Quand Libération assassine les Roms<!-- --> | Atlantico.fr
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Des roms stationnés dans un parking.
Des roms stationnés dans un parking.
©Reuters

Stigmatisons, stigmatisons…

L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. C’est de ces pavés-là qu’est fait le plancher de la salle de rédaction de Libération.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C’était dans les années 1930. Dans un train qui roulait vers l’est, Saint-Exupéry eut le regard attiré par un couple plutôt triste et passablement laid. Des ouvriers polonais qu’on renvoyait chez eux, une fois leur contrat de travail terminé. En ces temps-là, il est vrai, l’immigration se déclinait sous forme de CDD… Et entre eux dormait un enfant merveilleux, un ange blond. Saint-Exupéry, en pensant à lui, écrivit : « C’est Mozart qu’on assassine. »

Quel est le rapport avec maintenant ? L’immigration, bien sûr. Et aussi autre chose. Comme chacun peut le constater, la stigmatisation des Roms est devenue en France un sport national (non, non et non, aucun rapport – voir photo – entre Léonarda et le petit prince polonais évoqué par l’auteur de Terre des hommes !). Le Front national excelle dans cette compétition. L’UMP fait tout ce qu’elle peut. Manuel Valls n’est pas mal non plus. Et de nombreux maires de gauche prétendent revêtir le maillot jaune dans cette course qui tient en haleine des millions de spectateurs.

Confronté à ce déluge d’infamies, Libération ne pouvait rester inerte. Ce journal est, en effet, à la bien-pensance ce que le pape est à l’Église catholique et ce que Mahomet est à Allah. Il envoya un reporter dans une petite commune de la banlieue nantaise où un maire courageux avait fait bâtir des bungalows pour y accueillir des familles roms. Le but affiché était évidemment de balayer les miasmes lepénistes et vallsistes. Mais la bien-pensance a des rapports étroits avec la masturbation. Il paraît que la pratique intensive de cette dernière rend sourd. Peut-être… Mais il est en revanche tout à fait certain que l’usage frénétique de l’angélisme bien-pensant rend définitivement idiot.

Ainsi, le journaliste a interviewé le maire, ce Jean Valjean des temps modernes. Et voilà ce qu’il dit : « Nous avons fait savoir aux Roms qu’ils devaient “apprendre à parler le français, envoyer les enfants à l’école, saluer la maîtresse, ne pas chaparder, ne pas mendier au marché, etc." » !! Et le journaliste de préciser que ces règles « leur sont rappelées autant de fois que nécessaire ». Et c’est nécessaire souvent ?

Oui, vous avez bien lu. Tous ces clichés (chaparder, mendier) sont dans Libération. Voyons un peu ce que ça donnerait avec d’autres. Ladite petite commune accueillerait-elle des Juifs ? « Nous avons exigé qu’ils cessent de gruger leurs clients et de prêter de l’argent à des taux usuraires. » Les Arabes ? « Nous leur avons demandé de renoncer au trafic de drogues et de cesser de voler des portables. » Les Noirs ? « Nous les avons sommés de sortir de leur légendaire paresse et d’aller bosser plutôt que de vivre des allocs. »

C’est pas beau ça ? Comme on l’a dit, l’enfer, etc. Et dans le même article, ces propos rapportés par les bénévoles qui accompagnent (dressent ?) les Roms : « Leurs femmes sont très physiques, très charnelles » ! Ouh là ! Ça veut dire des putes ? L’autre jour, un gros titre barrait la une de Libération : « La presse assassinée ». Il s’agissait des deux journalistes tués au Mali. Le cas de Libération est moins dramatique : ils s’assassinent très bien tout seuls. Et là, ça nous éloigne beaucoup, beaucoup de Mozart…

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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