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Les mots clés de l'économie en 2014 (3/5) : krach obligataire, le risque en 2014
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Quelques mots et expressions vont baliser l’année 2014. Ils correspondent à une situation en voie de réforme et répondent à une nouvelle économie qui émerge de la crise. Aujourd'hui, le krach obligataire. Il va obséder tous les décideurs et responsables politique au cours de cette année 2014, plus particulièrement au premier semestre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Un krach obligataire, c’est quoi ? C’est la perspective d’un blocage complet du marché des emprunts pour cause de hausse des taux d’intérêt. Dans ce cas, l’État se retrouve du jour au lendemain sans pouvoir se refinancer. Les banques sont paralysées et, plus grave encore, les sociétés d’assurances qui sont bourrées d’emprunt d’État ne peuvent pas faire face à la hausse des taux. Donc elles s’étouffent et, avec elles, toutes les caisses de retraites qui sont investies en emprunts d’État. 

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Actuellement le système tient en équilibre parce que les taux d’intérêt sont très bas : 1,5% maximum avec des taux de base de la BCE de 0,25%. C’est une aubaine pour tout le monde. L’État et les entreprises. Les seuls victimes dans cette affaire sont les épargnants dont l’épargne ne rapporte rien. 

Les taux sont très bas pour deux raisons :

La première, c’est qu’il y a énormément de liquidité dans le monde. Les banques centrales américaines, japonaises, britanniques et même chinoises émettent énormément de monnaie contre des actifs un peu douteux parfois mais n’empêche que l’économie ne manquera pas de carburant. Cet argent vient aussi s’investir en Europe. 

La deuxième raison, c’est que la France offre des garanties aux investisseurs. D’abord, la France est encore réassuré par l’Allemagne qui nous prête son triple A pour que l’on puisse signer les contrats de dettes. Ensuite, la France a la réputation auprès des investisseurs de payer correctement ses impôts. Il est vrai que les Français sont, comme les Allemands, très civiques. Ils paient leurs impôts sans trop grogner ou frauder. Ce n’est pas le cas des Grecs, des Italiens ou des Espagnols.

Cela étant, la conjugaison de tous ces facteurs pourrait ne pas fonctionner indéfiniment. Il suffirait que l’un fasse défaut, il suffirait que la banque centrale américaine ferme son robinet à liquidité pour que le système s’enraye. 

La France aura besoin d’emprunter, durant l’année 2014, plus de 174 milliards d’euros. Il suffirait que les taux augmentent de 1 % pour que l'on aille dans le mur et que l'on soit en cessation de paiement.

Fin 2013, en décembre, le marché de la dette s’est tendu. Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a terminé en hausse à 1,86% sur le marché secondaire contre 1,81%. L’écart peut paraitre faible mais appliqué sur un total de 1000 milliards, ça représente un surcoût de 500 millions d’euros. Ce n’est pas rien.Le taux d’emprunt à 10 ans pour la France a également progressé à 2,44% contre 2,42%. Le différentiel s’applique en France à une masse de dettes encore plus importante. Même tendance mais plus sérieuse dans les pays fragiles : en Italie, les taux sont passés à 4,42%, en Espagne à 4,18%.

L’évolution de ce marché obligataire européen est donc désormais placée sous surveillance étroite de toutes les gouvernances qui sont désormais en état d’alerte. Pourquoi ? Tout simplement parce que si cette fièvre persiste, il va arriver un moment où les pays fortement emprunteurs comme l’Italie, l’Espagne et la France ne pourront plus supporter le poids de leur dette. Le monstre de la dette va se réveiller. 

Si la France a tenu en équilibre jusqu’à maintenant, si elle peut se permettre de vivre sans engager des réformes qui seraient douloureuses, c’est parce qu’elle trouve de l’argent à des prix bas. Si les prix des emprunts augmentaient, si les investisseurs où les marchés considéraient que certains pays de la zone euro devenaient plus risqués, les taux remonteraient et la situation financière de la zone euro pourrait se bloquer comme en 2011.

A ce moment-là, ce n’est plus la Grèce qui serait au centre du cratère financier mais la France. Et la France, c’est 60 millions d’habitants, c’est l’un des deux pays sur lesquels l’Europe tient en équilibre.

Ce regain de tension est aujourd’hui dû essentiellement à la crainte qu'ont les marchés de voir les banques centrales durcirent leur politique monétaire.

Tout a démarré aux États-Unis en début du mois de décembre avec des chiffres de croissance et de créations d’emplois meilleurs que prévus. Pour beaucoup d’observateurs, l’économie américaine a retrouvé son dynamisme et sa performance. Du coup, tous les analystes financiers ont conclu que la FED, la banque centrale américaine, allait cesser sa politique d’injection monétaire. En clair, beaucoup se disent que l’Amérique va enlever les perfusions qui ont boosté son activité.

Mais, les mêmes considèrent que l’économie américaine aura du mal à supporter un arrêt brutal de la drogue monétaire. D’où la chute de Wall-Street, qui entraine dans son sillage la chute des autres marchés mondiaux. 

On arrive à ce paradoxe difficile à comprendre. L’économie va mieux mais la bourse dégringole. Elle dégringole parce que beaucoup pensent qu’elle ne sera plus soutenue.

En Europe même phénomène. La BCE a maintenu son principal taux d’intérêt directeur au niveau historiquement bas de 0,25%. Mais, Mario Draghi a été d’une prudence extrême quant à la politique monétaire. Très langue de bois contrairement à sa culture Italienne, il s’est gardé de tout laxisme.

Beaucoup y voit une reprise en main par les Allemands qui ont très peu apprécié les générosités du passé. Du coup, beaucoup se disent que la politique monétaire en Europe va aussi se resserrer, ce qui n’est pas bon pour les économies qui n’ont pas achevé leurs restructurations comme la France.

Beaucoup se disent également que la zone euro na va pas attraper le train de la reprise, d’où la remontée des taux d’intérêt obligataire. Le risque d’un krach n’a donc pas disparu. Au contraire, avec cette fois-ci, dans l’œil du cyclone les pays qui en Europe n’auront pas réussi à assainir leurs finances publiques.

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