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Plafond de la dette américaine et demande intérieure chinoise : les grands défis économiques que le monde devra relever en 2014
©Reteurs

Un monde à venir

Si certains prévoient déjà une sortie de crise généralisée, l'année 2014 sera malgré tout chargée en grands défis économiques aussi bien des deux côtés de l'Atlantique qu'en Chine et plus généralement chez les émergents. Ainsi, Jean-Paul Betbèze fait pour Atlantico le bilan de l'année, de ses prévisions passées et nous livre ses analyses pour le futur.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Pour tourner la page de 2013, je relis pour Atlantico ce que j’écrivais comme prévision pour 2013 et publiais le 3 janvier 2013J’avais à l’époque parlé des 6 risques économiques pour 2013, exercice auquel je me livre de nouveau pour 2014. Les revoilà :

Risque 1 pour 2013 : « la falaise américaine…. les marchés financiers se disent que tout va bien se passer ». De fait, les autorités politiques et surtout monétaires américaines ont bien joué, surtout à la fin de l’année. Ainsi, les dernières semaines de décembre ont mis en œuvre un début de normalisation des politiques monétaires qui s’est bien passé. Les achats de bons du trésor devraient diminuer graduellement, les taux longs monter un peu, et surtout le dollar s’apprécier.

Risque 2 : « l'implosion japonaise.Où va le Japon ?...Pour en sortir, les autorités cherchent la croissance et l'inflation, les deux par une politique monétaire hors norme, sachant qu’elles ont déjà réduit les impôts des entreprises et des ménages, alimentant ainsi la dette publique. » De fait, les autorités japonaises ont joué, et jouent, gros jeu. Fondamentalement, en tentant de faire remonter les anticipations d’inflation et en prenant le risque de baisse du dollar, c’est un traitement de choc qui est en jeu. Jusqu’à présent, tout tient. Le secret : l’incroyable résilience de la population et aussi, ne l’oublions pas, la qualité de ses entreprises et de leur ingénierie.

Risque 3 :«Les tensions autour de la Chine et des pays émergents. La demande interne de consommation est encore trop faible, ce qui implique que ce pays doit changer de modèle, non seulement par des augmentations de salaires ce qui se produit, mais par une consolidation des revenus dans le temps, avec des retraites et des systèmes d’assurances et de soins efficaces. » C’est bien ce qui est en train de se passer, mais on voit les problèmes de cette mutation. De fait, la Chine prépare son ralentissement et sa mutation avec une économie davantage pilotée par la demande interne. Mais ceci prendra du temps, avec des risques nouveaux.

Risque 4 : «L’Angleterre, dedans ou dehors ?L’Angleterre est géographiquement en Europe, stratégiquement aux Etats-Unis, financièrement en Asie, politiquement à Londres. » Très honnêtement, c’est toujours vrai ! L’Angleterre continue de jouer le grand écart, union bancaire, budget européen, et elle continue de bien le jouer.

Risque 5 : « La zone euro, sauvée ou rafistolée ? La Grèce va un peu mieux, puisqu’elle vient de recevoir des milliards d’aides, comme l’Espagne. L’Italie joue un jeu politique pour faire reculer le populisme et s’engager dans une décennie d’ajustement. » Et oui, et les rafistolages continuent, avec cependant un grand mouvement, très positif, vers l’union bancaire.

Risque 6 : « La France va devoir se dire quelques vérités. La France a surestimé la croissance 2012-2013, car elle a sous-estimé la profondeur de la crise. La réduction du déficit public ne peut venir de la hausse des impôts mais de la croissance, et celle-ci est opposée à celle-là. Il faudra donc réduire la dépense publique, ce qui a été annoncé mais reste à faire, et remonter la compétitivité des entreprises, ce qui reste à faire aussi. » Ceci, malheureusement, reste toujours vrai… avec quand même l’idée que la France fait des progrès. Ayant exploré toutes les mauvaises voies, elle se lance vers la réduction des dépenses publiques, c’est le tout début, et vers le nécessaire renforcement du CICE.

Au fond, l’exercice de prévisions de 2013 a tenu. Ceci donne quatre leçons et annonce quatre risques pour 2014 :

1) La première leçon est que la sortie de crise des pays industrialisés sera lente et compliquée. Les Etats-Unis sont les premiers entrés dans la crise, ils en sont les premiers sortis. Mais leur mutation n’est pas achevée, avec une économie plus industrielle, plus recentrée sur elle-même, avec des problèmes politiques et sociaux qui peuvent conduire à un grave blocage. Obama campe sur l’amélioration de la politique de soins (Obamacare), ses opposants sur la liberté de choix et la réduction de la dépense publique. Le plafond de la dette est le lieu de rencontre de cette opposition, rendez-vous en février 2014 ! C’est le risque US 2014 : le risque du plafond de la dette.

2) La deuxième leçon est que tous les pays vont changer, non seulement les industrialisés mais aussi les émergents, passant vers des économies plus animées par la demande interne. Ceci n’est pas une mauvaise nouvelle pour la zone euro mais c’est le risque Chine 2014 : celui des modalités du passage à une économie de demande interne, avec le ralentissement qui va avec pour cet immense pays.

3) La troisième leçon est que la zone euro a résisté et passé le pire. En même temps, elle s’engage vers des politiques bancaires et financières plus complexes et plus importantes. Bien sûr, il va y avoir le référendum sur l’Ecosse et sur la Catalogne, avec leurs secousses. Mais nous ne croyons pas à des explosions, ni de l’Union, ni de la zone. Le risque 2014 est celui des conditions de passage d’une union bancaire (sur les rails) à une union économique plus forte, pour accroître la compétitivité par des efforts conjoints, notamment en matière fiscale.

4) La quatrième leçon est que la France a joué les prolongations en 2013 mais qu’elle est frappée d’une double crise. Au nord, l’Allemagne est toujours puissante, au sud, l’Espagne surtout et l’Italie remontent la pente et font des pressions sur la compétitivité coût. Le risque 2014, c’est que la France continue d’attendre et de tergiverser. Cette fois, les marchés financiers auront du mal à comprendre. Ceci d’autant plus que changer aujourd’hui est moins risqué qu’hier !

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