Ces tabous qui empêchent la prise en charge efficace des pathologies psychiatriques chez les enfants<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Ces tabous qui empêchent la prise en charge efficace des pathologies psychiatriques chez les enfants
©

Prévenir et guérir

Les différentes options thérapeutiques sont souvent perçues comme violentes et c'est le thérapeute qui est alors considéré comme l'agresseur. D'où la nécessité d'informer le grand public.

Monique de Kermadec

Monique de Kermadec

Monique de Kermadec

Psychologue clinicienne et psychanaliste, spécialiste de la précocité et la réussite chez l'enfant et l'adulte. Elle est l'auteur de Le petit surdoué de six mois à six ans et de Pour que mon enfant réussisse parus chez Albin Michel.

Voir la bio »

Atlantico : Quels sont les éléments de dépistage d'un comportement violent pathologique chez un jeune enfant ? A partir de quelle limite quitte-t-on le champ de la turbulence, pour rentrer dans celui du problème médical ?

Monique de Kermadec :L’agressivité fait partie du développement normal de l’enfant. Celle-ci s’adresse à un “objet” vécu comme différent de soi (frère, camarade, parent..). Elle est structurée, dirigée vers des personnes précises et s’accompagne de culpabilité. La violence est moins élaborée que l’agressivité. Elle est liée à une problématique identitaire archaïque. Elle est déclenchée par une frustration à laquelle l’enfant est totalement intolérant. Elle est impulsive et s’accompagne d’une méconnaissance des conséquences de l’acte, une non prise en compte de la souffrance de l’autre, une absence de culpabilité et de désir de réparation. Cette violence est aléatoire et imprévisible. Elle ne s’apprécie pas tant en terme de degré que de nature de l’acte.

Quels sont les structures les plus aptes à repérer ces problèmes, puis à les prendre médicalement en charge ?

Cette violence peut être perçue dans la toute petite enfance par le pédiatre, elle fait généralement l’objet de consultation chez le pédopsychiatre et peut mener à une hospitalisation en hôpital spécialisé.

Quelles sont les spécificités du traitement des pathologies psychiatriques d'un enfant par rapport à celle de l'adulte ?

Prendre un enfant en charge ne peut se faire sans tenir compte de la famille, du contexte familial. Il ne s’agit pas seulement de gérer la crise mais de mettre en place un traitement ou suivi psychothérapique en ou hors institution suivant la gravité de la pathologie.

Tout comme pour l’adulte cette prise en charge peut commencer par une prescription médicamenteuse. Elle peut faire l’objet d’un isolement temporaire en milieu soignant, d’une hospitalisation.

La prise en charge psychiatrique des jeunes enfants semble parfois difficile, avec un dépistage pas toujours effectué, voire une prise en charge qui peut parfois choquer le grand public. Y a-t-il des tabous qui selon vous entourent la prise en charge psychiatrique des enfants ? Lesquels et pourquoi ?

La prévention, le dépistage, l’accompagnement et l’orientation des formes précoces de la violence chez l’enfant est capitale.

Il est important que le grand public soit informé et ne perçoive pas les différentes options thérapeutiques comme des violences. Le thérapeute risquant alors d’être perçu comme l’agresseur. Plus le symptôme est identifié tôt moins on risque d’être confrontés à des situations dramatiques.

Faire comme si un acte violent n’avait pas existé  c’est empêcher l’enfant de faire un travail psychique. Il importe que les conséquences de cet acte ne soient pas effacées et qu’il puisse percevoir que l’acte a laissé des traces chez l’autre.  On doit montrer à l’enfant l’effet de son action ; la rupture relationnelle temporaire que cela provoque.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !