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Montebourg voudrait réussir un compromis national sur l’énergie
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

C’est devenu une obsession, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement Productif s’est mis en tête d’obtenir l’accord de tous les partenaires sociaux et des politiques français autour d’un compromis national concernant l’énergie. Il fait donc campagne à chaque fois que l’occasion lui en est donnée, pour faire la pédagogie d’une politique responsable.

Arnaud Montebourg veut convaincre tout le monde, même le patronat  et les syndicats, mais ça n’est pas le plus difficile. Il veut surtout convaincre ses alliés de la majorité présidentielle. Cette semaine encore, face au Medef et à la CFDT, il s’est juré d’y parvenir assez vite. Et c’est vrai que les esprits évoluent. La campagne pour une énergie moins chère s’articule autour de deux axes d’analyse.

1er axe, l’énergie est devenue une composante de la compétitivité d’une économie aussi importante que le coût du travail ou la fiscalité. Si la compétitivité est une priorité, mieux vaut s’attaquer à rendre l’énergie plus accessible et moins chère que de se perdre dans des débats sans fin sur le coût du travail ou les impôts. La baisse du coût de l’énergie améliore nos positions concurrentielles ; alors que la baisse du coût du travail attaque le pouvoir d’achat et la baisse des charges abime le modèle social. Donc priorité à l’énergie.

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2ème axe, l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis est en train de provoquer un véritable séisme géopolitique dont on n’ose pas parler. Ce gaz de schiste sécurise les approvisionnements américains à un coût très faible, donc cette énergie sauve l’économie et les emplois américains. Mais ce n’est pas tout. L’abondance des gaz de schiste (et du pétrole de schiste) affranchit l’Amérique d’une dépendance à l’égard de l’Arabie Saoudite. L’Arabie Saoudite n’est plus incontournable. Ça va tout changer dans l’équilibre de la région.  D’autre part, la Russie qui pensait dominer l’occident avec son gaz est en position d’affaiblissement également. Le gaz russe est devenu moins stratégique.

Enfin, le gros de l’industrie pétrochimique, qui est une des forces industrielles de l’Europe, s’était construit sur un pétrole, importé du moyen orient, de plus en plus cher. Or, le pétrole n’est plus la source exclusive. La pétrochimie européenne risque de perdre son leadership mondial.

Pour beaucoup d’acteurs français, des industriels, le Medef, des syndicats dont la CGT, cette situation imposerait à la France une prise de conscience sur la nécessité d’une  stratégie énergétique cohérente. C’est sur cette stratégie nouvelle que le ministre Arnaud Montebourg  voudrait un accord politique qui devra, selon lui, être étendu à l’échelle européenne. Cet accord doit tenir compte du prix de l’énergie, de la sécurité d’approvisionnement et de l’impact  sur l’environnement.  Actuellement le prix de l’énergie dans le monde varie de 40 dollars le MWh à 220 dollars.

L’énergie la moins chère aujourd’hui est américaine, grâce aux gaz de schistes. La plus chère est allemande, produite par  les éoliennes qui ont été installées massivement après le refus du nucléaire. Entre les deux extrêmes, on trouve de l’énergie nucléaire française à 70 dollars le MWh. De l’énergie produite par les centrales à charbon, à gaz ou à pétrole ce qui permet à la France de proposer un mix énergétique à 70-80 dollars sachant que les énergies renouvelables, l’éolien et solaire, augmentent énormément la moyenne.

Pour Pierre Gadonneix, l’ancien président d’EDF et aujourd’hui président du Conseil mondial de l’énergie, « un état européen seul aura beaucoup de mal à atteindre tous les objectifs qu’il se fixe l’exemple allemand est d’ailleurs une caricature.» 

La politique de l’énergie en Allemagne aboutit à des aberrations. L’Allemagne a, sous la pression des « verts », abandonné toute production nucléaire. Pour compenser le pays s’est lancé dans une campagne d’équipement en centrales éoliennes qui lui coûte une fortune colossale pour un rendement modeste, ce qui l’a obligé à rouvrir et reconstruire  des centrales au charbon. En quelques années l’Allemagne est devenue un très gros importateur de charbon. Elle est surtout devenue le plus gros producteur de gaz carbonique, un CO2 que l'on ne sait pas capturer sauf à un coût exorbitant. L’Allemagne aujourd’hui est le plus gros pollueur de l’Europe avec une des électricités les plus chères.

Pour éviter que le coût de l’énergie, entre 150 et 200 dollars en moyenne, handicape trop la compétitivité allemande, on fait subventionner l’électricité utilisée dans les entreprises par les ménages allemands. C’est le consommateur allemand, à qui on a vendu politiquement le projet d’une énergie propre, qui paie aujourd’hui une électricité très chère et très polluante. Cette situation ne pourra pas durer.  

Pour les Français du Medef, des syndicats de salariés et pour le ministre du Redressement, la politique énergétique française doit s’appuyer sur le nucléaire où la France possède une véritable expertise avec l’allongement possible de la durée de vie des centrales. Mais aussi sur le développement des énergies alternatives sans espérer qu'elles prennent plus de place qu'actuellement. Sans oublier la recherche en matière d’économie d’énergie. Enfin, sur la recherche des gaz de schiste et l’expérimentation de nouveaux procédés. Il est évident qu'un tel compromis sera difficilement acceptable par les Verts et que le problème sera toujours politique. Mais l’objectif est clair : améliorer la compétitivité  des entreprises, assurer la sécurité, protéger l’environnement et ne pas massacrer le consommateur par un prix qui étoufferait son pouvoir d’achat.

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