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Pourquoi Valls est l'incarnation du décalage entre le peuple français et ses élites
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Éditorial

Rares sont les dirigeants du PS qui soutiennent la politique de fermeté du ministre de l’Intérieur vis-à-vis de l’immigration clandestine, politique dont "l'affaire Leonarda" pourrait devenir le symbole.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Cette "affaire Leonarda" marque peut-être un premier tournant du quinquennat Hollande. Je ne vais pas revenir sur les circonstances dans lesquelles la police est venue chercher la jeune kosovare en situation irrégulière pendant une activité périscolaire afin qu’elle rejoigne sa famille renvoyée chez elle en toute légalité, d’autant que nous ne possédons pas encore tous les éléments permettant de porter un jugement définitif sur cet événement. En revanche, la manière dont la classe politique française réagit me paraît très instructive sur le thème : "de quoi Valls est-il le nom ?"

A gauche, pas de surprise ou peu de surprises. Les mélenchonistes invectivent, la plupart des socialistes s’indignent, quelques-uns s’interrogent. Rares sont les dirigeants du PS qui soutiennent la politique de fermeté du ministre de l’Intérieur vis-à-vis de l’immigration clandestine, politique dont cette histoire pourrait devenir le symbole. Quant à François Hollande, il laisse le temps au temps, comme d’hab’… En dehors de quelques personnalités atypiques telles que Jean-Jacques Urvoas ou Anne Hidalgo, la réalité est que le PS n’a toujours pas compris que les Français n’en peuvent plus de cette immigration incontrôlée qu’ils associent aux problèmes d’insécurité qui minent notre pays. Et que si, évidemment, sécurité ne doit pas rimer avec inhumanité, il faut beaucoup de détermination pour faire reculer ce fléau.

Et la droite ? Troublée par l’énergie très sarkozyenne du premier flic de France, elle s’empêtre dans une rhétorique tristement politicienne qui se résume ainsi : Valls serait l’écran de fumée qui dissimule le laxisme du gouvernement en matière d’immigration et de lutte contre l’insécurité. Fadaises et billevesées ! Dés la campagne des primaires socialistes, fin 2011, l’ancien maire d’Evry avait dessiné les contours de ce que serait sa politique sécuritaire dans un livre et de multiples interventions s’il était choisi. Il allait même jusqu’à accréditer les thèses du sociologue Hugues Lagrange qui fait un lien entre la question de la délinquance en France et les caractéristiques culturelles des criminels qui peuplent nos prisons, visant en particulier ceux originaires du sahel africain. Même si Valls a été nettement battu, il n’a pas renoncé à mettre en œuvre son projet, quitte parfois à passer en force et susciter l’ire de certains de ses collègues du gouvernement et des barons de la gauche molle.

Critiqué à gauche, raillé par la droite, violemment attaqué par l’extrême droite, Manuel Valls demeure cependant l’homme politique préféré des Français qui, eux, jugent l’homme et ses actes, au-delà des querelles partisanes, de la guerre des égos et de la présidentielle de 2017. Dans trois ans et demi, c’est eux qui auront le dernier mot.

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