La génétique rend-elle toute égalité illusoire? Partie 3 : Face à la maladie et à la mort <!-- --> | Atlantico.fr
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Face aux différentes maladies et autres rhumes, tout le monde n'est pas armé de la même manière.
Face aux différentes maladies et autres rhumes, tout le monde n'est pas armé de la même manière.
©Reuters

Allô docteur ?!

Troisième épisode de notre série sur les liens entre l'égalité sociale et la génétique. Face aux différentes maladies et autres rhumes, tout le monde n'est pas armé de la même manière. Système immunitaire performant ou défaillant, celui-ci dépend généralement de l'interaction entre facteur génétique et facteur environnemental.

Pierre  Roubertoux

Pierre Roubertoux

Pierre Roubertoux est professeur de génétique et de neurosciences à Marseille. Il a créé et dirigé le laboratoire "Génétique, neurogénétique, comportement" du CNRS et a travaillé au laboratoire "Génomique fonctionnelle, comportements et pathologies" du CNRS, à Marseille. Il mène aujourd'hui ses recherches au sein du laboratoire de génétique médicale de l'Inserm.  Ses travaux sur la découverte de gènes liés à des comportements lui ont valu le prix Theodosius Dobzhansky, aux États-Unis.

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Atlantico : Sur le plan de la santé, nous sommes loin de pouvoir nous positionner sur un pied d'égalité: certains sont toujours enrhumés, quand d'autres ne sont jamais malades. D'où vient notre plus ou moins grande fragilité ? S'explique-t-elle en partie par les gènes, l'hérédité ?

A lire sur le même sujet:La génétique rend-elle toute égalité sociale illusoire ? Partie 1: les défis pour l'éducation et  La génétique rend-elle toute égalité sociale illusoire ? Partie 2: les champions, ces mutants

Pierre Roubertoux : Deux facteurs expliquent notre plus ou moins grande fragilité : un facteur génétique et un facteur environnemental. En effet, certains d'entre nous ont bénéficié d'un patrimoine génétique solide et donc d'un système immunitaire résistant. Dans le cas des personnes souffrant de troubles digestifs, on remarque qu'elles ont des problèmes au niveau des sucs digestifs, du fonctionnement de leurs intestins et de leur estomac. Aussi, l'asthme, l'intolérance aux poils de chats ou au pollen, s'expliquent par ce facteur génétique.

En outre, il y a une corrélation entre génotype et environnement :des aspects environnementaux nous fragilisent. C'est le cas avec les rhumes ou les angines. Les deux facteurs jouent dans certains cas mais ils ne sont pas indépendants.

Peut-on expliquer la vulnérabilité chez certaines personnes par le fait qu'elles auraient des gènes en moins, ou qui ne s'exprimeraient pas ? Comment cela fonctionne-t-il ? 

Le phénomène qui entre en jeu est la mutation, c'est-à-dire qu'un gène va produire une mauvaise protéine qui fonctionnerait mal, voire pas du tout. Et même, il arrive que des gènes ne produisent aucune protéine.

Sur le plan psychiatrique,  quel rôle les gènes jouent-ils ? Autisme, dépression, hyperactivité… tout peut-il être rattaché, ou au moins en partie, aux gènes ?

L'autisme n'existe pas en tant que tel, c'est un ensemble plus ou moins indépendant de maladies génétiquement rares. Certains scientifiques ont dénombré  jusqu'à 200 gènes impliqués dans cette maladie. En ce qui me concerne, je considère que ce sont 70 gènes qui sont impliqués. Pour l'autisme, la recherche n'a pas encore mis en évidence des facteurs environnementaux.

En revanche, la dépression est composée de facteurs génétiques, environnementaux et climatiques. En effet, on a observé des déficits au niveau des gènes codes chargés de la réception de la sérotonine (la neuro-hormone du bonheur). De plus, certains événements malheureux, ainsi que le manque de luminosité – c'est ce qui a été observé dans les pays nordistes –  peuvent provoquer une dépression.

Pour ce qui est des troubles de l'attention, des gènes interviennent dans tout le métabolisme de la dopamine. Des facteurs d'environnement créent aussi ces troubles de l'attention comme le stress, l'alcool et le manque de sommeil.

L'humanité a vécu pendant des millénaires dans une absence cruelle de tout médicament, vaccin ou simples règles d'hygiène. Cela signifie-t-il que nos ancêtres qui parvenaient à l'âge adulte étaient les plus résistants ? De cette sélection naturelle, un modèle humain plus résistant a-t-il pu éclore, génétiquement plus performant, et dont nous serions la continuité ?

Nous sommes les descendants des survivants, et donc des plus résistants. Il y a certainement une foule de pathologies qui ont été éliminées par éradication de leur propre porteur. Il est vraisemblable que les myopathies étaient beaucoup plus fréquentes auparavant.

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