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Le spectre d’un nouveau krach obligataire revient sur le devant de la scène.
Le spectre d’un nouveau krach obligataire revient sur le devant de la scène.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Depuis le début de la semaine, les marchés financiers mondiaux piquent du nez. A New-York, Londres et Paris, les bourses qui ont progressé en 2013 retombent malgré des assurances sur la reprise mondiale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Plus inquiétant, le marché de la dette en zone euro connait une montée de fièvre depuis 24 heures. Le marché de la dette est un marché où se négocient les dettes souveraines et privées. Mais les transactions les plus nombreuses portent sur les obligations émises par les États pour financer leurs déficits. La France par exemple emprunte en moyenne entre 15 et 17 milliards d’euro par mois sur les marchés internationaux. C’est d’ailleurs la contrainte incontournable qui s’impose à la France. Qu'on le veuille ou non.

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Ce marché a vu depuis deux jours les conditions de prix se tendre. Hier soir par exemple, le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a terminé en hausse à 1,86% sur le marché secondaire contre 1,81% la veille. L’écart peut paraitre faible mais appliqué sur un total de 1000 milliards, ça représente un surcoût de 500 millions d’euros. Ce n’est pas rien.

Le taux de l’emprunt à 10 ans pour la France a également progressé à 2,44% contre 2,42% la veille. Le différentiel s’applique en France à une masse de dettes encore plus importante. Même tendance mais plus sérieuse dans les pays fragiles. En Italie, les taux sont passés à 4,42%, en Espagne à 4,18%.

L’évolution de ce marché obligataire européen est donc désormais placée sous surveillance étroite de toutes les gouvernances qui sont désormais en état d’alerte. Pourquoi ? Tout simplement parce que si cette fièvre persiste, il va arriver un moment où les pays fortement emprunteurs comme l’Italie, l’Espagne et la France ne pourront plus supporter le poids de leur dette. Le monstre de la dette va se réveiller.

Si la France a tenu en équilibre jusqu’à maintenant, si elle peut se permettre de vivre sans engager des réformes qui seraient douloureuses, c’est parce qu’elle trouve de l’argent à des prix bas. Si les prix des emprunts augmentaient, si les investisseurs où les marchés considéraient que certains pays de la zone euro devenaient plus risqués, les taux remonteraient et la situation financière de la zone euro pourrait se bloquer comme en 2011.

A ce moment-là, ce n’est plus la Grèce qui serait au centre du cratère financier mais la France. Et la France c’est 60 millions d’habitants, c’est l’un des deux pays sur lesquels l’Europe tient en équilibre.

Ce regain de tension est aujourd’hui dû à la crainte qu'ont les marchés de voir les banques centrales durcirent leur politique monétaire.

Tout a démarré aux États-Unis en début de semaine avec des chiffres de croissance et de créations d’emplois meilleurs que prévus. Pour beaucoup d’observateurs, l’économie américaine a retrouvé son dynamisme et sa performance. Du coup, tous les analystes financiers ont conclu que la FED, la banque centrale américaine, allait cesser sa politique d’injection monétaire. En clair, beaucoup se disent que l’Amérique va enlever les perfusions qui ont boosté son activité.

Mais, les mêmes considèrent que l’économie américaine aura du mal à supporter un arrêt brutale de la drogue monétaire. D’où la chute de Wall-Street, qui entraine dans son sillage la chute des autres marchés mondiaux. On arrive à ce paradoxe difficile à comprendre. L’économie va mieux mais la bourse dégringole. Elle dégringole parce que beaucoup pensent qu’elle ne sera plus soutenue.

En Europe même phénomène. La BCE a maintenu hier son principal taux d’intérêt directeur au niveau historiquement bas de 0,25%. Mario Draghi a été d’une prudence extrême quand à la politique monétaire. Très langue de bois contrairement à la conférence du mois dernier, il s’est gardé de tout laxisme.

Beaucoup y voit une reprise en main par les Allemands qui ont très peu appréciés les générosités du mois dernier. Du coup, beaucoup se disent que la politique monétaire en Europe va aussi se resserrer, ce qui n’est pas bon pour les économies qui n’ont pas achevé leurs restructurations comme la France. Beaucoup se disent également que la zone euro na va pas attraper le train de la reprise, d’où la remontée des taux d’intérêt obligataire.

Le risque d’un krach n’a donc pas disparu. Au contraire, avec cette fois-ci, dans l’œil du cyclone les pays qui en Europe n’auront pas réussi à assainir leurs finances publiques.

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