Ce que les cadeaux les plus offerts ce Noël disent de nous

Atlantico : Amazon a enregistré d'excellentes ventes en cette période de noël : 36,8 millions d'articles ont été achetés lundi 23 décembre, soit 426 par secondes ! Aux Etats-Unis, une machine à glaçons ronds ou encore une paire de boucles d'oreilles en argent avec des fleurs violettes ont été parmi les articles les plus vendus. Quelle a été la tendance en France ? Quelles sont les articles au top des ventes cette année ? Peut-on établir un classement ?

Christophe Benavent : Même s'il est compliqué de donner des chiffres aussi précis qu'Amazon aux Etats-Unis, disons que l'électronique (Smartphone et Tablettes) a été offerte par millions. Les livres et BD restent un top, Asterix est très certainement en tête (plus de 70 000 albums ont été écoulés la semaine précédente), sans compter le sempiternel Goncourt. Les jouets gardent toujours une place de choix, que ce soit Playmobil pour les enfants, ou le scrabble pour les plus grands.  Mais le plus spectaculaire est sans doute la montée en puissance des cartes cadeaux.

Les achats de cadeaux reflètent-ils la personnalité des acheteurs ou arrivent-ils à se détacher et à sélectionner exclusivement  selon les goûts du bénéficiaire ?

Avec un peu de méchanceté on pourrait dire qu'ils reflètent leur absence de personnalité ! C'est bien toute la difficulté et une source d'anxiété majeure que de deviner ce que les autres vont aimer.  Cela demande attention et empathie, et c'est d'autant plus difficile que les destinataires nous sont éloignés physiquement et psychologiquement. Et cela pèse sur les stratégies des consommateurs qui se réfugieront dans le classique ou le pratique. Une autre tactique est effectivement lorsqu'on a une forte estime de soi, de s'appuyer sur ses propres goûts et de laisser dans nos choix notre empreinte. Le cadeau et son échange, sont un véritable langage et il y passe tout ce que l'on a envie de dire.  Enfin, on comprend la dynamique des cartes-cadeaux qui résolvent en grande partie le problème du goût et des erreurs de goût.

Les achats en ligne reflètent-ils la situation économique actuelle ? Les internautes limitent-ils leurs dépenses de Noël à leurs moyens ?

En grande partie oui, car l'achat en ligne  s'est largement popularisé. Mais on doit garder en tête que parmi les plus modestes, ceux dont les revenus sont inférieurs à 1 000 euros, les taux d'équipements sont éloignés des plus aisés (de l'ordre de 60 % contre quasiment 100 %). La population des internautes est ainsi sans doute un peu plus riche que l'ensemble de la population. Quant à leurs comportements, manifestement les paniers d'achat se sont réduit. En attendant d'avoir des chiffres clairs et précis, un certain nombre de signes manifestent une plus grande frugalité. La revente des cadeaux en est un des plus évidents, ainsi que les achats d'occasions. Mais Noël reste une grande fête de la consommation au service du toilettage de nos liens sociaux et familiaux. Il y aura eu sans doute cette année un peu moins d'ostentation et une approche un peu plus raisonnée.

Propos recueillis par Marianne Murat