Oui, bien sûr, madame Taubira, la France n’est pas raciste <!-- --> | Atlantico.fr
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La garde des Sceaux a été insultée à plusieurs reprises et s'en émeut.
La garde des Sceaux a été insultée à plusieurs reprises et s'en émeut.
©Reuters

Que de bruit, que de bruit…

La garde des Sceaux a été insultée à plusieurs reprises. Elle s’en indigne dans Libération.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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On vous a, madame Taubira, traitée de « guenon » : c’est abject. Un curé imbécile a scandé sur votre passage « Y a bon, Banania » : c’est odieux. Des enfants ont, sous vos yeux, agité des peaux de bananes : c’est consternant. Il y a effectivement en France nombre de gens qui au mot « Noir » préfèrent celui de « bamboula ». Il y en a tout autant, sinon plus, qui au lieu de « Juif » disent « youpin ». Et il y en a, beaucoup plus sans doute, qui parlent des « bougnoules » pour désigner les Arabes.

Et alors, madame Taubira ? Vous êtes garde des Sceaux et, à ce titre, excellente (on peut le supposer) juriste. Et pourquoi donc convoquer les assises là où un tribunal d’instance ou correctionnel eût suffi ? Et pourquoi un marteau-pilon en lieu et place d’un simple chasse-mouches ? C’est que vous avez le verbe haut, madame Taubira ! Et comme vous y allez.

Je vous cite. « Ces attaques (contre moi) sont une attaque contre le cœur de la République. » C’est donc vous le cœur ? Admettons. Je vous cite encore. « Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’il n’y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française. » Une « belle et haute voix » ? Mais, madame la ministre, si les choses sont aussi graves que vous l’indiquez, avez-vous pensé à celle du président de la République, garant constitutionnel de l’union nationale ?

Voyez-vous, madame la garde des Sceaux, vous vous laissez emporter par votre (incontestable) talent de tribun. Non, madame Taubira, la République n’est pas en danger. Non, la France n’a pas perdu son âme. Vous avez l’impression que la parole raciste se libère dans notre pays ? Elle est libre, très libre, et depuis longtemps. Qu’est-ce qui empêche un Dieudonné (sauf quelques poursuites insignifiantes et inopérantes) de vomir sa haine des Juifs ? Qu’est-ce qui a empêché Aimé Césaire, grand poète, de le recevoir avec tous les honneurs dus à son verbe ? Qu’est-ce qui empêche Raphaël Confiant, écrivain antillais assez connu, de cracher sur les Blancs (juifs, de préférence) ?

Vous devriez plutôt noter, et crier (ça, vous savez faire), que la France est un pays formidable. C’est la France qui a permis à Félix Éboué – il était de par chez vous – de devenir gouverneur de l’Afrique-Équatoriale française et d’être décoré de l’ordre de la Libération par de Gaulle. C’est la France qui a permis à Gaston Monnerville d’être élu président du Sénat et de tenir tête à de Gaulle. C’est la France qui s’est sentie honorée quand Léopold Sédar Senghor s’est installé sur les bancs de l’Académie française. C’est la France qui a permis à Rama Yade d’être quelque chose sous Sarkozy et à vous, et à Victorin Lurel d’être ministre sous Hollande.

Vous êtes, madame, dans l’erreur. Mais le pire, c’est que vous faites une mauvaise action. Votre voix – c’est bien normal – porte loin. Des millions de braves gens vous entendent. Ne leur donnez pas l’impression que vous les considérez comme racistes, même si, bien à tort, ils haussent les épaules quand on leur parle des peaux de bananes qui vont font cortège. Mais là où, hélas, votre diatribe fera le plus de mal, c’est dans les cités. Ces lieux où dans des chaudrons bouillent la violence et la haine. Vous pensez vraiment qu’il était utile de rajouter quelques braises ? Vous imaginez réellement que vos paroles seront sans effet dévastateur sur tous ceux qui en veulent aux « faces-de-craie » et même à certains des leurs, qualifiés de « suceurs de Blancs » ?

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.


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