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L’Union européenne, parasite fiscal en chef
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Bonnes feuilles

60 milliards chaque année, soit 10 fois le déficit des retraites ! À l’occasion d’une enquête parlementaire qu’il a dirigée avec Alain Bocquet, Nicolas Dupont-Aignan raconte l'industrialisation de la fraude fiscale et dénonce les résistances aux changements indispensables. Extrait de "Les Voleurs de la République" (1/2).

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan préside Debout la France, parti politique se revendiquant du gaullisme et est l'auteur de France, lève-toi et marche aux éditions Fayard. 

 

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Bruxelles. N’ayons pas peur d’ouvrir les yeux : l’Union européenne est sans doute le premier parasite fiscal au monde, et ce à un double titre. Comment vouloir faire le ménage chez les autres quand on n’est pas capable de le faire chez soi ? Tout d’abord, elle accepte en son sein la City de Londres, le Luxembourg, le Liechtenstein, Chypre et en relation avec elle Monaco, Andorre, les îles anglo-normandes, Gibraltar… Ensuite, l’Union européenne favorise sciemment le dumping fiscal et social entre les 27 États membres. J’ai retrouvé d’ailleurs au siège de la Commission de Bruxelles, dans cet immense blockhaus qui symbolise à lui tout seul l’incapacité de l’Union européenne à écouter la voix des peuples, la même schizophrénie qu’à Londres. Des fonctionnaires ont passé leur journée à nous expliquer qu’il fallait « moraliser la finance », alors que le système qu’ils préconisent, organisent et défendent, est précisément celui de la concurrence fiscale et sociale, celui de la mondialisation sauvage.

Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, nous a reçus, tentant avec sincérité de nous « vendre » ses projets de directives qui pourraient certes représenter un progrès, si son collègue ne parcourait pas le monde au même moment pour signer des accords de libre-échange déloyaux avec des parasites fiscaux. Il n’y a aucune cohérence d’ensemble. Les Suisses ont beau jeu de se moquer de cette Union européenne qui prétend interdire aux autres ce qu’elle tolère en son sein.

(...)

Le Luxembourg est aussi un cas d’école, le plus hypocrite sans aucun doute. Le « Grand-Duché », ancien département français des Forêts, rejeton des errements diplomatiques européens qui ont conduit à la guerre de 1870, répétition générale des deux suivantes, a bien sûr refusé de nous recevoir, estimant ne pas être un paradis fiscal ! Une vaste plaisanterie… Comment se fait-il alors que les statistiques financières le présentent comme le principal investisseur européen hors des frontières de l’UE et comme le principal bénéficiaire des investissements en provenance des pays tiers ? En vérité, le Duché a mis en œuvre une stratégie prédatrice avec l’accord implicite de la France, de l’Allemagne et des autres, en profitant de la marge de manœuvre offerte par l’Union européenne. Au Luxembourg, le siège Europe d’Amazon ne paye que 15 % de TVA (3 % pour le livre électronique)… C’est exactement comme si le département de l’Allier avec un gouvernement d’opérette à sa tête avait décidé de devenir un parasite fiscal. Pire, l’Union européenne a confié pendant sept années au Premier ministre luxembourgeois la présidence de l’Eurogroupe !

Preuve s’il en était besoin de la complaisance et du double jeu des gouvernements. En vérité, il s’agit de l’organisation d’un privilège fiscal pour nos élites, comme pour la noblesse ou le clergé au temps de l’Ancien Régime. Un privilège discret à l’abri de la connaissance de nos concitoyens. Mais ce qui était jusqu’alors réservé à une poignée de grandes fortunes et de multinationales s’est soudain « démocratisé » par Internet et à la faveur de l’internationalisation des entreprises. Les États sont pris à leur propre piège. Les ressources fiscales s’effondrent. Pour faire accepter les hausses d’impôt, il faut donc agir, ou plutôt faire semblant. Car la gesticulation n’y fera rien tant que le logiciel de l’Union européenne ne remettra pas en cause le déséquilibre entre un marché unique et des fiscalités séparées.

Extrait de "Les Voleurs de la République", Nicolas Dupont-Aignan, (Editions Fayard), 2013. Pour achetez ce livre, cliquez ici.

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