Record d'impopularité : pourquoi le cas Copé n'est pas désespéré<!-- --> | Atlantico.fr
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"La fonction de chef de parti de l’opposition est une fonction très polémique pour laquelle diviser constitue presque un atout."
"La fonction de chef de parti de l’opposition est une fonction très polémique pour laquelle diviser constitue presque un atout."
©Reuters

Plus dure sera la chute

Près de trois quarts des Français ont une mauvaise opinion de Jean-François Copé, selon un sondage BVA publié dimanche dans le Parisien - Aujourd'hui en France. L'histoire, et notamment l'exemple de Nicolas Sarkozy, montre cependant qu'il est possible de rebondir pour retrouver la faveur des suffrages.

Frédéric Micheau

Frédéric Micheau

Directeur général adjoint d'OpinionWay et enseignant à Sciences Po, Frédéric Micheau est spécialiste des études d'opinion. Il est l'auteur, au Cerf, de La Prophétie électorale.

 

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Atlantico : L'impopularité dont souffre Jean-François Copé est-elle inédite ? Quels autres hommes politiques ont connu des difficultés comparables ?

Frédéric Micheau : Notre dernier sondage pour Paris Match relativise cette impopularité. Il montre que 39% des Français ont une bonne opinion de Jean-François Copé, qui figure en 29ème position de notre classement, devant des personnalités politiques de premier plan ou occupant des fonctions ministérielles comme Bruno Le Maire, Cécile Duflot, Stéphane Le Foll ou Claude Bartolone, mais derrière d’autres plus populaires, comme Valls, Lang, Juppé ou Delanoé. 

Mais d'autre part, 60% des personnes ont également une mauvaise opinion de lui. Jean-François Copé présente en effet un statut à la fois très visible et très clivant pour deux raisons. D'abord en raison de sa fonction de chef de parti de l’opposition, une fonction très polémique, pour laquelle diviser constitue presque un atout. Il est donc logiquement plus difficile d’être rassembleur dans cette position. L'autre élément résulte évidemment de l’épisode de la "guerre des chefs de l'UMP" de l’année dernière, au cours de laquelle il a subi une chute de popularité de 20 points, passant de 4 8% d'opinions favorables en novembre 2012 à 28 % en décembre.

A-t-il toujours eu un rapport compliqué à l'opinion, ou la situation s'est-elle récemment dégradée ?

Si l'on remonte dans le passé, à la création de notre baromètre en novembre 2003, 70% des gens ne connaissaient pas Jean-François Copé. En novembre 2004 ce chiffre était descendu à 60%. Jean-François Copé s'est réellement fait connaître à partir de 2005, en occupant diverses fonctions ministérielles qui l’ont mis progressivement sous les feux médiatiques. Mais même à l’époque, il est resté à l’arrière-plan de la visibilité politique, malgré des fonctions politiques importantes. Aujourd’hui ce problème de visibilité est résolu, seul 1% de la population ne le connaît pas. 

Mais sa popularité n'a jamais atteint de niveaux particulièrement élevés. Son plus haut date ainsi de novembre 2010 avec 53% d'opinions positives, un score équilibré mais qui reste loin des niveaux des premiers du classement. La situation s’est dégradée il y a un an au moment de l'élection du président de l'UMP, car pendant la campagne sa popularité tournait encore autour de 48%. Jean-François Copé a alors perdu 20 points, mais a reconstruit patiemment cette popularité depuis cet épisode. Dans notre dernier sondage en octobre, il obtient ainsi 39 % de popularité et séduit en particulier l'électorat féminin, les plus jeunes (53 %) et les plus âgés (52 %). Ses meilleurs scores se retrouvent chez les catégories populaires plutôt que les cadres et les professions intermédiaires et évidemment à droite, surtout à l’UMP (67 %) et beaucoup moins à l’UDI.

Comment l'expliquer ? Qu'aurait-il fait de comparable à des Mitterrand ou Sarkozy pour s'attirer les foudres de l'opinion ? Que paie-t-il ?

Jean-François Copé paie très surement sa gestion de l'élection pour la présidence de l'UMP, elle-même précédée, pendant la campagne, de l’épisode du pain au chocolat, qui avait créé une polémique médiatique et l'avait positionné sur une ligne politique plus droitière que son concurrent François Fillon. L'opinion conserve de cet épisode le sentiment d'un vote disputé à l'issue duquel Jean-François Copé s'est trop précipité pour annoncer sa victoire. Ces scores reflètent sans doute également sa ligne politique droitière, comme l'illustre encore récemment sa volonté de relancer le débat sur le droit du sol. Mais surtout, ces chiffres sont inévitablement liés à sa fonction de chef de parti. Son public-cible reste en effet composé des électeurs, des sympathisants et des adhérents de l'UMP auxquels ils s’adressent en priorité.

Peut-il remonter la pente ? Est-il toujours nécessaire d’être populaire pour avoir un destin national ?

Oui, il a d'ailleurs déjà commencé à la remonter, en reconstruisant patiemment sa popularité et en grignotant 10 points depuis un an. Mais il est beaucoup plus difficile de rebâtir une popularité que de perdre des points auprès de l'opinion. Historiquement, des précédents prouvent que l'on peut tout de même y arriver. Prenez l'exemple de la traversée du désert de Nicolas Sarkozy en 1999 après les européennes perdues. Il a dû s'imposer une cure médiatique d’un an de silence afin de se faire oublier et de prendre du champs pour se réinventer un nouveau personnage et se présenter sous un nouveau jour devant l’opinion publique. Mais ce scénario apparaît plus difficile pour Copé car celui-ci est en fonction. Pour lui, la rédemption peut par exemple venir d’un succès électoral, notamment lors des municipales de 2014. Si nous assistons à un raz-de-marée bleu, ce succès sera porté à son crédit et lui permettra peut-être de redorer son blason.

Au niveau national, des précédents historiques montrent qu'il n'est absolument pas nécessaire d'être populaire pour être élu. Les cas inverses existent à l'image de Simone Veil, de Bernard Kouchner ou de Jacques Delors, qui étaient très populaires à un moment donné mais n'ont jamais pu être candidat à l’élection majeur. Il n'existe pas de lien automatique entre la popularité et les résultats d'une élection : on vote pour le plus compétent, pas pour le plus populaire.


Propos recueillis par Pierre Havez

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