Pourquoi l'acidification des océans pourrait, à terme, coûter des milliards d'euros à la planète<!-- --> | Atlantico.fr
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La disparition de certaines espèces marines va provoquer un bouleversement de l'écosystème et de grandes pertes financières.
La disparition de certaines espèces marines va provoquer un bouleversement de l'écosystème et de grandes pertes financières.
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SOS planète en détresse

Selon la communauté scientifique, les océans seront 170% plus acides en 2100 qu'avant la révolution industrielle.

Des milliards d'euros, peut-être plus. C'est ce que pourraient potentiellement coûter les répercussions de l'acidification des océans. Un rapport produit par des océanographes réunis en 2012 à Monterey (Californie) dans le cadre d'un sommet fait état des inquiétudes liées à ces changements, dangereux pour la nature et catastrophiques pour l'homme. La presse s'est même récemment faite le relais d'un chiffre : l'acidification des océans pourrait se chiffrer à mille milliards d'euros en un siècle. Une estimation à laquelle Jean-Pierre Gattuso, coorganisateur du sommet de Monterey, n'apporte pas de crédit : "Il y aura un impact économique évident mais, à ma connaissance, aucun calcul n'a permis d'établir un tel chiffrage".

Ce qui est sûr, en revanche, c'est que près de 540 millions de personnes qui dépendent de la pêche vont, à terme, souffrir de la disparition des poissons, des mollusques et des coraux. - bien qu'une étude datant de 2007 démontre une relative résistance de ces derniers à l'acidification. Le phénomène n'est pas nouveau mais s'accélère. Depuis la révolution industrielle, l'océan gagne en acidité en raison de l'augmentation des émissions de carbone. Cette saturation empêche désormais les océans d'absorber les émissions aériennes de dioxyde de carbone - ils en absorbent environ un quart, actuellement. Selon les estimations des scientifiques, les océans seront 170% plus acides en 2100 qu'ils ne l'étaient avant la révolution industrielle - l'acidité des eaux a déjà augmenté de 30%, atteignant un niveau inégalé depuis au moins 55 millions d’années. Une évolution qui devrait accélérer la vitesse du changement climatique à venir.



Les premières espèces à souffrir de cette lente catastrophe sont les organismes qui vivent dans des coquilles dures ou des exo-squelettes coralliens, tels que les mollusques et les crabes. La pêche des mollusques représenteraient à elle seule une perte de 130 milliards de dollars. C'est sur la base de cette estimation que les scientifiques chiffrent à mille milliards de dollars les pertes éventuelles.

La communauté scientifique n'est cependant pas en mesure de prédire quelle sera la réaction de l'écosystème face à cette acidification des océans. L'Australie devrait, par exemple, être épargnée d'une invasion de méduses irukandji, qui ne vit uniquement dans le nord du Queensland, grâce à la montée en acidité de la mer. Il est en outre impossible de savoir quelles espèces vont survivre et lesquelles vont périr. Une chose reste cependant certaine : il sera extrêmement difficile de revenir en arrière une fois ces transformations effectuées. "Si nous arrivons à stopper le phénomène en limitant les émissions de CO2 dès maintenant, il faudrait probablement entre 1 000 et 2 000 ans pour que l'océan retrouve le niveau d'acidité qui était le sien dans les années 1800", estime Jean-Pierre Gattuso.

Mais les gouvernements ne semblent toujours pas prêts à agir : "Ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la politique à mener, principalement en raison des problématiques économiques. Un pays comme la Chine, qui est le principal émetteur de gaz carboniques, refuse de limiter ses émissions car l'Occident ne l'a pas fait au moment où il s'est développé. On voit d'ailleurs que les seules périodes de stagnation ou de diminution des émissions de CO2 se font au moment de crises économiques. Ce sont deux problèmes complètement liés". Entre pertes immédiates et pertes futures, les dirigeants semblent pour le moment avoir fait leur choix. La communauté scientifique, elle, ne perd pas espoir mais considère que la conférence de Paris sur le climat, organisée en 2015, sera celle "de la dernière chance".

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