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Des élèves de l'ENA.
Des élèves de l'ENA.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Si François Hollande attend que les Français réclament moins de fonctionnaires pour se décider, enfin, à lancer de vraies réformes qui réduiraient les dépenses publiques et sociales, il aurait les moyens de prendre ce risque. Selon un sondage IFOP réalisé pour Le Figaro, 61% des Français seraient désormais partisans de faire des économies budgétaires importantes pouvant aller jusqu’à fermer certains services publics.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il faut prendre ces résultats avec beaucoup de prudence. On ne sait pas exactement quel montant de dépenses publiques les Français seraient prêts à sacrifier, quels services publics, quelles dépenses sociales, quelles catégories de fonctionnaires.

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Pourtant, ce résultat est une première historique qui brise un tabou. Les fonctionnaires ne sont plus les vaches sacrées du système. Les Français ont pris conscience que le poids de la dette et le montant des dépenses publiques aboutissaient à une aggravation de la pression fiscale. Ils sont désormais majoritaires à penser l’évidence, à savoir que l’État et les collectivités locales françaises sont trop coûteux. Il y a encore trois ans, cette majorité n’existait pas.

Phénomène plus intéressant encore, les partisans de la réduction budgétaire sont aussi ceux qui estiment que la France n’est plus compétitive. Des sympathisants de droite à 85% mais aussi de gauche à plus de 56%.  Et si la France n’est pas compétitive, c’est qu’elle a des frais généraux trop importants. Les Français considèrent que le poids de l’État est chez nous beaucoup plus important que chez nos voisins.

Du coup, toujours selon ce sondage, la quasi-unanimité des Français (94%) pensent qu'il y a une nécessité urgente de faire des réformes structurelles pour améliorer la compétitivité de l’économie française. Sinon, c’est le déclin assuré et irrattrapable.

Une fois de plus, on ne sait pas quelle administration, quel service public est particulièrement lourd. Pourtant, d’autres enquêtes nous indiquent que les Français s’inquiètent de la lourdeur des services sociaux, de l’inefficacité de l’Éducation nationale et bien sûr du chômage. Sans parler de la bureaucratie qui a envahi les collectivités locales. Trop de monde dans les mairies et les conseils généraux.

Beaucoup n’oseront pas relayer ces résultats. Trop dangereux. Sauf qu’ils apportent à la classe politique de droite et de gauche une information capitale. Ils pourraient programmer une baisse des dépenses publiques. François Hollande qui a maximisé son impopularité ne pourra pas en pâtir davantage. Quant à la droite, ça devrait la décomplexer.

Les Français ont compris l’équation économique élémentaire : moins d’impôts oui, mais il faudra baisser les dépenses publiques. Autre phénomène qui peut décider le Président à opter pour une  politique compétitive de baisse des dépenses, c’est la sur-fiscalité ressentie aujourd’hui par la majorité des Français. L’overdose provoque trois effets. D’une part, la colère des contribuables. C’est la réaction la plus spectaculaire. D’autre part, l’exil à l’étranger de certains contribuables. Et pas forcément les plus riches, juste ceux qui veulent échapper à l’impôt sur le revenu en partant pour le Maroc, le Portugal et la Floride.

Enfin, l’overdose fiscale encourage le travail au noir ou gris. Pourquoi déclarer des petits boulots si c’est pour s’en faire taxer le tiers. Du coup, le cash circule partout de plus en plus. Ce qui soutient la consommation est désormais supérieur au total des revenus officiels distribués. Le différentiel  entre les revenus officiels et la consommation devrait interpeller nos dirigeants. Comme l’épargne ne baisse pas, il y a un problème et ce problème, c’est  le cash que l'on cache.

Tous ces phénomènes préparent le changement de politique économique. Si en plus les Français sont d’accord avec les remèdes, le  printemps risque d’être agité. Mais au moins, ce sera pour mettre en chantier des réformes utiles.  

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