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"Un siècle de Unes" : pourquoi la télévision et la radio ne sont pas venues à bout de la force d’un titre bien écrit
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Le poids des mots

La sortie d'un ouvrage sur les grandes Unes de la presse française au XXe siècle permet de comprendre l'importance de la presse écrite dans la construction des évènements et de l'image que l'on en garde.

Christian de Villeneuve

Christian de Villeneuve

Christian de Villeneuve est journaliste. Il a dirigé de nombreux titres de la presse française

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Atlantico : Dans votre livre Le XXème siècle à la Une, vous avez compilé des Unes de journaux qui retracent les grands évènements du XXème siècle « de l’affaire Dreyfus au 11 septembre 2001 » et leur traitement par les médias. Quels sont les choses que vous retenez tout particulièrement de votre travail pour la création de ce livre ?

Christian de Villeneuve : Dans ce livre, il y a plus de 200 Une qui illustrent selon moi parfaitement le rôle de la presse, et de la presse quotidienne en particulier, qui a scandé l’évolution de la société. Bien souvent, on constate que ce sont ces Unes qui ont faits les évènements et qui ont à leur manière faite l’histoire de notre pays. Ce qui illustre le mieux cela est bien sûr la Une « J’accuse » de Zola !

Au début du siècle, certaines de ces Unes sont des gravures, presque des œuvres d’art comme celle de la bande à Bono. Certaines au contraire sont extrêmement écrites, pleines de contenu et pas seulement de titres. Progressivement, avec l’apparition de la photo notamment, on constate toutefois que les Unes sont devenues de plus en plus souvent des « Unes affiche », laissant la part belle à l’image à partir de la moitié du XXème siècle.

Quelle évolution constate-t-on de la presse française ? Fait-elle toujours autant l’événement et le débat aujourd’hui ou est-elle devenue une presse de « suiveurs » ?

Au début du siècle, la presse écrite était en situation de quasi monopole quant à la diffusion de l’information, d’où son rôle bien particulier et très central. Pourtant, malgré l’apparition de la télé, de la radio puis d’internet sous certaines de ses formes, je crois qu’aujourd’hui encore les Unes des grands quotidiens donnent le « La » de l’information. Le papier, est plus largement l’écrit, demeure le référent. Le monopole n’existe plus mais la presse écrite a conservé son leadership éditorial ! J’ai fait dans ma vie des milliers de Unes - et je dois admettre que j’ai toujours aimé entendre repris à la radio ma manchette ou mon titre – et je crois que les quotidiens du matin sont encore de très importants véhicules idéologiques dans l’information générale.

Comment avez-vous sélectionnées ces Unes ? Qu’avez-vous voulu leur faire dire ?

Ce que nous avons voulu faire n’est pas un livre sur l’histoire de la presse mais plutôt un ouvrage qui essaie de recenser comment les grands évènements ont été traités par les médias. Et c’est donc la raison pour laquelle, sur la période de l'entre-deux guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale, nous avons choisi de mettre des Unes de journaux ouvertement collaborationnistes ou antisémite, car c’est un important élément d’information que de voir ce qui pouvait s’écrire à l’époque.

Quel constat faites-vous de l’évolution de la liberté d’expression dans la presse ? Et de celle de diversité des opinions défendues ?

En dehors de l’épisode de la Second Guerre mondiale au cours duquel il n’y avait plus de véritable presse libre, où de nombreux journaux se sont arrêtés de paraître, etc., globalement, la liberté de la presse va grandissante dans notre pays.

Les vecteurs de l’information et de l’opinion sont très diversifiés aujourd’hui, par l’audio-visuel d’une part, mais aussi et surtout par internet d’autre part ! Ces vecteurs sont peut être « moins » officiels mais ils n’ont jamais été aussi divers tant par le nombre que par les idées.

La vraie question qui se pose aujourd’hui pour nous journalistes, c’est : qui fait l’opinion ? Est-ce que ce sont les quotidiens, les journaux télévisés, les éditoriaux ou encore le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux ? C’est là que tout se joue.

Le XXe siècle à la une : De l'affaire Dreyfus au 11 septembre 2001, 200 unes de presse témoignent, de Christian de Villeneuve, Vincent Laudet et Serge Laget. Pour acheter cet ouvrage, cliquez ici.

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