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Les 343 salauds et leurs détracteurs ont-ils lu Les Mille et Une Nuits ?
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Les joies du harem

Un esclavage, comme les trains, peut en cacher un autre. C'est pourquoi il est utile de lire ce chef-d'œuvre de la littérature arabe.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ce que nous connaissons des histoires racontées chaque nuit par la belle Shéhérazade au sultan, qui, envoûté par ses récits, renonçait à lui couper la tête, est à peu près aussi riche que les textes figurant sur un timbre-poste. Dans leur version intégrale - et non expurgée -, Les Mille et Une Nuits comptent pas moins de six tomes, admirablement traduits par un orientaliste belge du nom de Mardrus. J’en suis l’heureux possesseur depuis peu.

Un tel trésor ne peut pas ne pas être partagé. J’incite donc Mme Taubira (et accessoirement Mlle Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits de la femme) à plonger dans ces pages. Il est vrai que, rythmées par des « Allah le miséricordieux », elles frôlent parfois la monotonie. Mais on ne s’y ennuie quand même pas. À chaque page ça fornique, ça s’accouple et ça copule. Non, non, ce n’est pas pour ça que je recommande ce livre à Christiane Taubira et à Najat Vallaud-Belkacem !

On y décapite beaucoup et parfois on découpe au poignard. Ça fourmille d’esclaves : tous des nègres (dans le texte). Ils sont laids, affreux, répugnants, mais dotés d’une virilité exceptionnelle. Eh oui ! cette angoisse (qui a survécu jusqu’à notre époque contemporaine) du mâle blanc confronté à la supposée puissance sexuelle du noir date du XIIe siècle et a éclos dans l’Arabie pas si heureuse que ça ! Les femmes, elles, suscitent la même crainte. Toutes des s… ! Elles sont folles de leurs corps, avides d’étreintes à répétition. Il est vrai qu’au harem elles devaient supporter d’interminables attentes avant que leur seigneur et maître daigne - car il avait du monde à satisfaire - s’occuper d’elles.

Bien sûr que le rapport aux femmes a changé depuis dans le monde arabo-persan. Mais il reste quelque chose de la belle époque évoquée par Les Mille et Une Nuits. Ainsi, le Parlement de Téhéran vient de voter une loi autorisant les pères iraniens à épouser leurs filles adoptives dès l’âge de 13 ans. 13 ans, et déjà des s… !

Les Mille et Une Nuits ne nous cachent aucun détail sur les ravages du désir féminin. Dès que le sultan, l’émir ou le cheikh ont le dos tourné (une guerre, un voyage), elles s’adonnent à la plus abominable des débauches. Et avec qui ? Mais avec les esclaves ! Avec les nègres si virils et si infatigables. Bien entendu, avec Shéhérazade, la morale triomphe toujours, car la belle veut sauver sa peau. Le sultan, l’émir, le cheikh reviennent, apprennent la vérité sur ces horribles copulations et coupent la tête à tout le monde*.

Les Mille et Une Nuits, en dehors de leur aspect sanglant et érotique, demeurent une source utilement consultable par les historiens et par certains ministres. L’esclavage s’y étale comme le chose la plus naturelle du monde. Et les esclaves sont tous noirs. Il y en eu des millions et des millions razziés ainsi sur le continent africain par les tribus arabes. L’Europe, bien plus tard, a suivi le mouvement. L’esclavage a formé une tache honteuse sur la civilisation européenne.

Mais pas une tache indélébile, contrairement à ce qu’a voulu nous faire croire la loi mémorielle de Mme Taubira. Des hommes ont écrit, lutté et payé de leur vie par milliers (la guerre de Sécession aux États-Unis) pour abolir la honte esclavagiste. C’est à l’honneur de la civilisation européenne.

Il n’en est pas de même dans d’autres pays au passé esclavagiste jamais cités, jamais nommés. Pourquoi sommes-nous les seuls à devoir expier pour nos fautes ? Pourquoi sommes-nous les seuls à avoir mené un long et difficile combat pour l’émancipation des femmes après avoir libéré des esclaves des chaînes que nous leur avions mises ? J’ai pensé que Mme Taubira pourrait trouver quelques nouvelles lumières dans Les Mille et Une Nuits. J’ai donc appelé son service de presse pour proposer de lui envoyer mes précieux six tomes. On m’a répondu que la garde des Sceaux était occupée à lire La Case de l’oncle Tom.

* À la même époque, en Europe, les troubadours chantaient l’amour courtois. C’était joli. Il n’empêche que, s’agissant des femmes, les mâles chrétiens n’étaient pas loin de partager l’opinion de leurs ennemis musulmans. Ainsi, quand les chevaliers très-chrétiens partaient pour la croisade, ils obligeaient leurs épouses à porter des ceintures de chasteté. Pas très beau tout ça. Mais ça valait quand même mieux que de couper des têtes à leur retour.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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