La femme est un mécène comme les autres : l'impact de l’arrivée des wonderwomen sur l'art<!-- --> | Atlantico.fr
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Le musée d'Orsay à Paris
Le musée d'Orsay à Paris
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We can do it

Le musée d’Orsay et de l’Orangerie peuvent désormais compter sur un réseau de femmes mécènes bien décidées à promouvoir l’image féminine tant dans le monde de l’entreprise que dans celui de l’art. Rencontre avec trois argentières innovantes qui contribuent à féminiser le monde du mécénat.

Atlantico : Le musée d’Orsay, le Cercle InterElles, les Femmes Chefs d’Entreprises et la Fédération Pionnières ont lancé jeudi 10 octobre le Cercle des Femmes Mécènes des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Comment envisagez-vous ce mécénat féminin ?

Hélène Cataix : Le projet de mécénat a pour but de rapprocher le monde du développement économique et le monde de l’art. Notre fondation est une fédération d’incubateurs qui  accompagne des femmes qui créent des start-up, des services innovants et développent des entreprises qui créent des emplois.  Et nous les aidons dans leur développement, nous visons les petites entreprises.Car il y existe un intérêt pour penser l’art et la culture, et le mécénat n’est pas réservé aux très grandes entreprises! Par ailleurs, je ne cache pas qu’il y a un intérêt personnel sous ce projet, une volonté de rapprocher deux mondes : l’entreprise et la culture. Je compte motiver notre vivier d’entreprises. Nous sommes certes dans un développement économique et de valeur mais il n’empêche pas d’avoir des prétentions diverses, d'où ce projet.  Lorsque le musée d’Orsay nous a contactés, il cherchait à s’appuyer non pas sur des grandes entreprises, comme c’est déjà le cas, mais élargir à des réseaux de femmes, de chefs d’entreprises. Et notre fédération correspond à ce type de cible, nous nous retrouvons totalement dans ce projet.

Catherine Ladousse : Je pense que ce mécénat est une question d’engagement. Quand on est un réseau féminin, que l’on accompagne des femmes, que l’on promeut leur talent, que nous les mettons en valeur, nous ne pouvions qu’être en accord avec le projet du musée d’Orsay. Avec des projets comme l’exposition Frida Kahlo, les femmes photographes, nous nous sommes reconnues, nous partageons les mêmes enjeux : mettre en avant l’image de la femme dans la société. Dans le domaine professionnel, ici dans les entreprises, dans un univers dominé par la culture masculine notamment dans la direction, la place de la femme est difficile à faire émerger. Que ce soit dans les entreprises ou dans l’art, on est dans les mêmes enjeux, il faut que nous trouvions un équilibre dans la société entre femme et homme. Nous nous engageons donc dans ce mécénat,  même si cela ne concerne pas notre domaine professionnel. Au delà d'ailleurs de notre domaine professionnel, l'art, la culture nous ouvrent l'esprit, et nous en avons besoin pour accepter le quotidien, c'est une véritable respiration, et nous avons la chance de participer à cela.

Marie-Christine Oghly : Les Femmes chefs d’Entreprise sont les pionnières en matière de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), de développement durable, d’implication de l’humain dans l’entreprise. L’implication dans ce cercle des Femmes Mécènes, peut montrer quels bénéfices l’art peut apporter à l’humain et à l’entreprise. Par le détour de l’art on peut évoquer des problématiques managériales telles que le leadership, la relation à l’autre, l’innovation et la concurrence positive, l’interculturel, le discernement en temps de crise, etc.

L’objectif du partenariat est de promouvoir l’image de la femme dans la société et notamment dans le monde l’art. Pourtant elle est très souvent représentée en art en tant que modèle et muse, quelle nouvelle illustration de la femme ce Cercle tente-t-il donc de promouvoir ?

Hélène Cataix : L’idée est de promouvoir l’image de la femme. En France, elles ne sont présentes qu’à 30% en tant que chef d’entreprise et ne représentent que 5% des acteurs du secteur de l’innovation. Cette image peu développée est la même dans le monde de l’art, et la démarche de ce mécénat est la même que celle de notre fédération : promouvoir l’image de la femme dans la société, dans les musées comme dans les entreprises.

Catherine Ladousse : Démarrer cette initiative avec cette exposition sur Frida Kalho en dit long, c'est très symbolique. On se reconnait de suite en cette femme, engagée, militante, dont le talent est certes reconnu mais qui a du batailler dans une époque et dans une culture masculine. Nous nous reconnaissons à travers elle. Le Cercle veut promouvoir, tant dans l'entreprise que dans l'Art cette image de la femme.

Marie-Christine Oghly : Montrer qu’être chef d’entreprise, c’est aussi savoir s’ouvrir sur l’extérieur, découvrir, décider, mettre en place de nouvelles méthodes pour innover dans nos entreprises.

Le partenariat du musée d’Orsay avec un réseau exclusivement féminin est une première du genre. Comment envisager l’avenir de ce projet ? Y a-t-il une ambition d’élargir le mécénat à d’autres formes d’art, d’autres musées ? Quelle ampleur ce type de mécénat peut-il prendre ?

Hélène Cataix : C'est un projet à très long terme, pour l’instant ce sont des adhésions personnelles mais j’espère qu’une fois que les entreprises auront grandi en taille, les femmes pourront adhérer au titre de leur entreprise. Des associations de notre réseau se sont déjà dit intéressées par d’autres musées. On me parle du musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq ou le musée du Mucem à Marseille, pourquoi ne pas faire la même chose ? 

Catherine Ladousse : L'initiative du musée d’Orsay est très originale, je voulais vraiment y participer. Mais, bien que nous soyons un cercle de femmes, nous aimerions aussi que des hommes soient derrière. La société, les entreprises sont portées par des hommes et des femmes, nous devons promouvoir cette idée d'égalité ensemble. Par ailleurs, je pense que le projet va grossir, de plus en plus de réseaux se constituent, des individus vont nous rejoindre. Ce mécénat peut être un moteur, un relais pour développer le réseau comme le mécénat.

Marie-Christine Oghly : Ce cercle lancé avec trois associations n’est qu’une première étape, nous devons montrer l’exemple aux femmes qui ont la chance d’avoir déjà un positionnement dans la société. Montrer que nous pouvons nous investir pour d’autres causes, relayer auprès d’autres associations de Femmes, afin de permettre le développement de la culture et de l’art.

Le cercle a été lancé parallèlement à l’exposition Frida Khalo, mais ce n’est pas une exclusive, d’ailleurs le jour du lancement et c’est un clin d’œil, nous avons visité l’exposition le nu Masculin.

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