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Après le mariage princier,
la révolution constitutionnelle...
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Royaume-Uni

Les Britanniques se prononcent ce jeudi par référendum sur leur mode de scrutin, toujours défendu par le Premier ministre David Cameron contre ses alliés libéraux-démocrates. Un processus rare au Royaume-Uni qui pourrait mettre en danger la coalition au pouvoir au profit des Conservateurs.

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Alors que le monde se remet à peine des célébrations du mariage de William et Kate, un événement capital est sur le point de se dérouler au Royaume-Uni jeudi prochain : le référendum sur le mode de scrutin !

Un mode de scrutin simple et efficace mais non représentatif

Il est rare que les lendemains de fête, les électeurs se ruent aux urnes pour répondre à la question pourtant cruciale : souhaitez-vous abandonner le mode de scrutin actuel du First Past The Post (métaphore hippique de qualité) pour celui de l’alternative voting (AV) ? Le système actuel est un scrutin uninominal majoritaire à un tour où le candidat qui a reçu le plus de voix est élu, c’est simple et efficace mais pas du tout représentatif puisque l’on peut être élu avec 25 % des voix et mortel pour les petits partis. Le vote alternatif est une bizarrerie venue d’Australie qui mélange scrutin proportionnel et scrutin majoritaire. L’électeur classe les candidats par préférence, si aucun candidat n’a obtenu plus de 50 % des préférences, les voix qui se sont portées sur le candidat arrivé dernier sont alors réparties entre les autres candidats en fonction du nombre de deuxièmes préférences recueillies par chacun d’entre eux. Si vous n’avez rien compris la BBC vous l’explique avec des images.

Ce nouveau système est censé être « progressiste » et garantir une meilleure représentativité au Parlement, qu’il me soit permis d’en douter.

Conservateurs vs. libéraux-démocrates

La situation politique qui découle de ce référendum est assez détonante : le Premier ministre est dans le camp du "non" et le vice-Premier ministre est dans le camp du "oui". Ceci n’empêche pas les échange d’amabilités entre les deux camps loin de là. Vendredi 6 mai, l’une des deux têtes de l’exécutif va passer une mauvaise journée et mon instinct me dit que ce sera plutôt Nick Clegg que David Cameron. En effet le dernier sondage YouGov indique que seuls 37 % des Britanniques sont en faveur d’un changement et 45 % voteraient "non" une fois que l’on leur a expliqué les deux modes de scrutin.

Nick Clegg est devenu l’homme politique le plus détesté de Grande-Bretagne, notamment à cause de cette photo, incarnant tous les renoncements des Libéraux-Démocrates depuis qu’ils sont au gouvernement. En cas de défaite jeudi prochain et ce malgré un faible taux participation attendu, Nick Clegg va se retrouver sous la pression de son parti pour quitter la coalition formée avec les Conservateurs. La réforme constitutionnelle était la dernière pierre angulaire de l’accord de coalition signé au lendemain des élections de 2010 à ne pas être tombée. En cas de défaite les LibDems n’ont plus de raisons de rester au gouvernement et ils seront nombreux au parti à pousser dans ce sens. Petite cause, grands effets, si les LibDems quittent la coalition, de nouvelles élections devront être organisées. L’opposition travailliste où Ed Miliband a du mal à s’imposer, n’étant pas en situation de gouverner, les Conservateurs pourraient faire la bonne opération politique du jour : 1) en finir avec la coalition, 2) retrouver une majorité absolue pour gouverner seuls. L’aile droite du parti ne serait pas contre.

Cela se passe comme ça en Grande-Bretagne : tradition un jour, révolution le lendemain, tout cela bien entendu en gardant sa lèvre supérieure rigide [1].

[1]To keep a stiff upper lip = garder son sang froid en toute circonstance.

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