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Quel potentiel ont vraiment les drones pour améliorer notre quotidien ?
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Un drone qui a du nez !

Après avoir fait parler d'eux grâce à la société Amazon, les drones civils s'invitent dans le domaine viticole. Focus sur un instrument en pleine expansion dont les possibilités semblent infinies.

Edouard Guilhot

Edouard Guilhot

Edouard Guilhot est le Vice-Président de Workfly, concepteur et constructeur de drones civils.

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Atlantico : Les drones civils ne cessent de se développer. Après Amazon, c'est à Bernard Magrez, vigneron et homme d'affaires, de faire parler de lui.  Propriétaire de quarante domaines à travers le monde, il compte commercialiser d'ici à 2015 des drones permettant de mesurer la maturité du raisin et leur besoin en eau. S'agit-il d'une révolution à l'échelle agricole ?

Edouard Guilhot Il me semble qu'une révolution est un événement brutal, soudain, ou un événement qui change beaucoup la façon de vivre ou de travailler des gens. En ce sens, non, le drone ne va pas tout révolutionner. Il y a 10 ans, Michel Guilhot, aujourd'hui Président de Workfly,  annonçait qu'au Japon des centaines de drones avaient déjà commencé (Yamaha à l'époque) à réaliser l'épandage agricole à la place des hélicoptères. Les autorités françaises avec l'ANVAR (aujourd'hui OSEO avec BPI-France) n'y croyaient pas, et la plupart des investisseurs ne croyaient pas à la technologie "drone civil" ou à un marché aussi grand que celui qui se prépare.  Petit à petit dans les années à venir, les drones seront utilisés de plus en plus et deviendront donc de moins en moins chers à utiliser, d'autant que le nombre d'applications agricoles va continuer à augmenter : topographie des terrains, hydrométrie, épandage, analyses et mesures diverses de manière à mieux gérer, anticiper et optimiser l'agriculture.

Dans quels autres domaines les drones civils pourraient-ils faire leur entrée prochainement ?

 De même, il y a environ 10 ans, des tests ont commencé avec de petits hélicoptères radioguidés utilisés pour tenter d'inspecter le pont de Saint-Cloud, mais globalement cette solution, possible, demande une expertise en pilotage et reste dangereuse. Puis ce fut au tour des ballons radioguidés, mais la solution est trop sensible aux vents et surtout aux rafales très soudaines et changeantes en basse altitude. D'ailleurs, cela reste le plus gros problème des drones actuels, y compris pour les technologies plus récentes telles que les drones multi-rotors, car cela les rend fragiles. Ils représentent une solution intéressante en terme de rapport qualité-prix a priori, mais leur manque de fiabilité baisse la rentabilité de l'exploitation des téléopérateurs.

Les drones contrarotatifs sont plus réactifs dans les rafales et consomment moins d'énergie, ce qui leur donne plus de fiabilité. Et là aussi en rajoutant des capteurs et caméras diverses et les logiciels qui vont bien, pour peu que la technologie des batteries continue de s'améliorer, les drones civils vont petit à petit s'intégrer dans la vie civile. C'est déjà le cas pour les films ou la photographie aériennes (touristiques, publicitaires, cinéma...), pour les photos de chantiers, et de nombreux secteurs testent ces technologies pour les pompiers, la sécurité civile (suivi de véhicules suspects, gestion d'intrusions, recherche d'une victime ou d'un suspect, aide à l'analyse des risques, surveillance des foules ou territoires...), les métiers du BTP : topographie, relevés thermographiques de précision (contrairement aux moyens traditionnels), ortophoto, reconstitution 3D, optimisation de l'exploitation des carrières, inspection d'ouvrage d'art, d'infrastructures intérieures ou extérieures etc.

Plus tard, quand la législation le permettra, les drones livreront automatiquement, que ce soit pour la livraison de proximité ou pour les livraisons d'urgence, les petits comme les gros colis. Une fois les drones extrêmement fiables, intégrant toutes les sécurités déjà imaginées, voire déjà existantes, la population s'habituera à en voir de plus en plus. D'une génération à l'autre, on peut parler de révolution. D'un jour à l'autre, d'un mois à l'autre, je n'irai pas jusque-là. Internet a mis 20 ans pour s'implanter partout, les drones civils professionnels iront plus vite pour s'imposer comme une solution, mais il n'y a pas qu'eux...

Le développement des drones risque-t-il d'impacter l'emploi ? Tendent-ils à remplacer progressivement les hommes ?

Comme toute technologie, la robotisation est source d'emploi pour ceux qui la conçoivent ou la fabriquent, mais pour les tâches peu qualifiées, elle supprime des emplois. Mais franchement, quels sont les pays qui s'en sortent le mieux ? Ceux qui sont à la pointe de la technologie ou ceux qui s'y opposent ? On peut tout aussi bien retourner à son potager personnel, élever des poules et passer sur des petits ponts de bois... A l'opposé, vous avez des films et des dessins animés qui montrent bien jusqu'où l'imagination des hommes nous guide, d'abord dans l'imaginaire, puis, en générale dans la réalité. C'est ma conviction.

La législation va probablement et logiquement faciliter davantage les interventions des drones sérieux et contraindre les constructeurs à plus de sécurité pour les drones eux-mêmes et pour leurs utilisations ou en fonction des applications. Bref, cela va certainement évoluer, dixit le représentant de la DGAC lors de l'assemblée annuelle de la Fédération. Alors oui, les drones, autant que les robots, vont remplacer les tâches réalisées par les humains pour leur permettre de prendre toujours plus de temps pour eux-mêmes !

Le phénomène des drones va-t-il s'étendre aux particuliers ? Quelle en serait l'utilité ?

Oui. Le drone s'étendra de toute évidence aux particuliers. C'est déjà le cas d'une certaine façon avec les avions les plus récents des grandes compagnies puisque presque tout est automatisé, et donc, à peu de choses près, ce sont des drones. Mais bientôt vous verrez à la vente aux particuliers, de plus en plus souvent, des engins volants robotisés, déjà sous forme de prototypes pour certains, à venir dans les 2 à 5 ans pour plusieurs d'entre eux, vous permettant facilement et rapidement de voler d'un point A (votre jardin ?) à un point B (le parking de votre bureau ?).

C'est déjà quasiment possible avec la législation sur les ULM mais les anciennes technologies n'étaient pas adaptées pour un transport quotidien, elles ne l'étaient essentiellement que pour les loisirs. La grosse différence réside dans le fait que vous êtes censé piloter votre ULM pour voler alors que par définition, un drone s'autopilote, il faudra donc peut-être conserver "les mains sur le volant"... autant que pour conduire votre voiture dont la vitesse est régulée et qui pour certains prototypes (exemple, la "Google car") se conduisent toutes seules en tenant compte de nombreux paramètres naturels. L'utilité est donc de pouvoir se déplacer rapidement, facilement et en toute sécurité dans les airs au quotidien. Cet article participe à permettre aux gens de s'habituer à cette idée imaginaire qui va devenir réalité petit-à-petit.

Selon vous, à quoi ressemblera l'économie des drones civils d'ici à 2020 ?

Les drones vont révolutionner la vie des gens, non pas du fait des drones professionnels qui vont s'inscrire petit à petit dans le paysage mais grâce auxquels nous aurons le retour d'expérience de ce qui est fiable et sûr, de ce qui ne l'est pas, mais grâce aux drones civils pour les particuliers.

Les drones civils professionnels sont une étape préliminaire importante pour apporter la sécurité qui convient à ce type de technologie. Il faut par exemple travailler encore sur des logiciels de gestion de pilotage automatique permettant de gérer les règles entre drones ainsi qu'en tenant compte d'autres éléments habituels (oiseaux, ULM, tours, montagnes...).

Depuis 16 ans que je travaille avec mon père sur des projets de nouvelles machines volantes innovantes, bien avant les drones de Workfly mais déjà sur des concepts contrarotatifs, nous rêvons de ce monde dans lequel nous pourrons nous déplacer en "voiture volante automatisée", donc en drone. Pour ceux qui expérimentent les prototypes, ce sera avant 2020, pour quelques privilégiés aussi probablement, mais pour le citoyen lambda, je pense qu'il faudra attendre 10 à 20 ans de plus en fonction des règles, des modèles, des parkings adaptés, des réseaux de maintenance, et de l'avancée d'autres technologies, dont les batteries et les énergies renouvelables... et la boucle sera bouclée, et le rêve réalité !

Propos recueillis par Marianne Murat

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