Fabrice Cousté – CMC Markets : "Le dollar est en train de s'affaiblir et l'euro en profite" <!-- --> | Atlantico.fr
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Fabrice Cousté - Directeur général de CMC Markets France
Fabrice Cousté - Directeur général de CMC Markets France
©CMC Markets

L'interview Atlantico Business

L'euro grimpait nettement vendredi matin à 1,3818$, un taux jamais vu depuis deux ans, résultat d’une semaine de hausse non-stop. La plupart des analystes estiment que la monnaie unique pourrait encore monter jusqu’à 1,40$ voire plus. Pour Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets en France, cet euro fort s’explique avant tout par les mauvais résultats américains en matière d’emploi et de gestion du shutdown.

La parité euro/dollar atteint un écart important, est-ce l'euro qui est trop fort ou le dollar qui est trop faible ?

Le dollar est en train de s'affaiblir et l'euro en profite et ce, pour plusieurs raisons. La première, c'est que l'État américain a souffert du shutdown. Le fait que le congrès ne puisse pas se mettre d'accord jusqu'au dernier moment sur la dette a affaibli la crédibilité des États-Unis et cela se répercute sur la devise. La deuxième raison, c'est le coup d'accélérateur que l'on a eu avec les chiffres de la création d'emploi qui sont en berne par rapport à ce qui était attendu. Cela démontre que la zone n'est pas aussi en forme que l'on pouvait l’imaginer, il y a un donc un dégagement des investisseurs qui se replient sur l'euro. Enfin, la troisième raison vient plutôt du côté européen, où Mario Draghi, le président de la BCE, a déclaré que l’on n’aurait pas forcement besoin d'une nouvelle injection de liquidité dans l'économie. Les investisseurs anticipent donc un nouvel ajustement des taux directeurs, et dans ce cas de figure il y a aussi une pression qui se fait sur l'euro/dollar.

Quelles peuvent-être les conséquences ?

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'à chaque fois que l'on augmente de 1 ou 2 centimes la valeur, cela pénalise nos exportations. Notamment pour les grands exportateurs comme les avionneurs. On se souvient que, lorsque l'euro avait touché les 1,37$ en février dernier, Mario Draghi avait tiré la sonnette d'alarme et commencé à dire que ça pouvait être pénalisant pour le marché européen. Il faudrait que cela se stabilise autour de 1,35$ car nous sommes véritablement dans une situation où la monnaie est trop chère par rapport à la réelle force économique de la zone euro. On est plutôt face à un "euro allemand" mais certainement pas un euro viable pour des économies comme l'Espagne, la Grèce, l'Irlande, le Portugal...

Justement, doit-on intervenir et quelles manières ?

C'est une question complexe dans la mesure où un euro fort n'a pas forcement que des inconvénients. Sur les exportations, cela nous force à être meilleur ou à fabriquer des produits qui soient plus attirants. C'est typiquement le cas des Allemands. En revanche, si un produit est de moyenne qualité, on préférera un produit en dollar car il sera moins cher. Le deuxième élément, c'est que si vous achetez en dollar, mine de rien, votre iPhone vous coûte moins cher. La facture énergétique s'en trouve également beaucoup allégé, là aussi un facteur de compétitivité. Donc intervenir ou pas, c'est un vieux débat d'économiste. Ce qu'il faut surtout comprendre, c'est que la vigueur d'une monnaie est sensé représenter la force de son économie sous-jacente. Le problème, en Europe c’est que l'on a des économies sous-jacentes et qui ne sont pas les mêmes. Si ça arrange l'Allemagne, ce n'est pas forcement supportable pour les pays du Sud. Je crois donc que si les gouvernements haussaient un peu le ton cela suffirait à enlever un peu de vigueur spéculative et l'on pourrait retomber vers les 1,35$.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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