Leonarda : les manifestations lycéennes noyautées par la Fidl et le Front de gauche<!-- --> | Atlantico.fr
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Vendredi, des lycéens se sont mobilisés pour protester contre l'expulsion de Leonarda et de Khatchik.
Vendredi, des lycéens se sont mobilisés pour protester contre l'expulsion de Leonarda et de Khatchik.
©Reuters

Enrobage

Spontanée et populaire la mobilisation lycéenne ? Si l'empathie de nos étudiants peut en toucher certains, il est nécessaire de rappeler que leurs mouvements sont soigneusement orchestrés en coulisse.

Hubert Landier

Hubert Landier

Hubert Landier est expert indépendant, vice-président de l’Institut international de l’audit social et professeur émérite à l’Académie du travail et de relations sociales (Moscou).

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Atlantico : Les lycéens se sont fortement mobilisés en opposition à l'expulsion de la jeune Leonarda, elle même collégienne. Peut-on dire de ce mouvement qu'il est véritablement spontané ?

Hubert Landier : Les jeunes, lycéens ou étudiants, se montrent volontiers généreux. Que des lycéens soient expulsés, ils ne peuvent y demeurer insensibles. Les syndicats, et notamment les syndicats d’enseignants, de leur côté, ont depuis longtemps manifesté leur solidarité avec les "sans papier", et donc contre les expulsions touchant leurs élèves. Des banderoles en ce sens ont pendant longtemps orné la façade de certains lycées parisiens.

Que deux lycéens aient été frappés, avec leur famille, d’une mesure d’expulsion, et arrêtés dans des conditions dont la presse a relaté, probablement en l’amplifiant, le caractère dramatique, il y avait là un fait divers qui heurtait la sensibilité des uns et le programme d’action des autres.  Voilà des malheureux, qui avaient trouvé refuge en France, terre d’accueil et de promotion des droits de l’homme, et celle-ci les rejette, les renvoie dans leur pays d’origine, où on ne sait trop – mais on imagine – quel sera leur avenir. Il y a là des sentiments respectables, même si on peut les juger déraisonnables.

Comment se sont constituées ces différentes manifestations ?

Elles se sont notamment constituées à travers la mobilisation de la FIDL, issue des comités d’action lycéens qui avaient fait parler d’eux en 1968, du RESF, réseau composé de collectifs, de mouvements associatifs, de mouvements syndicaux militant contre l'éloignement d'enfants étrangers scolarisés en France, et d’Educ’action, la fédération CGT de l’éducation nationale, d’ailleurs minoritaire dans la profession.

Mais c’est là que commence la manipulation. Les militants se recommandant de la gauche de la gauche, agissant en tant que tels ou sous couverts d’organisations syndicales ou associatives, fondent volontiers leur action sur l’émotion suscitée par tel ou tel évènement. Et ils en font un levier au service d’objectifs qui dépassent de très loin le cas d’espèce. Celui-ci se réduit alors à une bonne occasion de créer une mobilisation destinée à s’en prendre à la politique que l’on dénonce. En l’occurrence, celle de Manuel Valls.

L'objectif de ce mouvement reste donc purement politique ?

Derrière les manifestants, dont la sincérité ne fait aucun doute et dont les nobles principes qui les inspirent ne sont pas en cause, se cachent donc de activistes dont les préoccupations sont un peu différentes : il s’agit pour eux de dénoncer, au nom des valeurs de gauche, la politique menée par le gouvernement et par un ministre soucieux de réalisme. Et il s’agit de faire en sorte que cette dénonciation face un maximum de bruit. D’un fait divers, hélas d’une grande banalité, et d’un nombre de manifestants finalement peu élevé, il s’agit de faire un événement d’une portée nationale, obligeant le président de la République lui-même à se prononcer. Soit en désavouant Manuel Valls – ce qu’il ne fera pas, soit en le soutenant, mais en donnant prise à la critique selon laquelle il piétinerait les droits de l’homme. Ainsi convient-il de ne pas être dupe.

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