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Hausse des tarifs à la RATP et la SNCF : les transports en commun sont-ils en train de devenir trop chers pour les Français moyens ?
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Prix exorbitants

La hausse de la TVA dans les transports de 7 à 10% prévue au 1er janvier 2014 se répercutera sur les prix des billets de train, de métro et de bus. Une énième hausse qui n'arrange pas les affaires de la SNCF, déjà très critiquée pour ses tarifs élevés et opaques.

Alain Bonnafous

Alain Bonnafous

Alain Bonnafous est Professeur honoraire à l’Université de Lyon et chercheur au Laboratoire d’Economie des Transports dont il a été le premier directeur. Auteur de nombreuses publications, il a été lauréat du « Jules Dupuit Award » de la World Conference on Transport Research (Lisbonne 2010, décerné tous les trois ans).

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Atlantico : La hausse de la TVA dans les transports de 7 à 10% prévue au 1er janvier 2014 n'arrange pas les affaires de la SNCF déjà très critiquée pour les tarifs élevés qu'elle pratique. Les transports en commun français, et notamment le train, sont-ils en train de devenir un luxe ?

Alain Bonnafous : Les augmentations et surtout leur rythme sont durement ressentis, d’autant qu’aux 3 % de hausse liée au changement de TVA devraient s’ajouter les 3 % promis par la RATP chaque année aux usagers d’Ile-de-France pour financer les projets du « Grand Paris ». Si l’on prend un peu de recul pour considérer cette inflation, il faut relativiser les choses : en 40 ans, le coût du transport collectif a augmenté de 12% en monnaie constante, celui de la voiture de 34%, essentiellement en raison du prix des carburants, de l’entretien et des réparations. Rapportées à un pouvoir d’achat des ménages qui a plus que doublé dans la même période, ces évolutions ne suggèrent pas que le transport collectif soit devenu un luxe. Il reste que les 6 % attendus (soit 4 % à prix constant) sont à rapporter au 12 % en 40 ans.

Comment se justifient les prix élevés des transports en commun ? 

Plus que des prix élevés, il faut évoquer des coûts élevés car il ne faut pas oublier que plus des trois quarts de ces coûts en Ile-de-France et plus des deux tiers en province sont couverts par le versement transport que paient les employeurs et par les subventions. Les prix de transports en commun bénéficient donc de ces fortes contributions. Il reste que ces coûts sont élevés. Il s’agit principalement de coûts salariaux, et ils ne bénéficient que de très modestes gains de productivité.

Quand on ajoute aux tarifs payés par les usagers la participation qu'ils paient par ailleurs indirectement via les prélèvements obligatoires, notamment à l'entretien des infrastructures, à combien s'élève réellement la facture ? Comment pourrait-elle être réduite ?

A grands traits, notre système ferroviaire reçoit une douzaine de milliards par an, la RATP deux milliards. Avec les transports urbains de province et les transports départementaux, le total dépasse les 16 milliards. Comme on voit mal que soit réduit le niveau de service, la réduction de la facture ne peut résulter que de gains de productivité. Est-il normal, pour les trains régionaux, que le train-km coûte en France 35 % plus cher qu’en Allemagne ?

Existe t-il des offres low-cost dans les transports en commun ? Peut-on considérer qu’elles soient une réponse suffisante ?

Dans les transports de la vie quotidienne, il y a très peu de low-cost à l’exception de quelques TER « à un euro », dont les promoteurs ont compris (un peu tard) que c’était ruineux pour les collectivités qui les subventionnent.

Pour pallier ces hausses de prix, vers quelles solutions les Français se tournent-ils ? Avec quelles conséquences ?

Toute hausse des prix se traduit par une baisse de la demande mais cette baisse est faible lorsque la demande est inélastique, ce qui est généralement le cas dans les transports publics : les plus démunis en sont tout simplement captifs, les plus aisés ont un plus grand consentement à payer et ne choisissent pas le transport public pour des raisons de prix. Historiquement, on a pu observer qu’une augmentation de 6 % ne diminuait pas la demande de plus de 2 %.

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