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Le parti Ennahda et l’opposition devaient entamer mercredi un mois de négociation.
Le parti Ennahda et l’opposition devaient entamer mercredi un mois de négociation.
©Reuters

Nouveau départ

Depuis le 25 juillet dernier et l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi, la Tunisie vit sous haute tension. Manifestations, controverses politiques, chômage, violences : retour sur les causes et les effets de la crise tunisienne.

Atlantico: Le parti Ennahda et l’opposition devaient entamer mercredi un mois de négociation pour sortir la Tunisie du marasme politique dans lequel elle s’embourbe depuis le meurtre du député d’opposition Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier. Où en est aujourd’hui la Tunisie ? Quelles sont les principales causes de la crise politique tunisienne ?

Chérif Ferjani : Après plusieurs volte-faces, le gouvernement dominé par le parti Ennahda a fini par accepter les conditions du Quartet (Syndicats des travailleurs et des patrons, Ligue des Droits de l'Homme, Ordre des avocats) et de l'opposition en envoyant une lettre où il s'engage à démissionner conformément au calendrier fixée par la feuille de route encadrant cette nouvelle étape du dialogue national. Il a fallu pour cela une pression ferme et sans précédent de la société civile, de l'opposition, des députés retirés de la Constituante au lendemain de l'assassinat de l'un des leurs, Mohamed Brahmi, des syndicats des forces de sécurité attaquées par les groupes terroristes bénéficiant de la complicité du gouvernement et des dirigeants d'Ennahda. C'est ce qui a permis au dialogue reprendre le 25 octobre 2013, deux mois après l'assassinat du constituant Mohamed Brahmi et deux ans et deux jours après la fin du mandat de l'Assemblée Constitutionnelle qui n'a accompli aucune des tâches que lui a fixées la loi électorale convoquant les élections dont elle est issue.

Si la feuille de route que tous les participants au dialogue ont acceptée est respectée, une personnalité indépendante sera désignées lors de la première semaine pour présider le gouvernement de compétences chargé de gérer cette ultime étape de la transition jusqu'aux prochaines élections qui doteront le pays d'institutions démocratiques stables ; le nouveau gouvernement sera formé dans la deuxième semaine du dialogue et l'actuel gouvernement démissionnera lors de la troisième semaine.

Pendant ce temps, l'Assemblée Constitutionnelle, aidée par des commissions d'experts, finira ses tâches au bout de quatre semaines (terminer la rédaction de la constitution et la désignation des membre de l'Instance Supérieure Indépendante qui aura la charge d'organiser et de superviser les prochaines élections, et le vote des lois électorales pour ces élections). Durant cette période le Parti Ennahda est capable de faire de nouvelles manœuvres dilatoires. Pour éviter cela, il faut que la pression, qui a obligé les islamistes à capituler, soit maintenue avec la même force et la même vigilance. La mobilisation de la société civile et des forces démocratiques est importante pour la réussite du dialogue en cours ; elle en est une condition primordiale ; car, comme on l'a vu lors des précédentes étapes du dialogue national, chaque fois où elle a faibli, le parti Ennahda en a profité pour faire marche arrière. 

Vincent Geisser : Il est clair qu’aujourd’hui l’optimisme et l’unanimisme patriotique des premiers mois qui ont suivi la chute du régime de Ben Ali ont cédé la place à un profond pessimisme et un climat anxiogène qui gagnent toutes les couches de la population. Les vieux fantômes du passé resurgissent et la bipolarisation islamistes/sécularistes, que l’on croyait pourtant définitivement enterrée, domine aujourd’hui l’essentiel des débats publics et des stratégies politiques. Les raisons de cette crise sociopolitique sont multiples. Une société ne sort jamais totalement indemne de cinquante ans de dictature. De ce point de vue là, on peut dire que l’état de crise actuel est inhérent à la transition elle-même, au passage d’un mode de légitimation à un autre. Une transition n’est jamais un accouchement sans douleur. La révolution de janvier 2011 a entraîné un ébranlement de toutes les repères.

Il est encore trop tôt pour parler de « réussite » ou « d’échec » de la démocratisation en Tunisie car c’est nécessairement un processus long qui n’exclut pas des formes de « résiliences autoritaires » et des tentations de retour à l’ordre ancien. Mais l’une des raisons majeures de la crise politique tient probablement à l’incapacité des différents gouvernements à résoudre les problèmes économiques, à réduire les inégalités sociales et à juguler les fractures territoriales. A ce niveau, la majorité actuelle, comme les oppositions libérales et de gauche, sont dans une situation d’impuissance : elles n’ont absolument rien à proposer au peuple tunisien. Les habitants des régions sinistrées, qui ont été le fer de lance de la révolution, ont le sentiment d’être délaissées par les « politiciens » de Tunis, islamistes ou non. Elles se sentent peu concernées par les jeux politiques au sommet et ont tendance à renvoyer dos à dos gouvernement à majorité islamiste et oppositions. Sur ce plan, la classe politique tunisienne dans son ensemble apparaît totalement déconnectée du pays profond et des attentes de la population.

Au-delà du politique, quels sont les différents plans de la crise tunisienne ?

Chérif Ferjani :Les islamistes d'Ennahda ont procédé, dès le lendemain des élections, à un coup d'Etat rampant comme l'ont fait les Frères Musulmans en Egypte. Cela a commencé par le refus de respecter le délai prévu par la loi électorale pour le mandat de l’ANC. Puis, ils l’ont poursuivi avec l’adoption de la Loi de l’Organisation Provisoire des Pouvoirs (la petite constitution) qui a donné à l’ANC des pouvoirs non prévus par son mandat, créant ainsi une forme de gouvernement parlementaire absolu unique en son genre puisque sans aucun contre pouvoir. Avec cette loi, on est passé à un pouvoir absolu du parti hégémonique au sein de l’ANC. Ils sont allés jusqu’à déclarer, sans gêne, au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd, que la plus haute instance du pays était le Conseil de Consultation de leur parti qui joue le rôle du comité central des partis-Etat dans les régimes totalitaires.

En effet, cette instance dicte leur conduite à l’ANC et au gouvernement. C’est de ce nouvel absolutisme que procèdent tous les autres aspects du coup d’Etat rampant imposé par Ennahda : prolongation et extension des pouvoirs de l’ANC et des institutions qui en sont issues (Présidence de la République et gouvernement), limogeages des compétences et nominations partisanes à tous les niveaux de l’administration, dans les collectivités publiques et territoriales, dans les médias, les services et les entreprises, etc., dans le but de se soumettre tous les rouages de l’Etat et des commandes de tous les secteurs stratégiques nécessaires à la pérennisation du pouvoir des islamistes et à l’accaparation des ressources et des richesses du pays par les nouveaux gouvernants et leurs proches. En moins de deux ans, ils ont fait plus de mal que la dictature de Ben Ali en 23 ans. La politique menée dans le cadre de ce coup d'Etat rampant a conduit le pays au bord de la faillite et de l’explosion :

- Sur le plan économique, l’insécurité et l’absence d’un agenda et d’échéances claires pour la fin de la transition, ont découragé les entreprises étrangères comme les entreprises du pays d’investir et de réaliser les projets dont la relance de l’économie a besoin. Tous les secteurs de l’activité économique ont régressé, du tourisme à l’industrie et aux activités artisanales, agricoles et tertiaires. Le déficit de la balance commerciale s’est accru, la dette ne fait que grimper, les réserves en devises ont fondu, l’inflation a entamé la valeur de la monnaie nationale et le pouvoir d’achat des classes populaires ; la classe moyenne s’en trouve menacée de disparition. La notation de classement de compétitivité (Davos) a fait passer le pays du 40ème au 83ème rang, les finances de l’Etat sont au bord de la faillite, la contrebande s’est développée au détriment des activités économiques productrices d’emplois et de richesses, etc.
- Sur le plan social, les taux de pauvreté et de chômage, notamment celui des jeunes et dans les régions défavorisées d’où la révolution est partie, sont sans précédent ; le pays compte plus de 850.000 sans emploi. La détérioration des conditions de vie favorise le développement de la délinquance, des crimes et des différentes formes de violence. La scolarisation recule et les maladies contagieuses sont réapparues, de l’hépatite à la rage et à la tuberculose en passant par la gale et la malaria.
- Sur le plan sécuritaire, la violence politique pratiquée par des groupes armés bénéficiant de la protection, de la complicité et de la complaisance d’Ennahda, est devenue un véritable danger pour la sécurité du pays et de la population ; elle n’épargne ni les partis de l’opposition et les expressions organisées de la société civile, ni les militants politiques et associatifs, ni les journalistes et les artistes, passant des agressions lors des manifestation et des menaces aux assassinats politiques et aux attentats meurtriers qui continuent à faire des victimes dans les rangs des forces de sécurité et de l’armée. L’infiltration des services du Ministère de l’Intérieur par une sécurité parallèle liée aux milices du parti d’Ennahda et aux groupes jihadistes contribue au développement d’un climat d’insécurité dangereux pour le devenir du pays.
Sur le plan politique, aucune des missions attendues du pouvoir pendant cette phase ultime de la transition n’a été réalisée : ni la rédaction de la constitution, ni la promulgation des lois électorales pour les prochaines échéances, ni la mise en place de l’instance indépendante qui devra superviser les prochaines élections. De même, la justice transitionnelle a tourné à une instrumentalisation de la justice pour blanchir ceux qui acceptent de collaborer avec les nouveaux gouvernants et faire du chantage aux récalcitrants, et pour distribuer les privilèges et les compensations aux seules victimes islamistes de la répression de la dictature déchue.

Vincent Geisser : L’incertitude permanente est devenue aujourd’hui contreproductive, porteuse de désordres sociaux et objet de surenchères politiques. Elle laisse le champ libre à la violence politique et accélère le processus de bipolarisation islamistes/sécularistes qui est largement artificiel. Sur ce plan, les islamistes ont pêché par excès de confiance. Ils ont cru que parce qu’ils avaient une majorité électorale (toute relative), ils pouvaient gouverner le pays seuls, en faisant fi des autres composantes politiques, philosophiques et syndicales de la population. Ils ont aussi parfois eu tendance à se glisser dans le gant de l’autoritarisme du passé, en faisant preuve d’autisme et en reprenant à leur compte les « vieilles recettes » du parti unique. Il est de vrai que, de leur côté, les opposants ne leur ont pas facilité la tâche en idéologisant systématiquement les débats publics et en versant parfois dans un anti-islamisme caricatural digne de la période Ben Ali.

A ce niveau, la crise incombe à l’irresponsabilité de l’ensemble des acteurs politiques tunisiens (majorité islamiste comme oppositions) qui n’ont pas été à la hauteur des défis de la transition politique et surtout des attentes sociales et économiques de la population. Aujourd’hui, le seul plan de sortie de crise semble être une neutralisation provisoire des enjeux politiques et l’adoption d’un calendrier constitutionnel et électoral précis. Le pays ne  peut vivre éternellement dans un climat d’incertitude politique et d’instabilité institutionnelle qui profite inévitablement aux radicaux et aux apprentis sorciers à barbes ou imberbes (salafistes et nostalgiques de l’ancien régime) qui misent sur une stratégie du chaos et font tout pour faire échouer la transition démocratique.

Le meurtre de sept policiers tunisiens jeudi 24 octobre a engendré de nouvelles manifestations de la part de l’opposition. Les milliers d’opposants présents place Bourguiba ont demandé une démission du gouvernement alors que la veille, Aly Larayedh s’était lui-même engagé sur le principe d’une démission. Est-ce une solution envisageable ? Le parti Ennahda pourrait-il se retirer du pouvoir pour apaiser les tensions ?

Chérif Ferjani : Le parti Ennahda et les islamistes ont prouvé qu'ils sont sans foi ni loi. Leur gouvernement n'a accepté de s'engager à démissionner que sous la pression de la rue, de l'opposition des forces de sécurité et de l'armée après les victimes du terrorismes dont le nombre a dépassé la trentaine depuis le début de l'année et la découverte des caches d'armes de guerre de toutes sortes (kalachnikovs, mitraillettes, voitures piégées, ceintures d'explosifs, etc.) et a multiplication des attentats partout dans le pays. Il y a aussi les pressions internationales (des Etats-Unis, de la communauté européenne et de l'Algérie) qui mettent en garde contre les dangers d'une évolution à l'Egyptienne. Ali Laarayedh ne s'est clairement engagé à la démission de son gouvernement que dans la lettre qu'il a envoyé le 25 octobre à la demande expresse de l'opposition et des expressions de la société civile. Le parti d'Ennahda ne partira du pouvoir que sous la pression, contraint et forcé. Son départ est indispensable pour sortir le pays de l'impasse dans laquelle sa politique irresponsable l'a conduit. Il n'y a pas d'autre solution. 

Vincent Geisser : D’un point de vue démocratique et même constitutionnel, rien n’oblige la majorité islamiste à démissionner avant les prochaines élections. Le parti Ennahda a remporté les élections du 23 octobre 2011 et il apparaît logique qu’il reste au pouvoir jusqu’au prochain scrutin. Mais cette légitimité électorale est aujourd’hui affaiblie, voire annihilée, par l’état de crise permanente qui entraine un blocage des institutions. A une situation d’exception, il faut donc une réponse d’exception, comparable à ce que la France a pu vivre en 1958 au moment de la crise algérienne qui a fini par emporter la Quatrième République. La neutralisation provisoire des enjeux politiques et le retrait des islamistes apparaît comme le seul plan de sortie de crise réaliste. Mais il ne peut être que temporaire (le temps de l’adoption d’une nouvelle constitution et de l’élection d’une nouvelle assemblée). Le recours à un gouvernement « technocratique » est une solution à court terme qui pourrait même s’avérer anti-démocratique si elle perdurait. Les Tunisiens n’ont fait pas la révolution en 2011 pour être gouvernés par des technocrates en 2014 mais bien par des démocrates issus du suffrage universel.

Cette situation est-elle révélatrice de l’échec du parti islamiste Ennahda?  A terme, et face à la contestation populaire, la Tunisie pourrait-elle se retrouver dans une situation similaire à celle de l’Egypte (coup de force militaire et décapitation du parti islamiste au pouvoir) ?

Chérif Ferjani : J'ai montré plus haut les échecs des islamistes en Tunisie. Partout où les islamistes ont accédé au pouvoir, ils ont échoué, même en Turquie, longtemps donnée comme un modèle avec l'AKP, où les explosions de l'été dernier ont révélé les limites de de la réussite de ce parti. La mobilisation de la société civile et l'unification des forces de l'opposition, sur la base de la feuille de route du Quartet, a empêché Ennhahda de conduire le pays à un affrontement comme celui qui a compromis, du moins pour le moment, le processus de transition démocratique en Egypte. Les islamistes préfèrent être mis à la porte par un coup d'Etat qui ferait des victimes que par une sanction démocratique de leurs échecs. C'est ce que l'opposition démocratique et les expressions organisées de la société civile ont réussi jusqu'ici à éviter en imposant à Ennahda un dialogue national pour assurer la réussite de la transition démocratique et l'organisation d'élections libres et transparentes.

Vincent Geisser : Il n’existe pas en Tunisie d’acteur comparable à l’armée égyptienne, capable d’orchestrer une reprise en main sécuritaire du pays. L’armée tunisienne n’a pas la même trajectoire historique que l’armée égyptienne et ses ressources symboliques et sociales sont relativement faibles. Quant au ministère de l’Intérieur, présenté souvent comme l’institution sécuritaire n°1 en Tunisie, il est extrêmement fragmenté, divisé et traversé par des courants divers.

Pour ces raisons, les acteurs politiques et syndicaux tunisiens n’ont d’autre choix que de s’orienter vers un compromis institutionnel et une solution pacifique et négociée, faute de quoi on peut craindre le pire, à savoir : la généralisation de la violence politique qui profiterait directement aux clans nostalgiques de l’ancien régime et aux salafistes radicaux. La chance de la Tunisie est de ne pas avoir une armée forte, capable de fomenter un coup d’Etat à l’instar de ce qui s’est passé en Egypte. La figure du général Sissi n’a pas d’équivalent en Tunisie. Et personne ne souhaite véritablement le retour d’un « Ben Ali bis ». Le coup d’Etat de novembre 1987 n’a pas laissé de bons souvenirs et plus personne n’oserait proposer un tel scénario qui a plongé la Tunisie dans une « douce dictature » durant vingt trois ans. Mais cette chance d’un compromis historique et d’un dépassement du clivage islamistes/sécularistes, si elle n’est pas saisie par les acteurs politiques et syndicaux tunisiens, pourrait aussi se transformer en chaos.

Comment imaginer une sortie de crise ? Qui seraient alors les acteurs d’une nouvelle politique tunisienne ?

Chérif Ferjani : La sortie de la crise passe par la réalisation de la feuille de route encadrant le dialogue qui vient de reprendre. En attendant les prochaines élections présidentielles, législatives et municipales, le gouvernement de compétences présidé par une personnalité indépendante devra, outre la conduite des affaires courantes jusqu'à la tenue de ces élections auxquelles, offrir les moyens et les conditions les plus favorables sans s'en mêler, comme cela s'est passé dans la période précédant les élections de l'assemblée constitutionnelle. Il devra aussi répondre aux demandes sociales et de sécurité les plus urgentes pour venir en aide aux populations et aux régions les plus défavorisées et relancer l'économie du pays.

La Tunisie a les compétences et les moyens de relever ces défis à la condition que les islamistes soient empêchés de continuer leurs nuisances. Il ne s'agit ni de les remettre en prison pour leurs idées, ni de les exclure du champ politique. Ils constituent une composante du paysage politique qui a sa place à côté d'autres courants, à condition qu'ils respectent les règles de la démocratie. L'opposition démocratique unie dans le cadre du Front de Salut ou de grands rassemblements politiques, sur la base d'objectifs et de programmes qui commencent à prendre corps sous la pression de la société civile, a les moyens de rivaliser avec les islamistes et de permettre l'alternance indispensable à la mise en place d'un système démocratique viable. Si la Tunisie réussit ce tournant, sans une intervention étrangère et sans recours à des institutions au dessus de la société (comme la monarchie au Maroc, l'armée en Turquie et en Egypte), ce sera une expérience fondatrice pour tout le monde arabe, comme l'était sa révolution contre la dictature de Ben Ali. Ce sera aussi une victoire pour tous les démocrates et pour les forces du progrès en Afrique et dans le monde. 

Propos recueillis par Clémence Guinard

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