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Les hommes, grands oubliés de la prévention du cancer du sein
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Aux oubliettes

Les campagnes de prévention contre le cancer du sein ne s'adressent qu'aux femmes, oubliant les 1 à 2% d'hommes - parmi tous les cas de cancers - concernés par la maladie. Cela s'explique par la rareté de la maladie chez la gent masculine.

Jacques Saglier

Jacques Saglier

Jacques Saglier est chirurgien plasticien, spécialiste du cancer du sein auquel il a consacré plusieurs livres.

Il est l'auteur de Cancer du sein : Questions et réponses au quotidien (2009) ainsi que La femme et le cancer du sein (2005, éditions Odile Jacob). Il vient de publier Cancers du sein : nouveaux traitements, nouveaux médicaments (2014, Odile Jacob). 

Son dite personnel : www.drjsaglier.com

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Atlantico : Un Américain de 72 ans a récemment survécu à un cancer du sein grâce à une détection précoce. Il a exprimé sa colère contre les campagnes de prévention qui semblent délaisser les hommes alors que le dépistage est fondamental dans la guérison de la maladie. Pourquoi la prévention du cancer du sein chez les hommes est-elle aux abonnés absents ?

Jacques Saglier : Il ne faut pas confondre dépistage et prévention. Un dépistage permet de faire un diagnostic précoce et la prévention de traiter en amont de l’arrivée d’un cancer mais on a peu de moyens de prévention du cancer. Ce monsieur a dû bénéficier d’un dépistage qui a permis un diagnostic précoce.

Le cancer du sein chez l’homme représente 1 à 2% de tous les cancers du sein, il y en a quelques centaines en France mais il n’est pas fréquent. Peu de choses justifient qu’on fasse un dépistage du cancer du sein chez l’homme dans la population générale. Pour le cancer de la prostate, on peut très bien faire une campagne de dépistage car la maladie est fréquente. Moins il y a de cas concernés, moins la campagne aura d’efficacité. Un dépistage est coûteux pour la collectivité, il faut que ce coût soit utile.

Le cancer du sein est-il différent chez l’homme et chez la femme ?

Non. Il s’agit de la même maladie. L’homme a aussi une glande mammaire qui ne se développe pas à la puberté mais qui, à la naissance, est identique à celle de la femme. Un cancer du sein chez l’homme présente les mêmes caractéristiques qu’un cancer du sein chez la femme. La seule différence est que chez l’homme, il est potentiellement plus grave. Il s’agit de tumeurs que l’on voit à un stade plus avancé car les hommes ne se palpent pas, ne pensent pas à cette maladie car elle n’est pas connue. Le volume du sein chez l’homme étant faible, les tumeurs sont visibles à un stade plus avancé.

Quels sont les facteurs de risque de la maladie pour l’homme ?

Non. Il y a un certain nombre de facteurs de risque que l’on connait chez les femmes liés aux hormones féminines, au fait d’avoir des enfants ou non, à la précocité des premières règles ou encore à la ménopause. Il y a par contre un facteur que l’on commence à bien connaître, c’est le facteur familial chez l’homme. On est maintenant en mesure d’établir si le patient est porteur d’une mutation quand il y a de nombreux cas dans une famille. Il y a un type de mutation : le gène de susceptibilité au cancer du sein BRCA2 qui peut être trouvé de façon importante chez les hommes porteurs d’un cancer du sein. Il faut savoir le rechercher.

Quel rôle joue le dépistage dans le cancer du sein chez l’homme ?

On ne peut pas concevoir de dépistage systématique du cancer du sein chez l’homme car il s’agit d’une maladie extrêmement rare. Autant, le dépistage est très justifié chez la femme car la maladie est extrêmement fréquente et touche environ une femme sur huit dans la population.

Autant, chez l’homme la rareté de la maladie laisse penser qu’il est illusoire d’organiser un dépistage automatique. En revanche, il faut consulter lorsque l’on a des raisons de penser qu’il y a un problème quelconque.

Faut-il encourager les politiques à faire davantage de prévention et de campagnes concernant le cancer du sein chez l’homme ?

Je le répète mais chez l’homme, il n’y a aucun intérêt. Par contre, chez les femmes, les campagnes de dépistage fonctionnent très bien et sauvent beaucoup de vies. 

Propos recueillis par Karen Holcman

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