Le FN crédité de 9% des intentions de vote à Paris : ces milieux dans lesquels il est en train de réussir une percée inédite<!-- --> | Atlantico.fr
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Le FN espère atteindre les 10 % dans les XVIIIe, XIXe, XXe et dans les très bourgeois XIVe, XVIe et VIIe arrondissements de Paris.
Le FN espère atteindre  les 10 % dans les XVIIIe, XIXe, XXe et dans les très bourgeois XIVe, XVIe et VIIe arrondissements de Paris.
©Reuters

Paris a deux FN

Selon un sondage Ifop, le FN est crédité de 9 % des intentions de vote à Paris, soit trois fois plus que les 3 % obtenus lors des municipales de 2009.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop, le FN est crédité de 9 % des intentions de vote à Paris. Comment expliquez-vous cette percée inattendue dans la Capitale ?

Xavier Chinaud : Mesurer le potentiel électoral du FN  par sondages est difficile, relève d’un certain aléatoire, et est donc imparfait. Toutefois ces études permettent de dégager quelques idées :

Faisant son miel de tous les rejets et des peurs, le FN peut attirer aussi bien un électorat socialement défavorisé se ressentant dans l’abandon, qu’un électorat jeune ayant toujours vécu dans un paysage politique dont l’extrême droite fait partie et est peu sensible aux références nationales-socialistes passées, ou qu’un électorat plus âgé, bourgeois, privilégié mais inquiet et ne se retrouvant plus dans l’UMP d’aujourd’hui.

Les scores réalisés par l’extrême droite montrent, pour simplifier, qu’ au-delà de son noyau dur, en fonction des situations il se voit renforcé d’électeurs issus de la gauche comme de la droite. La porosité entre les électorats "classiques" et le FN a progressé des 2 côtés de l’échiquier politique et les défaites  de l’UMP comme la faiblesse de la majorité actuelle contribuent à la veille des municipales à nourrir ces études.

Une percée ne se mesure pas dans un sondage mais dans un vote, il n’y a donc aujourd’hui pas plus de percée que d’inattendu dans la capitale dans le fait que le FN comme partout ailleurs soit en progression par rapport à 2008.

Le FN espère même atteindre  les 10 % dans les XVIIIe, XIXe, XXe et dans les très bourgeois XIVe, XVIe et VIIe arrondissements. Qu'est-ce que cela révèle de la sociologie de l'électorat FN à Paris ? Les observateurs ont beaucoup parlé de la percée du Front dans l'électorat populaire. Réalise-t-il également une percée dans la bourgeoisie particulièrement à Paris ?

Dans le nord-est parisien, quartiers populaires, à forte concentration de difficultés, une augmentation des scores du FN aux prochaines municipales par rapport à 2008 est très probable. Ses candidats passeront ils la barre des 10 % pour se maintenir au 2eme tour ? rien n’est certain à 100 jours de l’élection.

Chaque élection est différente et il ne faut jamais oublier qu’à Paris ce sont 20 élections dont la situation locale diffère, en fonctions des actions et implantations passées et présentes des acteurs politiques aussi.

L’électorat potentiel du FN est divers et ne se cantonnant pas au seul vote de ceux qui souffrent ou désespèrent, le fait qu’un sondage donne des chiffres favorables à l’extrême droite dans un électorat "CSP+" et / ou bourgeois n’est pas une nouveauté, récemment encore le JDD faisait état d’une mesure à 8 % dans les XIVème et XVème arrondissements de Paris.

Si Paris est électoralement une ville à part, Il n’y a pas d’électorat spécifique du FN à Paris, la défiance vis-à-vis de la classe politique, l’usure de certains, les divisions, les reports en cas d’élimination de tel ou tel entre les deux tours, joueront sur le même mode que partout ailleurs, même si dans Paris le réflexe de vote pour des raisons nationales est plutôt plus élevé que dans des communes plus petites où les questions locales dominent.

Alors que NKM tente de s'adresser à un électorat "bobo" , la droite traditionnelle se sent-elle orpheline ? 

NKM ne s’adresse pas qu’à un électorat "bobo" mais tente logiquement d’élargir la base UMP, et si la droite classique s’interroge parfois cela me semble d’avantage lié à d’autres raisons :

Sur le plan national, l’UMP n’est pas encore parvenue à incarner une alternance crédible et une formation mature capable de dépasser son échec présidentiel.

Sur le plan parisien, un électeur dont la trajectoire de vote se situe à droite peut avoir de légitimes interrogations :

 - inscrit dans un arrondissement du nord-est parisien il peut avoir le sentiment que le discours de la droite parisienne depuis des années est particulièrement éloigné de sa réalité et plus axé vers les "privilégiés de l’Ouest", il a vu venir puis repartir bien de ceux que la droite investissait élection après élection et entend tous les jours que son arrondissement n’est pas décisif pour l’UMP, et donc secondaire.

- Inscrit dans un arrondissement de l’Ouest, il assiste paisiblement aux divisions, aux calculs et au match des ambitions personnelles.

NKM a son style et sa personnalité, elle a choisi le rassemblement au centre,  si son parcours est semé d’embûches, parfois même par ses propres amis, la campagne ne fait que commencer et les électeurs de l’opposition savent que le candidat FN n’a aucune chance de devenir maire de Paris.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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