Britney, Katy, Gaga, Miley : le match des "tartes" de la pop (et, si, elles ont du talent)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Britney Spears.
Britney Spears.
©Reuters

A base de popopopop

Britney Spears avec "Jean", Lady Gaga avec "Artpop" (260 000 exemplaires vendus en première semaine), Miley Cyrus avec "Bangerz" (270 000 ex.) et Katy Perry avec "Prism" (286 000 ex.) ont en commun d'avoir toutes sorti ces dernières semaines un nouvel album. Passage en revue des forces et faiblesses de chacune.

Britney Spears

Clément Bosqué : "Pas une très bonne chanteuse, mais toujours intéressante", selon le Daily Beast,  Britney est une acharnée. De la bubblegum pop au RnB, du synthpop à la dance, Britney Spears squatte le Billboard Hot 100 (le classement des chansons les plus populaires aux Etats-Unis – il y a cinquante ans c’est Dominique, de Sœur Sourire, qui restait un moins au sommet du classement américain. Pour l’anecdote, aucun français n’a fait mieux depuis) et enchaîne les tournées. Britney est ambiguë : précoce (la plus jeune artiste féminine à avoir cinq albums démarrant numéro un aux US selon le Guinness Book) et provocatrice, elle défend les valeurs puritaines mais embrasse Madonna et danse presque nue, mélangeant innocence et perversion. Elle est toujours bien accompagnée : Spears sait collaborer (Madonna, Rihanna, Mike Myers) et se diversifier (séries TV, juré d’un télé-crochet).

Du côté des défauts, on trouve une tendance au surmenage (seule une blessure au genou en 2004 est de nature à lui faire faire une pause). Ensuite, une image vulgaire (Vuitton s’insurge en 2007 de l’apparition d’un motif de la marque de luxe dans un clip, jugeant que "l’image de luxe" de la marque "paraît éloignée de celle de Britney Spears") et superficielle (son dernier album a été annoncé comme "très personnel", mais la chanteuse n’a rien de si passionnant à révéler). Enfin, sa vie amoureuse et familiale  est compliquée et instable (un mariage contracté en 2004 aura duré… deux jours).

Talia Soghomonian : Lorsque Britney Spears a débarqué, elle a tout de suite créé un buzz : c'était le retour des lolita chanteuses, celles qui marient bien cet air innocent avec une attitude bad girl, et Britney reste l'originelle de ce "mouvement". Son premier clip, "Hit Me Baby One More Time", avait d'ailleurs cause scandale à cause de son uniforme de collégienne plutôt sexy : mini jupe, ventée en l'air et moue, tout en gardant ce cote innocente (mais pas trop) avec ses couettes de petit fille. Elle faisait fantasmer elle s'est fait passer pour la good-bad girl et ça lui a réussi et d'autres, comme Christina Aguilera, ont suivi dans le chemin.

Mais à force de sa faire passer pour ce qu'elle n'était pas en réalité - la vierge qui attendait le mariage, la copine idéale, l'American Girl modèle à la vie saine - Britney Spears s'est perdue. Un bon pétage de plomb et un état dépressif l'ont conduit à se raser les cheveux - mais ses fans sont restes fidèles. Et peu importe ces passages difficiles, elle a réussi à revenir plus forte. Ce qui fait sa force c'est cette innocence malgré tout, cette vécu qui ne la met pas hors de portée, mais montre qu'elle est faillible. Pendant longtemps, on s'attendait à une autre crise de nerfs, se demandant si elle allait tenir le coup. Mais aujourd'hui, à 32 ans, elle semble dans sa peau, comble dans ses rôles de pop star, de femme et de maman, et surtout plus sûre d'elle-même.

Katy Perry

Clément Bosqué :La contralto californienne est d’abord une bonne musicienne (de l’opéra à la country en passant par le gospel) et une créatrice authentique, qui écrit beaucoup de ses propres chansons, tout en reconnaissant ses influences. Son sens de l’humour est une marque de fabrique, jusque dans le moindre détail : ainsi, le tigre du clip Roar porte un collier au nom de « Kitty Purry » (jeu de mot signifiant : chaton ronron).

Hélas, Katy est dûment "engagée" ainsi que le veut le mythe mourant décrit plus haut (activiste gay et ambassadrice de l’UNICEF). Peu sûre d’elle, elle déclare avoir "souvent l’impression d’être un personnage de cartoon sur pattes", et a songé au suicide après un divorce.

Talia Soghomonian : Katy Perry, elle, a une histoire intéressante. Fille de pasteurs et débutant sa carrière dans le gospel, elle aurait défié le milieu conservateur dans lequel elle a grandi pour devenir chanteuse pop. Une Britney en brune ? Peut-être, et en plus saine, l'American girl next door par excellence. Cette jeune Californienne a cultivé un look de pin-up, très soigneusement travaillé et tiré sur les épingles, elle mélange le look burlesque avec la mode actuelle. C'est une mini Dita Von Teese, version pop acidulée. 

Cependant, sa musique ainsi que ce look rétro qui risque de devenir too much. Ultra lookée, mais son répertoire manquent des classiques de la pop de ces dix dernières années comme celles de Britney. Les looks extrêmes tue-ils la musique ? En ce qui concerne Lady Gaga, cela pourrait bien être le cas éventuellement.

Lady Gaga

Clément Bosqué : La force de Lady Gaga réside dans son intelligence, et sa capacité à avoir compris l’intérêt d’une conception totale du spectacle : elle offre à ses fans un univers global, alternatif. Cultivée, son piano à longues pattes fait références aux éléphants de Salvador Dalí (La tentation de St. Antoine) et elle s’est fait tatouer une citation de Rainer Maria Rilke. Ambitieuse, elle aspire à égaler les meilleurs dans son champ (Bowie, Queen, Madonna).

Au titre de ses faiblesses, ses absences en interview, son air parfois hagard et son obsession un peu passéiste d’avoir "quelque chose à dire" et de faire œuvre "révolutionnaire". Quant à ses excentricités en général, et vestimentaires en particulier, Simone Korff-Sausse avait bien vu le paradoxe d’une Lady Gaga qui "occupe la scène médiatique mais suscite aussitôt des réactions outrées. Celle qui révèle les "dessous" de la société, réveille les censeurs en nous". Ce qui vaut pour les autres chanteuses pop, et tous ces phénomènes spectaculaires qui font pousser des cris d’orfraie aux prudes et aux critiques.

Talia Soghomonian : Lady Gaga n'est pas très différente de Katy Perry. Son dernier album expérimental n'a pas le succès escompté, contrairement au nouvel album de Britney Spears. Ultra lookée, elle mise plus sur le sensationnel, sur son désir de faire d'elle-même un art vivant. Car le souci est bien là : sur le long terme, on risque fort de se souvenir de sa robe en viande ou de ses habits totalement fantaisistes plutôt que de ses chansons. Mais ce qui fait son succès aujourd'hui est justement cette différence de look, elle maîtrise le branding - car elle n'est pas dupe et comprends très bien qu'elle est un produit - tout comme Madonna, celle dont le relève Gaga rêve de prendre. Mais il est encore trop tôt. Ou peut-être même trop tard… A voir.

Miley Cyrus

Talia Soghomonian : Il y a chez la jeune femme une vraie volonté de s’imposer à tout prix. Elle a compris le système en étant inspirée par Madonna et Britney Spears : il faut choquer pour se faire une place. Malheureux mais vrai. Espérons juste qu’elle ne fera pas de crise comme Britney. De nombreuses personnes, comme Elton John, pensent que cette conclusion est inévitable: si elle continue dans cette “voie”, elle finira par se droguer, se raser les cheveux et perdre tout son bon sens. Pourtant Madonna n’a jamais perdu raison et tout le monde n’est pas Britney ! D'ailleurs Miley semble avoir un réel contrôle de son image comparé à la Britney de l'époque.

Cela fait quelques années déjà que l'industrie musicale recherche la prochaine Madonna. Elle croyait l'avoir trouvée avec Britney Spears ou Christina Aguilera qui furent des star éphémères, finalement personne n'a été à la hauteur jusqu'ici. Et si Miley Cyrus souhaite vraiment passer le stade de l'émulation et se dresser au même rang que son idole, il faudra beaucoup de travail. Madonna ne doit seulement son succès à la provocation mais aussi à sa musique que l’on a toujours envie d'écouter. Ses premiers titres ont presque trente ans et sont aussi efficaces aujourd'hui qu'en 1985. Si dans le futur Miley sait faire la différence entre image de scène et travail artistique, elle pourrait être la star de demain. Mais si une image se travaille, la musique aussi. C'est d’ailleurs toute l'éthique de Madonna.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !