.

L’urgence implique donc d’avoir des précisions sur les réformes projetées. Et là ce n’est pas gagné. Le président de la République a programmé une conférence de presse explicative vers le 15 janvier. A voir ce qu’il en ressortira. Le programme Hollande pour 2014 n’a, pour l’instant, aucune majorité politique. Dès la semaine prochaine, tous les lobbies qui défendent la fonction publique vont se mettre en tenue de combat. Les syndicats de la fonction publique, la gauche de la gauche, les écologistes et une grande partie des députés socialistes dont le cœur de clientèle appartient à la sphère publique. Tout ce beau monde va défiler à l’Elysée pour bloquer les réformes.

On peut rêver d’un président de la République qui aurait décidé d’être courageux et même politiquement téméraire. On peut l’imaginer capable d’affronter l’impopularité et même de rendre cette impopularité utile. Mais peut-on l’imaginer suicidaire ? Lui peut être, mais ses amis ? Il ne faut pas rêver.

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