Jean-François Roubaud - CGPME : "Il ne faut pas nier la réalité, la situation est grave"<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-François Roubaud, président de la CGPME
Jean-François Roubaud, président de la CGPME
©Reuters

L'interview Atlantico Business

Bonnets rouges, fronde des artisans et des commerçants, entrepreneurs menaçant d’une grève de l'impôt : le monde entrepreneurial s'embrase au rythme des annonces gouvernementales. Une situation difficile à contenir pour les organisations patronales, reconnaît Jean-François Roubaud, le président de la CGPME.

Jean-François Roubaud

Jean-François Roubaud

Jean-François Roubaud est président de la CGPME, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises.

 

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Atlantico Business : Ces dernières semaines, les mouvements patronaux donnent l'impression de se laisser déborder par la colère des entrepreneurs. Maitrisez-vous toujours la situation ?

Jean-François Roubaud : Vous dire que l'on maitrise toutes les situations, certainement pas. Je n'aurais pas accepté par exemple, que l'on puisse brûler des portiques écotaxe et des radars. Nous sommes-là face à des groupuscules. Mais il est vrai que le ras-le-bol des chefs d'entreprise est fort. Quand nous avions fait notre rassemblement à Lyon le mois dernier, le gouvernement m'avait violemment reproché d'attiser le feu avec nos cartons jaunes. Mais justement, nous l’avions calmé le feu ! Parce que les chefs d'entreprise, ils voulaient mettre des cartons rouges ! On se bat quotidiennement en amont pour calmer les choses quand, par exemple, sur le terrain on me demande régulièrement de mener une grève de l'impôt : c'est quelque chose que je ne peux pas accepter car nous sommes en démocratie. On peut être débordé par certains mouvements extrémistes mais nos troupes, nous les maitrisons. Dans certains départements, il y a tout de même des manifestations qui se déroulent de manière calme, par exemple en Loire-Atlantique, on accroche des banderoles sur les ponts d'autoroute avec des message comme "Halte aux charges", ce n'est pas violent et ça montre quand même le malaise qu'il y a chez les chefs d'entreprise.

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Dans un rapport publié jeudi, l'OCDE tire la sonnette d'alarme sur la compétitivité française. Cela peut-il alimenter la colère des chefs d’entreprise ?

Je crois que la situation est grave, il ne faut pas nier la réalité. Ce que dit le rapport de l'OCDE c'est que les charges sont trop pesantes sur les entreprises et que les trois piliers de la croissance, la consommation, l'investissement et l'exportation sont en replis complet. C'est exactement ce que disent les patrons qui sont en colère. Mais ce qui est, à mon avis, le plus inquiétant aujourd'hui c'est l'absence d'investissement des entreprises : en ralentissement depuis 7 trimestres consécutifs, à cause du manque de confiance de nos chefs d'entreprise. Ils n'ont pas de visibilité à moyen terme, ils voient une avalanche de fiscalité qui devient très contraignante, ils se disent qu'ils ne vont  pas pouvoir investir et embaucher. On voit également que les marges sont de plus en plus faible, donc moins de capacité d'investissement. Il faut que le gouvernement recentre son action de manière forte pour pouvoir baisser nos charges. Il faut qu'il avance sur la baisse des dépenses publiques, on est à 57% du PIB français, un des chiffres les plus élevés du monde, on ne peut pas continuer ainsi.

Qu'attendent les chefs d'entreprises et ont-ils les moyens de lutter ?

Les moyens, ce sont tous ces mouvements que l'on voit sur le terrain. Quand j'avais rencontré le Premier ministre, le 26 août dernier, je lui avais dit l'exaspération et la crainte de nos chefs d'entreprise. Malheureusement ce ras-le-bol fiscal est arrivé. Ce qu'attendent les chefs d'entreprise, c'est une baisse massive de la dépense publique. Quand on voit que l'État continue de recruter des fonctionnaires, c'est incompréhensible. Quand nous sommes, dans nos entreprises, face à des difficultés, on sert les boulons suffisamment fort pour passer le cap. Le gouvernement doit donc vraiment faire l’annonce cette baisse de la dépense publique, il faudra le faire d'une manière ou d'une autre.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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