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Édito - Mariage franco-chinois pour sauver PSA : un évènement qui ne sera pas forcément heureux
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

C’est une question d’heures ou de jours. Le chinois Dongfeng, qui travaille déjà depuis longtemps sur le marché chinois avec PSA Peugeot-Citroën, devrait cette fois-ci entrer au capital de la holding française. Parallèlement, l’État français viendrait également dans le jeu de sorte qu'au terme d’une augmentation de capital, l’État et l’industriel chinois soient à égalité avec la famille Peugeot. Cette dernière sauve les meubles mais risque de perdre la direction.

L’industriel chinois s’était montré très efficace en accompagnant le constructeur français sur le marché chinois (13 millions de véhicules cette année). Ceci étant, face aux difficultés du groupe PSA, les chinois ont très vite manifesté leur intention d’aller plus loin que la simple opération industrielle et commerciale sur la Chine. Mais des chinois qui débarquant dans une des plus emblématiques entreprises industrielles françaises c’était difficile à assumer. Au gouvernement, on se voyait mal assister au débarquement des Chinois à Paris et à Sochaux pour sauver Peugeot. Du coup, Bercy et l’Élysée ont dit que l’État français viendrait faire son travail de protecteur des intérêts industriels et de promettre de l’argent.

Ce matin, personne ne sait au juste quel sera le montant de l’aide de l’État, mais selon des sources de Bercy, non démenties par les membres de la famille Peugeot, le schéma de sauvetage se déroulerait de la façon suivante.

PSA Peugeot-Citroën lancerait une augmentation de capital de 3 milliards d’euros. L’État français et l’industriel chinois apporteraient chacun 750 millions d’euros soit 26% du capital. La famille apporteraient autant (1,5 milliards) de façon à ne pas être diluée et à conserver une part de 26% du capital. Ceci étant, la famille pourrait dans cette affaire perdre le contrôle du management ce qui marquerait un tournant, sauf à s’allier avec des banques françaises ou même avec l’Etat. Ce qui serait chez les Peugeot une petite révolution. La famille Peugeot paye cher ses erreurs de gestion et son adaptation tardive.

Une opération intéressante sous trois angles :

Tout d’abord, on entend déjà le ministre du « Produire en France » en la personne de M. Montebourg, se vanter à la télévision qu'il aura su convaincre le gouvernement d’investir des fonds publics pour sauver l’un des « plus beaux fleurons de l’industrie française ». Cela dit, si politiquement c’est facile à vendre à l’opinion publique, il faudra gérer la suite et accepter les adaptations liées à la concurrence internationale. En clair, l’État français (donc le contribuable) va se retrouver otage d’une entreprise mondialisée. Et quand il s’agira de présenter les plans sociaux inéluctables, puisque cette industrie se déplace vers l’est, bonjour les dégâts.

Ensuite, on fait payer la famille. On sauve le groupe mais on oblige la famille à participer au sauvetage. C’est plutôt une bonne idée que d’obliger les actionnaires historiques à prendre leurs responsabilités.


Enfin, on accueille ainsi des capitaux chinois en conservant le pouvoir dans l’entreprise. Il faudra bien s’y résoudre. Les autorités chinoises ont l’argent pour investir en occident. Nous, nous avons besoin de ce type d’investissement. Il serait temps de mettre en place une mécanique pour multiplier ce genre d’opération. La Chine a les moyens de jouer les banquiers du monde. La Chine ne fait rien d’autres que de financer ses clients. La Chine a besoin que les économies occidentales fonctionnent pour pouvoir elle-même fonctionner. Les relations franco-chinoises vont enfin s’éclaircir sur des bases très pragmatiques.

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