Comment en une phrase sur l'inflation, Moscovici trahit l'incohérence de sa pensée économique<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
"Vouloir une reprise de la croissance tout se félicitant de la maîtrise de l’inflation est synonyme d’une incompréhension complète du phénomène économique."
"Vouloir une reprise de la croissance tout se félicitant de la maîtrise de l’inflation est synonyme d’une incompréhension complète du phénomène économique."
©Reuters

Dans le flou

En prétendant vouloir une reprise de la croissance tout en maîtrisant l'inflation, Pierre Moscovici a fait la démonstration de l'existence d'une pensée économique révolue au sein du gouvernement et donc à la tête de notre économie. Difficile alors de traiter correctement une crise aussi profonde que celle que nous vivons.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

Voir la bio »

Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances était l’invité de Christophe Barbier et de Bruce Toussaint sur I-Télé le 24 octobre. Une question de téléspectateur est posé : “Qu’à fait le gouvernement pour la classe moyenne ?”. La réponse délivrée par le ministre sera révélatrice d’une pensée économique révolue, dont Pierre Moscovici n’est évidemment pas responsable, mais qui est une cause profonde du marasme économique européen et de l’incapacité du gouvernement à obtenir les résultats.

“D’abord l’emploi, l’emploi, l’emploi, le combat pour la croissance et l’emploi parce que la première source de pouvoir d’achat c’est l’emploi et les salaires qui s'en déduisent. Deuxièmement, faire en sorte que l’inflation soit également maîtrisée ce qui permet à la consommation de progresser”. En effet, au mois de septembre 2013, l’inflation reculait de 0.2%.

Bien que cette déclaration soit tout à fait conforme à un discours économique commun, elle se révèle être d’une totale absurdité. En effet, croissance et inflation sont les deux faces de la même pièce. Vouloir une reprise de la croissance tout se félicitant de la maîtrise de l’inflation est synonyme d’une incompréhension complète du phénomène économique.

Ce que les économistes dénomment “demande agrégée”, ou demande, et que le grand public connaît par exemple sous le terme de “niveau d’activité” représente la somme de la croissance et de l’inflation. Les instituts statistiques se chargent, a posteriori, de disséquer “la demande” pour en obtenir le détail de ses composantes : l’inflation et la croissance. Dès lors, il n’est pas possible de souhaiter la croissance sans tolérance pour l’inflation. Et Pierre Moscovici indique qu’il faut tout faire pour le premier, tout en contraignant le second.

Cette dérive de la pensée économique laisse croire que la croissance et l’inflation seraient deux phénomènes totalement séparés, et n’ayant aucune interconnexion. La réalité est inverse. Lorsque l’activité économique se porte bien, que la population consomme et investit, la croissance repart entraînant la hausse des prix avec elle. L’inflation n’est que la conséquence de la croissance. La baisse de l’inflation au mois de septembre est de ce fait vraiment l’inverse d’une bonne nouvelle, car elle traduit la faiblesse de l’activité économique, qui est à l’origine de la hausse du chômage. Lorsque les prix baissent, les salaires sont en baisse. Et nous savons que dans la réalité, un salaire ne baisse pas, on licencie le salarié.

En deux phrases, le ministre dit une chose et son inverse. Aussi longtemps que cette pensée ne sera pas remise en question, que l’inflation et la croissance seront traitées comme des phénomènes indépendants, il est peu probable que cette crise soit traitée correctement.

Afin de parvenir à se faire une idée cohérente de la situation économique, nos dirigeants doivent penser “Nominal”. C’est à dire en intégrant croissance et inflation dans un même chiffre. Ce petit exercice permettrait sans doute d’éviter ce type de déclarations déprimantes, car elle ne font que manifester l’incompréhension de la nature de la crise que nous traversons.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !