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Les milieux d’affaires veulent sommer le Président de changer de politique économique
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La semaine va être encore très agitée sur le terrain social. Les milieux d’affaires considèrent que la situation devient de plus en plus désastreuse. Très inquiets les Pierre Gattaz et autres Jean-François Roubaud. Les responsables des principales fédérations professionnelles vont encore parcourir la France pour convaincre leurs adhérents de rester calme et de résister à la tentation de manifester contre l’administration.

Dans les PME, on parle de grève de l’impôt avec des retards de paiement de la TVA. Dans les grandes entreprises, les directions étudient de plus en plus la délocalisation des  grandes directions fonctionnelles comme la finance ou le marketing vers Londres ou Amsterdam. La raison invoquée porte officiellement sur la nécessité d’internationaliser la direction d’une entreprise de plus en plus mondiale. En réalité, ces entreprises du CAC 40 étudient leur déménagement sous la pression des cadres supérieures et dirigeants qui ne supportent  plus la pression fiscale, le flou et le manque de garanties.

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Les dirigeants patronaux vont encore, une fois de plus, activer leurs réseaux pour prévenir l’Elysée que si rien n’est fait ils auront du mal à tenir leurs troupes. La prévision calamiteuse de  l’investissement industriel va leur en fournir le prétexte. L’Europe toute entière a retrouvé du souffle, sauf la France où l’indice de la production industrielle est complètement plat. Chez les PME, l’absence de décision, ce lundi, sur le travail le dimanche ne satisfait personne.

Le raisonnement que font les chefs d’entreprise est simple. François Hollande s’est désormais mis à dos la grande majorité des groupes socio-économiques. Tout le monde s’oppose à lui. Tout le monde,  sauf, et c’est étonnant, les chefs d’entreprises et les marchés.

Les entreprises continuent de tourner, elles font tous les efforts possibles pour rester en équilibre. Quant aux marchés, ils continuent de prêter de l’argent au gouvernement parce qu'ils considèrent que la France est encore un pays très riche et que cette richesse et une garantie pour les préteurs. D’autant que les marchés considèrent aussi que les Français ont conservé un fort consentement à l’impôt. Mais ça peut s’arrêter du jour au lendemain.

François Hollande s’est mis tout le monde à dos. Il doit résister à l’opposition classique de droite mais ce n’est pas pour lui le plus compliqué. Il doit aussi, désormais, lutter contre la gauche de sa majorité. Jean-Luc Mélenchon  s’est encore franchement mis en travers du gouvernement. Il doit surveiller en permanence les Verts qui ne contrôlent plus Cécile Duflot. Jean-Marc Ayrault lui, se comporte désormais comme s’il était trahi par tous ses ministres. Les Valls sont trop libéraux, les Sapin trop proches du Président, les Hamon trop à gauche, les Duflot trop opposantes, les Montebourg  trop protectionnistes et les Fabius…  trop fabiusien. Les autres sont inaudibles ou inexistants.

Mais ce n’est pas tout. François Hollande et son Premier ministre se retrouvent face à la fronde des bonnets rouge qui rassemble, tout partis politiques confondus, les mécontents et vrais perdants de la politique économique. Les agriculteurs les personnels de l’agroalimentaires, les commerçants, les salariés victimes de plans sociaux, les clubs équestres. Aujourd’hui, il faut s’attendre à ce que les buralistes manifestent contre une directive européenne qui permet d’acheter des cigarettes à l’étranger en plus grande quantité qu'avant.

Bref, François Hollande est désormais seul contre tous. Sauf les marchés qui financent encore nos déficits, et les chefs d’entreprise. Cette situation est quand même doublement paradoxale. Hollande a fait campagne en traitant les chefs d’entreprise de voyous et les financiers de voleurs alors que ce sont les deux dernières catégories d’acteur du système qui continuent à faire leur boulot.

Le Président bat des records d’impopularité. Elle ne s’explique absolument pas par des réformes mais par une absence de réforme. Cette impopularité ne sert strictement à rien, puisque on sait qu'il n’y aura pas de résultats.

Mieux vaudrait être impopulaire pour de vraies raisons. Si le Président engageait des réformes en profondeur : baisse des dépenses publiques, dérégulation de l’économie, volonté de laisser faire les entreprises… Il ne pourrait pas être plus impopulaire qu'aujourd’hui… mais ça servirait au moins à quelque chose.

François Hollande n’a jamais été maire d’une grande ville. Le maire d’une grande ville décide les grands travaux en début de mandat. A mi-mandat, les citoyens ne supportent pas que le centre-ville soit démoli mais à la fin du mandat tout le monde se félicite que le tramway fonctionne. Et le maire est réélu. En général, le maire qui fonctionne comme un chef de grande entreprise est réélu. A Toulouse, Dijon, Lille, Lyon, Nice ou Bordeaux, les maires n’auront sans doute pas de problème.

Les dirigeants patronaux veulent convaincre le Président de rompre avec ceux, qui dans sa galaxie, lui tirent dessus. Mais pour cela, pas besoin de réponse politique. Un changement fort de politique économique suffirait. Tout le monde lui tient le même discours. Le changement de logiciel n’est pas acquis.

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