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Loi de finances 2014 : comment la crainte fait taire les députés rebelles de la majorité
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Éditorial

Le soudain regain d’obéissance et de discipline au sein d’une majorité pourtant si frondeuse ces dernières semaines pour le vote aujourd'hui de la loi de finances 2014 trouve son origine dans un ressort simple et vieux comme le monde : la peur.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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Circulez, y’a rien à voir ! Alors que les députés votent ce mardi le projet de loi de finance 2014, terminés les atermoiements et les coups de gueule des parlementaires de la majorité. Disparue la vingtaine de députés socialistes qui se sont abstenus il y a à peine un mois lors du vote solennel de la réforme des retraites. Oubliés les projets d’amendement déposés par les députés de l’aile gauche du PS qui reprochaient à ce budget de ne pas défendre suffisamment le pouvoir d’achat des ménages et avaient obligé le patron du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Bruno le Roux, à taper du poing sur la table pour ramener l’ordre parmi ses troupes. Inaudible désormais l’appel du député de l’Essonne Malek Boutih, qui demandait la semaine dernière rien moins que la démission du Premier ministre.

Aujourd’hui, la majorité va faire le plein de ses voix dans l’hémicycle, à l’exception de quelques absents qui auront oublié de confier une procuration à leurs collègues et de quelques parlementaires cohérents avec eux-mêmes et leurs protestations contre la politique du gouvernement, comme le député maire de Bègles Noël Mamère qui s’était déclaré "accablé" par la décision du gouvernement d'ajourner l'écotaxe.

Les autres élus d’Europe Ecologie-Les Verts sont, eux, vite rentrés dans le rang, démontrant une nouvelle fois leur grande maîtrise dans l’exécution du sketch du "Retenez-moi... ou je fais un malheur" et/ou leur remarquable capacité à manger leur chapeau. (Il sera intéressant d’observer dans quelques jours, lors du passage de ce projet de loi de finances devant le Sénat, le vote de Jean-Vincent Placé qui expliquait il y a quinze jours que "si le gouvernement cède sur l'écotaxe, il n'aura plus d'autorité sur rien".)

Ce soudain regain d’obéissance et de discipline au sein d’une majorité pourtant si frondeuse ces dernières semaines trouve son origine dans un ressort simple et vieux comme le monde : la peur.

Face à la multiplication des mouvements de grogne sociale (ambulanciers, bonnets rouges, défilé du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon à la fin du mois, grève des artisans contre la hausse de la TVA, des enseignants contre les rythmes scolaires...) et de la désastreuse cote de popularité du président de la République, les parlementaires mesurent bien le risque qu’il y aurait à offrir un thème et un prétexte fédérateur à tous ces mouvements pour l’instant sans grande cohérence entre eux.

Pour tenter de se rassurer, les députés de la majorité adoptent la méthode Coué et affirment, péremptoires, que l’option d’une dissolution de l’Assemblée nationale par François Hollande est inenvisageable (beaucoup d’entre eux comprennent au moins que, dans cette éventualité, leurs chances de retrouver leur siège serait franchement ténue…), comme un certain nombre d’entre eux le font en répétant depuis des mois, comme une litanie, qu’une embellie de l’économie française est pour très bientôt.

En attendant, les députés de la majorité serrent les rangs parce qu’ils serrent les fesses.

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