Guillaume Gibault - Le Slip Français: "Les gens ne veulent plus juste acheter un produit, ils veulent participer à son histoire" <!-- --> | Atlantico.fr
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Guillaume Gibault, président et fondateur du Slip Français
Guillaume Gibault, président et fondateur du Slip Français
©Reuters

L'interview Atlantico Business

Lancé en 2011, Le Slip Français a fait le pari d'une fabrication made in France que la start-up de 5 salariés développe avec de petits ateliers de confection en région. Mais Le Slip Français c’est aussi communication très 2.0. Son fondateur, Guillaume Gibault 28 ans un ancien d’HEC, adore "ces coups d’accélérateurs" online. On se souvient par exemple, pendant la campagne présidentielle, des détournements d'affiches des candidats. Fidèle à sa ligne conductrice, Guillaume Gibault a lancé cet été, un nouveau produit qui devrait encore faire parler de lui : un slip qui sent bon.

Vous avez récemment lancé un slip qui sent bon grâce à une technologie que vous avez développé. Pourquoi ce choix ?

Notre cœur de métier, chez Le Slip Français c'est d'être e-commerçant. Donc cela veut dire qu'il faut trouver des idées de contenu pour attirer des visiteurs sur notre site, c'est-à-dire générer du trafic. Donc nous réfléchissons en permanence à des innovations produits ou communications qui permettent de trouver des idées sympas à décliner en produit. On a donc développé, avec un parfumeur français, un parfum qui, mélangé à des microparticules d'huile, s'imprègne dans le tissus. Dès que vous bougez, le coton casse les microparticules au fil du temps.

Est-t-on vraiment sur un produit qui répond à un besoin ou sur de la pure agitation marketing ?

Non ce n'est pas un vrai besoin. Je suis bien sûr convaincu qu'il n'y a pas un grand secteur de marché pour le sous-vêtement parfumé ! C'est simplement une diversification produit qui fonctionne bien en marketing. C'est une bonne idée cadeau, 100% made in France, ça peut donc plaire.

Votre marque tire beaucoup sa notoriété des réseaux sociaux et des buzz que vous faites régulièrement. Est-ce une pratique commerciale viable à long terme ?

Oui je pense tout à fait que c'est viable à long terme car ces buzz permettent d'avoir des "coups d'accélérateurs" par dessus lesquels on greffe nos méthodes de webmarketing classiques. Nos réseaux sociaux sont plutôt des apporteurs de trafic et de notoriété. C'est évident que l'on ne va pas lancer une innovation tous les 15 jours. L'idée c'est aussi d'ajouter au fur et à mesure un vrai positionnement mode à la marque avec par exemple une collection tous les 6 mois comme toutes les autres marques de mode.

Tout cet univers "second degré" et axé autour du buzz, est-ce aussi un moyen de faire oublier que vos slips valent tout de même une trentaine d'euro ?

Je dirais plutôt que toutes les autres marques comme Calvin Klein, Paul Smith ou Ralph Lauren fabriquent, en Chine, des slips à 30 euros  et elles ne sont même pas marrantes ! Au delà de ça, il est important bien sûr d'être dans le marché et internet nous aide beaucoup pour ça. Si on avait fait un slip made in France vendu "classiquement" aux Galeries Lafayette, on aurait accumulé les marges de tout le monde et obligé de vendre le produit à 45 euros. Donc pour moi, ce n'était pas viable, nous avions l'obligation d'être dans les prix des autres marques.

Patron 2.0 jusqu'au bout, vous financez certains de vos projets en crowdfunding. Quelle est votre sentiment sur les tentatives de réforme ces derniers mois ?

Je pense qu'en France on n’a pas une bonne compréhension du crowdfunding. Dès qu'on dit financement participatif on pense tout de suite actionnariat, prise de parts dans un projet alors que ce n'est pas du tout ça. Pour nous, c'est plutôt de la prévente. Je dis "je mets un projet en ligne, et voila ce que vous aurez en échange de votre financement. Si le projet est viable on le fait, sinon on ne le fait pas". Au-delà de ça, je reste convaincu que c'est à nous, entrepreneurs, de trouver les solutions. Peu importe les décisions du gouvernement, il faudra bien trouver les moyens de se financer, c'était le cas avant et ce sera toujours le cas. Mais il est vrai que l'on entre dans une nouvelle manière de consommer. Les gens ne veulent plus juste acheter un produit, ils veulent participer à son histoire.

Au-delà de cette réforme, quelle est votre avis sur la politique gouvernementale dédiée aux entrepreneurs ?

C'est horriblement compliqué de monter sa boite en France, beaucoup trop de charges pèsent sur nous. Notamment lors des premières embauches où par exemple, il n'y a pas de déduction quand, on prend un stagiaire de fin d'étude et qu’on le garde. Je reviens de mon premier voyage de prospection à Tokyo et je me suis rendu compte à quel point il fallait sérieusement qu'on se bouge les fesses en France pour avoir des idées, monter des boites, rattraper le train déjà loin devant nous de la création et de la croissance. Il faut libérer l'énergie créatrice.

En parlant d'énergie créatrice, vos projets pour l'année prochaine ?

L'année prochaine nous ouvrirons une boutique en propre à Paris. On veut surtout développer notre chiffre d'affaire à l'export qui représente pour le moment à peine 10%. On va donc essayer de réaliser une prouesse : vendre à des Chinois des slips fabriqués en France !


Propos recueillis par Julien Gagliadi

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