Après les tests de Google, ceux de Volvo : la voiture sans conducteur, c'est pour quand ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le constructeur automobile Volvo annonce la mise en circulation d'une centaine de voitures sans conducteur.
Le constructeur automobile Volvo annonce la mise en circulation d'une centaine de voitures sans conducteur.
©Reuters

Y a-t-il un... ah non !

Le constructeur automobile Volvo, en partenariat avec le gouvernement suédois, annonce pour 2017 la mise en circulation d'une centaine de voitures sans conducteur. L'idée n'est toutefois pas tout à fait neuve puisque Google a développé une technologie similaire.

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou est directeur général adjoint du cabinet de conseil Sia Partners. Il est l'auteur de "Liberté, égalité, mobilié" aux éditions Marie B et "1,2 milliards d’automobiles, 7 milliards de terriens, la cohabitation est-elle possible ?" (2012).

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La fin de l’année 2013 apparaît positive pour l’industrie automobile mondiale. Boosté par les résultats des marchés chinois et américains, le chiffre des ventes mondiales attendu, sur la lancée d’un premier semestre en hausse de 2,8%, pourrait s’établir entre 83 et 84 millions de véhicules vendus et confirmerait une  hausse par rapport à 2012, soit 81,7 millions d’unités vendues. Les ventes mondiales se situaient à 70 millions en 2008. Néanmoins le marché demeure erratique, notamment en Europe, toujours loin de ses ventes antérieures, mais aussi au Japon, en Inde, au Brésil, en Russie… Dans une industrie automobile mondiale qui peine à se remettre de la crise qui l’a durement frappée dans les pays matures, représentant désormais moins de 50% du marché mondial, l’industrie garde les yeux rivés vers la Chine, ce nouvel Eldorado.  

La voiture autonome, nouvelle star automobile ?

Toutefois, ce qui a beaucoup attiré l’attention du public en 2013 a été la concomitance des annonces des constructeurs sur leurs projets de lancement, dans un avenir rapproché, de véhicules à conduite automatique. Cette technologie, lancée par Google  s'est subitement invitée en 2013 comme nouveau vecteur de transformation de l’automobile. Tous les grands constructeurs ont annoncé la production d’un tel véhicule. Toyota le prévoit dès 2015. Nissan prévoit une voiture autonome à prix raisonnable en 2020. BMW, Audi et Mercedes sont très actifs et équipent leurs berlines haut de gamme des outils nécessaires à la progression rapide vers une conduite totalement autonome. Volvo a démontré qu’il était possible de faire rouler ses voitures en convoi sur autoroute et prévoit de commercialiser un dispositif de conduite automatique dans les embouteillages. PSA travaille pour 2015 sur un système de stationnement automatique.

La voiture autonome cristallise les rêves aussi bien qu'elle intrigue

Lancée par Google en octobre 2010, le concept de voiture à conduite automatique s’est concrétisé sous l’impulsion de la firme qui en fait un des axes de son développement. Ses voitures automatiques ont déjà roulé plusieurs centaines de milliers de kilomètres en Californie et au Nevada, qui a d’ailleurs été le premier Etat au monde à autoriser la circulation sans restriction de ce type de véhicule en mai 2012.

Le généralisation de cette prouesse technique suppose la convergence de trois facteurs :

- La résolution d’une équation économique complexe, car ce véhicule sera coûteux à produire en dépit des progrès considérables des ordinateurs, capteurs et programmes nécessaires pour traiter les flux d’information garantissant une conduite en toute sécurité.

- La résolution d’un problème juridique épineux qui résulte de l’interdiction actuelle par les législations nationales de tout véhicule dont le conducteur n’aurait pas, à tout moment, le plein contrôle.

- L’acceptation par les conducteurs d’une perte de responsabilité dans la conduite du véhicule alors que le plaisir de conduire reste encore une motivation forte, largement amplifiée par la publicité des constructeurs. Il faudra que le conducteur accepte de rester passif derrière son volant tout en restant vigilant.

Les premiers éléments techniques nécessaires à la voiture à conduite autonome se trouvent déjà rassemblés dans les berlines de luxe, comme la Mercedes Classe S ou l’Audi A8, et permettent une conduite automatique quand les conditions le permettent, notamment dans les embouteillages et pour le stationnement. La conduite automatique totale ne peut être envisagée, dans les prochaines années, que dans des situations limitées, comme sur les autoroutes dégagées, et la difficulté réside dans la gestion en toute sécurité de la transition entre conduite automatique et conduite humaine.

Des progrès réguliers

L’automobile cherche à se réinventer. La situation est très contrastée dans le monde. Dans les pays émergents, l’accès à l’automobile demeure un élément statutaire motivant, ouvrant des perspectives de volumes importants de vente tant que les contraintes de pollution et d’engorgement urbain ne viendront pas ralentir cette spectaculaire croissance. Dans les pays matures, au parc déjà saturé, aux villes désormais hostiles à l’automobile, le salut de l’industrie automobile se situe dans la recherche active de solutions pour réduire la consommation et atteindre rapidement les 2 litres/100 pour les voitures thermiques et augmenter l’autonomie des voitures électriques.

La voiture autonome est une nouvelle frontière technologique, encore mythique. C’est un processus long, engagé en Europe dès 1990 avec le projet SARTRE (Social Attitudes to Road Traffic Risk in Europe). Comme dans toute transformation technique, les annonces récentes viennent amplifier temporairement un processus de long terme, qui bénéficie des progrès des techniques informatiques. De façon pratique et concrète, les automatismes intégrés dans les véhicules permettront encore d’en augmenter la sécurité dans les prochaines années en assistant de mieux en mieux le conducteur avant que l’homme ne joue qu’un rôle secondaire dans la conduite. Des véhicules totalement automatiques, en site propre, apparaîtront également. On peut imaginer que les futures villes intelligentes bénéficieront d’un couplage en réseau des solutions de transport public, mieux adaptées au transport de masse, et de systèmes de transport individuel qui feront une part croissante à l’automatisme intégral.

De façon générale, l’industrie automobile va bénéficier des avancées considérables de l’informatique, du numérique et de la géolocalisation dans  les prochaines années. Aussi, il est évident qu’annonces et expérimentations continueront à se multiplier, alors que les voitures courantes qui constituent l’écrasante majorité du flux mondial de ventes verront régulièrement leurs capacités augmentées sans rupture radicale, donnant aux conducteurs un agrément de conduite et une sécurité améliorés.

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