Les dernières pistes scientifiques pour lutter contre l'addiction à la marijuana<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Nous sommes aujourd’hui confrontés à l’émergence de produits à base de cannabis dont la concentration a considérablement augmenté."
"Nous sommes aujourd’hui confrontés à l’émergence de produits à base de cannabis dont la concentration a considérablement augmenté."
©Reuters

Cannabis

Un composé chimique appelé acide kyurénique réduirait de 80% la consommation chez les singes utilisés pour les tests. Si ces résultats donnent des espoirs de soigner les addictions au niveau biologique, ils n'apportent rien à l'aspect psychologique du problème.

Dan Véléa

Dan Véléa

Le Docteur Dan Véléa est psychiatre addictologue à Paris.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les addictions, dont Toxicomanie et conduites addictives (Heures-de-France). Avec Michel Hautefeuille, il a co-écrit Les addictions à Internet (Payot) et Les drogues de synthèse (PUF, Que sais-je ?, Paris, 2002).

Voir la bio »

Atlantico : Une récente étude américaine (voir ici) révèle que le composé chimique appelé "acide kynurénique" provoquerait une baisse conséquente de la consommation de cannabis (près de 80%) chez les singes. Comment ce composé fonctionne-t-il ?

Dan Véléa : Les actions de ce type de molécule ont pour but de diminuer la production de dopamine, et par extension, de réduire ce que l’on appelle le « craving », à savoir le désir insatiable d’utiliser une drogue addictive. On ne pas réellement parler de besoin au sens comportemental et psychologique dans la consommation de ce type de substances. Je n’irai pas jusqu’à dire que cette étude est biaisée, toutefois, il manque un facteur très important qui est l’estimation du besoin qui est créé chez les usagers en termes de dépendance psychologique et en termes satisfaction d’un plaisir.


Quelles chances a-t-on de voir cette découverte s'étendre à l'Homme ?

On peut faire la parallèle avec un bloqueur - la naloxone - pour les opiacés, qui sert d’antidote en cas d’overdose à l’héroïne. Ce médicament n’a pas donné tous les résultats escomptés pour la simple raison que les gens cherchent une autre dimension qui est celle du plaisir. Par conséquent, cela ne peut marcher que chez des personnes réellement motivés et qui sont à la recherche d’une béquille chimique pour pouvoir les aider à s’en sortir. L’importance d’une prise en charge thérapeutique est primordiale.


Peut-on imaginer que de nouveaux traitements apparaissent du fait des résultats que montre cette étude ?

Il est aujourd’hui trop tôt pour le dire, cependant, si tel devait être le cas, cela ne serait possible qu’en complément d’un réel soutien psychologique qui viserait à gérer les angoisses et les dépressions. Ce traitement aurait dans ce cas précis un rôle de substitut ou d’adjuvant.


Où en est actuellement la lutte contre la dépendance au cannabis ? 

Les derniers chiffres publiés à l’échelle nationale et européenne nous montrent que la consommation de cannabis est plutôt stable. L’évolution majeure réside dans le fait que nous sommes aujourd’hui confrontés à l’émergence de produits à base de cannabis dont la concentration a considérablement augmenté, en conséquence de quoi les effets se multiplient par des manifestations psychiques plus inquiétantes.

Quelle étape cette découverte représente-elle dans du point de vue de la recherche ?

C’est une étape très importante et cela montre bien que la recherche avance de manière significative. On attend maintenant des traitements plus approfondis voire même des traitements de substitution, en sachant qu’on assiste en parallèle à des usages détournés des substances censées être des traitements de substitution pour d’autres produits.



Propos recueillis par @SachaConrard

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !