Red Bull, bougies et cie : entre protection de la santé et revenus liés à de nouvelles taxes, le gouvernement a choisi<!-- --> | Atlantico.fr
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Les bougies parfumées et les bâtons d’encens jugés trop nocifs pourraient bientôt être interdits à la vente.
Les bougies parfumées et les bâtons d’encens jugés trop nocifs pourraient bientôt être interdits à la vente.
©Reuters

Fumisterie

Les bougies parfumées et les bâtons d’encens jugés trop nocifs pourraient bientôt être interdits à la vente par le gouvernement, pour qui ces produits sont une "préoccupation de santé publique". Une mesure aussi fantaisiste que la taxation des boissons énergisantes.

Hash H16

Hash H16

H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Billet initialement publié sur Hashtable, Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition.

Dans ma besace du jour, je n’ai pas eu beaucoup à chercher pour trouver deux jolies restrictions de liberté. L’une est toute mignonne : elle vient d’éclore, et elle pépie déjà joyeusement à l’oreille des contribuables. L’autre est encore en gestation, grossissant lentement à l’abri de tout regard critique. Rassurez-vous, peu importe le temps que prendra sa maturation, elle sortira un jour de sa coquille : ce gouvernement fait tout pour.

Cette jolie petite interdiction en préparation portera, ce n’est pas une blague, sur les bougies et les encens.

En effet, petits êtres chétifs aux poumons fragiles qui peuplent les bois et les villages de France, il faut le savoir : les grosses bougies parfumées et les encens bizarres vendus à prix d’or par Nature & Découverte pour plonger les appartements exigus des bobos parisiens dans une ambiance de souk afghan sont, en réalité, d’abominables vecteurs de substances toxiques pour la santé. Pouah. Berk.

Heureusement, le gouvernement songe fermement à les interdire, grâce à son fabuleux « plan d’actions sur la qualité de l’air intérieur » qui est une « préoccupation de santé publique ». C’est génial : après l’organisation de votre frigo, l’État s’arroge donc le droit de déterminer le parfum de votre salon et s’improvise un ministère de l’Air-Wick.

Bien sûr, de nombreuses et coûteuses études sont en cours pour décider quels produits sont les plus méchants, et le ministère de l’Écologie ne sera pas en retard pour dégoiser des conneries, pardon, émettre des arrêtés d’interdiction dans les prochains mois. L’idée est donc de trouver un produit à interdire, le truc, le muche, non le benzène, avec un taux maximal, mettons 3 kg par litre d’air. Bon, non, 3 kg ça fait trop, mettons un gramme. Comment, c’est encore trop ? Bon, disons 2 microgrammes par m³ et n’en parlons plus. On fera piloter cette belle interdiction indispensable à la sauvegarde des poumons citoyens par les ministères de l’Écologie, de la Santé et du Logement parce qu’à trois, ils feront plus de dégâts et de dépenses idiotes seront plus efficaces.

Apparemment, dans un récent rapport, l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS), que vous payez lourdement de votre poche pour ces clowneries consternantes, indiquait que, je cite avec un petit facepalm :

« les encens sont beaucoup plus émissifs que les bougies et leur utilisation semble présenter des risques même dans le cas d’un usage mensuel. L’utilisation d’encens pourrait présenter des risques aigus, chroniques et cancérogènes. »

Bien évidemment, cette mesure de « santé publique » — qui va occuper une bonne brochette de fonctionnaires excités du contrôle et une demi-douzaine de ministres, de chef de cabinets et d’autres branleurs de gabarit olympique — est justifiée par un coût, calculé sous le sabot d’un cheval grâce au Foutriac 2015 et son programme ministériel Pipothron v2, qui s’établit donc (je cite toujours, c’est démentiel) entre « 10 et 40 milliards d’euros par an. »

La précision de la mesure est bouleversante. Je laisse quelques secondes pour mes lecteurs afin qu’ils s’imaginent établir un budget ou une dépense avec un tel niveau d’exactitude. Une larme perle au coin de mon œil. C’est beau. Mais ce n’est pas tout. Si un gros paquet de milliards sont dépensés à cause de ces encens, l’Institut Calcul & Précision ajoute aussi sec qu’un bon milliard sert (je cite encore parce qu’on ne s’en lasse pas) « pour le remboursement des médicaments anti-asthmatiques. »

Des asthmatiques (qui se savent asthmatiques, donc) coûtent un bon milliard en médicaments, mais CES ESPÈCES DE CRÉTINS GLACOCÉPHALES CONTINUENT À FAIRE CRAMER DES PUTAINS DE BOUGIES PARFUMÉES DANS LEUR SALON ! Il faut absolument que cette folie cesse ! Il en va de la santé physique de la Nation et mentale du rédacteur de ce billet. Ouf, heureusement que les ministères de l’Écologie, de la Santé et du Logement se sont mis ensemble pour aboutir à cette idée de mesure.

Mais, comme je le disais en introduction, ce n’est pas tout.

En effet, pendant que certains ont manifestement un gros problème à justifier leur existence et se déchaînent dans des interdictions du plus haut débile, d’autres, tout aussi médiocres à expliquer leur présence sur Terre sans en passer par une entrée dans la CIM10 (le tableau des maladies), parviennent à nous taxer sur des boissons gazeuses « énergisantes ».

Jusque là, on est dans l’exercice normal du gouvernement et de la présidence socialiste hollandaise, qui veut que, exactement comme Sarkozy, tout ce qui peut être taxé devra l’être, le sera et plutôt deux fois qu’une.

Soit. À présent, ce qui est intéressant est de découvrir les raisons de cette taxation. Pratique, elles nous sont fournies par le député Gérard Bapt, qui n’aime rien tant que diminuer le pouvoir d’achat des gens, s’immiscer dans leurs habitudes de consommation, et pipeauter à l’assemblée pour justifier ses indemnités de toute façon bien trop grosses au vu de sa contre-performance globale à exister sans emmerder les autres.

Pour lui, c’est limpide : s’il faut ainsi taxer les boissons caféinées ou à base de taurine, c’est parce que (je cite toujours, c’est pratique, ces stupidités, pour situer l’ampleur de la lobotomie parlementaire) :

Il faut freiner l’augmentation des ventes qui ont progressé de 10% dans la grande distribution et de 30% dans les enseignes de hard discount.

Oui, on comprend déjà qu’un produit qui se vend, qu’y a-t-il de pire en France ? On commence comme ça et on termine avec un marché florissant ; mais bien évidemment, ce qui est vraiment gênant est surtout qu’apparemment, des cas de troubles cardiaques et neurologiques ont été identifiés par l’Agence de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation (Anses), et qu’elle en déconseille la consommation aux femmes enceintes, aux enfants et pendant une activité sportive. Autrement dit, notre aimable suceur de contributions publiques nous explique que cette boisson est, globalement, nocive.

Et parce que c’est nocif, au point de, je le rappelle, déclencher des troubles cardiaques et neurologiques (ce qui, de loin, ressemble tout de même à des choses un peu plus graves qu’un ongle pété ou des cheveux qui fourchent, hein), l’Assemblée a décidé, menée par ce fier guignol, … de taxer le produit.

Rappelons que les fumées d’encens et les bougies parfumées seront, elles, interdites.

La cohérence globale de l’édifice légal visant à la santé des citoyens est donc, de façon parfaitement officielle, une grosse blague qui mérite à elle seule qu’on arrête rapidement de payer ses impôts. Arrêtez ! Plus vous en payez, plus ces pitres, ces clowns et ces imbéciles en rajoutent !

Et cela va même plus loin. Puisque sont taxées les boissons dangereuses, on en vient à déduire que le travail est extrêmement dangereux puisqu’on le taxe très fort (l’étape suivante étant, comme les bougies parfumées, l’interdiction, qui je suppose ne saurait tarder).

Une fois ceci pris en compte, on n’a plus de mal à décrypter la politique jusqu’alors illisible du gouvernement en matière de lutte contre le chômage. De prime abord, on pourrait ainsi croire que si le travail, c’est tout de même super-taxé parce que super-dangereux, le chômage ne devrait pas être un sujet de désarroi pour toute notre classe politique. Comment comprendre que le ralentissement de la hausse, aussi petit, aussi bidon soit-il, puisse être un sujet de contentement des ministres du gouvernement, à l’instar de ce brave Sapin en carton qui déclarait tout récemment, je cite encore une fois parce qu’on ne se lasse pas de ces galéjades de bouffons :

« Le chômage est évidemment trop élevé. Il continue à augmenter globalement beaucoup moins vite. »

Puisque le chômage, par opposition au travail, est à ce point bénéfique, la perplexité était donc de mise devant ce que disent les ministres. Mais en réalité, lorsqu’on voit ce qu’ils font, la confusion s’évapore. L’épais brouillard s’estompe : oui, nos socialistes s’ingénient effectivement à trouver les méthodes les plus variées pour éviter à la population française de travailler et d’ainsi risquer sa belle santé (la meilleure de la planète et que tout le monde nous envie, dit-on) dans de périlleuses aventures éventuellement rémunérées.

Et voilà. Tout devient clair !

A. Plus c’est dangereux, plus c’est taxé.
B. Lorsque c’est vraiment trop dangereux, c’est interdit.
C. Les sodas sont donc taxés, le travail est donc très taxé.
D. S’il est vraiment trop dangereux, le travail sera bientôt, comme les bougies parfumées, interdit.

Mes amis, le paradis communiste est proche. Encore un petit non-effort, encore un peu moins de Red Bull, de travail, et de bougies parfumées et nous y serons.

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