Désolé, Najat... même les Norvégiens n'arrivent pas à forcer les gens à choisir un métier qu'ils ne veulent pas faire au nom de l'égalité hommes femmes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Désolé, Najat... même les Norvégiens n'arrivent pas à forcer les gens à choisir un métier qu'ils ne veulent pas faire au nom de l'égalité hommes femmes
©

L'épreuve des faits

La ministre du Droit des femmes Najat Vallaud-Belkacem veut faire de l'année 2014 "l'année de la mixité" pour que les femmes ne soient plus cantonnées à certains secteurs d'activité.

Alexis Aguettant

Alexis Aguettant

Alexis Aguettant est le fondateur et animateur du blog Homme Culture & Identité, blog ressource pour nourrir réflexions et débats au sujet des femmes, des hommes et des liens qui les unissent - Questionner les identités masculine & féminine  -  Eclairer l'objectif politique des études de genre  - dans un souci de justice au service d'une certaine idée de la France. 

Voir la bio »

Cet article a déjà été publié sur atlantico (2012-10-2)

Existe-t-il des différences biologiques innées entre les hommes et les femmes ? Pour certains réseaux qui se disent "scientifiques" la réponse est "non". Pour d’autres chercheurs la réponse est "oui". Alors à quel sein se vouer sur cette question qui détermine fortement les politiques publiques françaises, européennes et onusiennes sur les questions d’égalité entre les hommes et les femmes ?

Un documentaire diffusé en 2010 par la télévision norvégienne répond à cette question et met en lumière de façon décisive la portée non scientifique des postulats théoriques des politiques d’égalité. Suite au débat national qui a eu lieu en Norvège après la diffusion d’un documentaire de Harald Eia (devenu un héros dans son pays, en attendant qu’il le devienne dans le reste de l’Europe) l’Institut gouvernemental norvégien pour les études de Genre a cessé de recevoir toute subvention, autant dire que cet institut, de fait, n’existe plus (budget 2012 de 7,5 millions d’euros). Comment tout cela a pu avoir lieu ? Harald Eia, personnage connu dans son pays pour ses facéties médiatiques, a mis les experts du genre face à des questions simples. Leurs réponses ont déclenché une avalanche…

Le point de départ est le suivant, simple : Harald Eia constate que les distinctions entre les sexes perdurent dans son pays, alors que la Norvège est numéro un au classement mondial des pays les plus égalitaires en matière d’égalité hommes / femmes.Par exemple, les hommes et les femmes norvégiens ont une grande tendance à choisir des métiers différents : 90% des infirmiers sont des femmes et 90% des ingénieurs sont des hommes.

Le gouvernement norvégien a bien mis en place des programmes pour équilibrer les choses, mais cela n'a eu qu'une petite et temporaire influence sur ce que les hommes et les femmes choisissent de faire. D’où le questionnement de départ de Eia : y a-t-il des différences innées entre les hommes et les femmes ?

Il décide alors d’interviewer des chercheurs norvégiens sur le genre pour voir ce qu’ils pensent à propos de cette possibilité. C’est là que commencent les choses sérieuses, non sans amusement car, rappelons-le, Eia est connu dans son pays pour ses facéties, c’est peu dire si les pro-gender ne l’ont pas pris au sérieux… Ces chercheurs pro-gender se révéleront les plus rudes défenseurs d’une idéologie étatique. Quand Eia leur demande s’il existe des différences innées entre les hommes et les femmes, c’est comme s’il leur lançait une grenade.

Morceaux choisis de ce documentaire qui fait date en Norvège, et qui est en train de faire tâche d’huile dans le reste de l’Europe.

Kristin Mile, commissaire à l’Egalité des chances en Norvège de 2000 à 2005 et actuelle secrétaire générale de l’Association humaniste de Norvège : "Les politiques pro-égalité n’ont rien donné." Question : "Est-ce de la discrimination ?" Réponse de Madame Mile : "Non, ce n’est pas ça."

Camilla Schreiner du Centre de Recherche norvégien qui a fait une enquête dans 20 pays sur l’égalité hommes / femmes. Sa conclusion est la suivante : "Plus un pays est moderne et moins il y a de filles dans les filières scientifiques."

Catherine Egeland (pro-gender), chercheuse sur le genre à l’Institut de Recherche sur le Travail.

- Harald Eia : "Dans la science populaire on lit que les cerveaux des hommes et des femmes sont différents. Que pensez-vous de cela ?"
- Catherine Egeland : "Je ne sais pas s’il y a de la vérité dans cette affirmation."
- Harald Eia : "Donc selon vous il n’y a pas d’études démontrant des différences du cerveau pour comprendre pourquoi tant d’hommes deviennent si souvent ingénieurs ?"
- Catherine Egeland : "Non, je ne pense pas."
- Harald Eia : "Quelles sont vos bases scientifiques pour dire que la biologie ne joue aucun rôle dans les choix professionnels des deux genres ?"
- Catherine Egeland : "J’ai ce que vous appelleriez des bases théoriques. Il n’y a pas de place pour la biologie là dedans pour moi. Je pense que les sciences sociales doivent 'challenger' l’idée selon laquelle tout cela est basé sur des différences biologiques."

Joergen Lorenzten (pro-gender), du Centre de Recherche Interdisciplinaire sur le Genre à l’Université d’Oslo.

- Harald Eia : "Des études disent que le cerveau masculin et le cerveau féminin sont différents. Qu’en pensez-vous ?"
- Joergen Lorenzten : "Je pense que ce sont des recherches dépassées. Toutes ces études ont été réfutées par des études récentes. Les plupart des gens disent de nos jours qu’il n’y a pas de différences."

Toujours à Joergen Lorenzten, Eia demande si les personnes sont si "modelables" pour qu’il existe des sociétés où les hommes et les femmes aient les mêmes intérêts. Réponse : "Nous sommes comme vous dites 'modelables'.  Il n’y a pas de limites à ce que les humains peuvent faire.'

Il convient de préciser ici qu'en France, Madame Catherine Vidal professe depuis de nombreuses années la même idée en développant que les cerveaux sont doués de "plasticité". Madame Vidal étant dans tous les réseaux pro-gender français il serait de bon aloi de la challenger sur ces questions. Un beau et grand débat doit avoir lieu en France comme il a eu lieu en Norvège. Par ces temps de crise, il y aurait des millions d’euros à économiser sur les nombreux programmes pro-gender (récemment le Conseil Régional d’Ile de France a donné 700 000 euros de subventions à l’Institut Emilie du Châtelet). Le CNRS compte aujourd’hui un nombre impressionnant de chercheurs dont les études sont orientées vers les questions du genre. Les pro-gender ont tissé une toile impressionnante mais cette toile est-elle construite sur des bases pérennes ? La démocratie française attachée à des valeurs démocratiques de liberté sera-t-elle capable de lancer un débat similaire à celui qui a eu lieu en Norvège ?   

Poursuivons les développements de ce passionnant documentaire norvégien :

Richard Lippa, professeur de psychologie à l’Université Fullerton (Californie), a mené une gigantesque étude à travers 53 pays sur la question des choix professionnels des hommes et des femmes. Le professeur Lippa pense qu’il est possible que la culture joue un rôle, mais il croit que les différences de choix professionnels sont trop persistantes à travers les nombreux pays étudiés pour que cela soit entièrement le produit de la culture.

Trond Diseth, professeur à l’Université d’Oslo (section de psychiatrie enfantine), a démontré que les garçons et les filles montrent une préférence pour des jouets masculins ou féminins à partir de l’âge de 9 mois. Il pense que le comportement des genres est le produit d’une disposition biologique qui est ensuite influencée par la culture. Il rejette catégoriquement la déclaration de Lorentzen qui dit que les études démontrant des différences biologiques sont passéistes.

Simon Baron-Cohen, professeur de psychiatrie à Cambridge et directeur du Centre de Recherche sur l’Autisme, a fait des études sur les nouveaux-nés et il a trouvé des différences dans le regard (la structure de l’œil) avant même que l’influence culturelle ne soit possible. Il a aussi fait des recherches sur les effets de la testostérone sur les enfants à naître (dans l’utérus de la mère donc). Il a aussi démontré que les filles avec un taux inhabituellement élevé de testostérone montrent une préférence pour les jouets masculins, et que les enfants de 8 ans exposés à un haut niveau de testostérone dans l’utérus de la mère montrent un plus grand intérêt dans les systèmes, dans le sens de comprendre comment les choses fonctionnent.

Eia retourne ensuite en Norvège pour confronter les chercheurs du gender norvégiens. Joergen Lorenzten s’interroge en se demandant pourquoi les scientifiques seraient intéressés de trouver des différences biologiques : "La chose fascinante avec ces scientifiques est pourquoi ils sont si concernés avec l’origine biologique du genre. Pourquoi cette préoccupation frénétique ?"

Ils ont la frénésie des chercheurs de vérités. Cette idéologie a été mise à jour en Norvège, et pourrait bien l'être en France également.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !