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Le magazine scientifique New Scientist s'est demandé à quoi ressembleront nos sociétés et notre environnement en 2100
Le magazine scientifique New Scientist s'est demandé à quoi ressembleront nos sociétés et notre environnement en 2100
©Reuters

No future

Le magazine scientifique New Scientist s'est demandé à quoi ressembleront nos sociétés et notre environnement en 2100 et propose quatre scénarios réalistes.

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) est alarmiste, mais reste prudent. Dans son cinquième rapport publié fin septembre, il prévoit que la température moyenne du globe augmentera de + 0,3 à + 4,8 °C d'ici 2100. Pourquoi une si large fourchette ? Parce que l'état de notre planète d'ici la fin du siècle dépend de nombreux facteurs : les sources d'où nous tirerons notre énergie, le nombre que nous serons, le type d'habitation dans lesquelles nous vivrons ou les véhicules que nous utiliserons, écrit New Scientist.

Le magazine scientifique anglo-saxon, l'un des plus influents en la matière, a voulu donner un meilleur aperçu de ce que sera la Terre en 2100 en fonction des choix que nous ferons. Se basant sur de nombreux modèles climatiques, démographiques et énergétiques, et suivant les recommandations d'un spécialiste de la discipline, New Scientist a imaginé quatre scénarios futuristes concernant notre environnement et nos sociétés. Extraits de ces quatre futurs possibles accompagnés du regard de Christian Gollier, économiste au Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (GIEC).

Aujourd'hui

Population : près de 7,1 milliards

Concentration en CO2 :près de 400 parties par million (ppm)

Scénario 1 : l'humanité n'a pas tardé à agir et à investir radicalement dans les énergies renouvelables et la géo-ingénierie.

Population : 9 milliards

Concentration en CO2 : 400 ppm, en baisse

"Ce n'était pas facile, mais grâce à nos efforts la planète est sauvée" : voilà la phrase qui résume le scénario le plus optimiste de New Scientist. Grâce au développement de techniques permettant de piéger le carbone et de l'enfouir dans le sous-sol, ainsi qu'à la généralisation des énergies renouvelables, les émissions de dioxyde de carbone dégringolent et leur concentration dans l'atmosphère est repartie à la baisse. La température du globe s'est stabilisée il y a fort longtemps, en 2050. La banquise a arrêté de fondre, l'acidification des océans a ralenti, mais le niveau des mers continue d'augmenter en raison de la chaleur stockée par le système marin au cours des années précédentes.

Christian Gollier : "Ce scénario c'est du rêve à l'état pur. Il sous-entend qu'on n'utilise plus du tout le pétrole des Saoudiens ni le gaz de schiste des Américains. Et même si on pouvait l'atteindre, ce ne serait pas souhaitable économiquement car les bénéfices ne seraient pas à la hauteur des coûts".

Scénario 2 : les menaces climatiques n'ont pas été prises trop au sérieux... mais le progrès technologique nous a aidés.

Population : 8,5 milliards

Concentration en CO2 : 550 ppm, stable

À moins d'une prise de conscience radicale, ce scénario est le plus réaliste avec celui qui suit. Il part du principe que la société de 2100 a tardé à voir le réchauffement climatique comme une vraie menace, mais qu'elle sera plus efficiente qu'aujourd'hui, consommant moins d'énergie et moins de matériaux pour produire plus. Le renouvelable et le nucléaire seront les énergies dominantes. L'économie sera "bas carbone". Les humains mangeront moins de viande, réduisant d'autant les émissions de gaz générées par le bétail. Les villes seront plus compactes et équipées d'excellents réseaux de transports publics. Et même si les températures et le niveau des mers auront augmenté, les plus extrêmes conséquences du changement climatique seront derrière nous.

Christian Gollier : "Ce scénario reste très ambitieux et exigera beaucoup de sacrifices. Arriver à une concentration en CO2 de 550 ppm est un objectif potentiellement réalisable si on parvient à un accord international sur le climat d'ici 2020. Mais cela implique aussi de laisser l'essentiel des énergies fossiles sous terre, donc un gros effort en matière de recherche technologique et de changement de nos modes de vie".

Scénario 3 : les émissions de gaz à effet de serre n'ont été réduites qu'à la fin du siècle.

Population : 9,5 milliards

Concentration en CO2 : 650 ppm, en hausse

"Durant la première moitié du siècle, on s'est avant tout préoccupé de business, comme d'habitude", postule New Scientist dans ce scénario : notre dépendance aux combustibles fossiles n'a pas diminué et nos modes de vie (consommation, voyage, nombre d'enfants) ont peu évolué. Et, logiquement, les conséquences du changement climatique sont alors impossibles à ignorer. "En réponse, nos gouvernements ont lentement commencé à mettre en place des politiques peu ambitieuses pour réguler les émissions", prédit New Scientist. En 2100, la consommation de pétrole baisse, certes, depuis des décennies, mais les températures et le niveau des mers continuent d'augmenter, et cela risque de se poursuivre pendant plusieurs décennies encore.

Christian Gollier : "C'est un scénario probable qui part du principe que la prise de conscience arrivera tard, au milieu du siècle probablement lorsque les catastrophes climatiques qui se produiront pousseront les populations à faire pression sur leurs gouvernements en faveur d'un vrai changement. Depuis l'échec du sommet de Copenhague, c'est vers ça qu'on se dirige : l'irresponsabilité collective. Personne ne peut vraiment prévoir ce qu'engendrera une concentration de CO2 dans l'atmosphère de 650 ppm, mais c'est une zone de grand danger. C'est un cercle vicieux, il peut se passer plein de phénomènes cumulatifs".

Scénario 4 : les émissions, tout comme la population, continuent d'exploser

Population : 12,5 milliards

Concentration en CO2 : 950 ppm, en hausse

C'est le scénario le plus pessimiste, dans lequel nous sommes encore accros aux énergies carbonées un siècle plus tard et où "croissance" est encore le maître-mot. La population mondiale a grimpé à 12,5 milliards d'individus et ceux-ci mangent encore plus de viande qu'aujourd'hui. Les investissements dans les énergies renouvelables ont été insuffisants et on en paye l'addition : la concentration en dioxyde de carbone a plus que doublé, rendant l'air difficilement respirable en de nombreux points du globe. L'équilibre des écosystèmes est menacé avec la chute de la biodiversité. L'eau continuera-t-elle de se recycler naturellement à travers son cycle ? Rien n'est moins sûr. Le changement climatique s'aggrave : les températures augmentent de plus en plus rapidement, les inondations et les sécheresses sont plus fréquentes et la banquise n'est plus recouverte de glace en été depuis plusieurs décennies.

Christian Gollier : "C'est un scénario repoussoir, sur lequel aucun scientifique ne travaille à ma connaissance, mais qui n'est pas irréaliste bien qu'hyper-catastrophique ! C'est ce vers quoi on se dirige naturellement si rien n'est fait, si le sommet sur le climat de Paris en 2015 est un échec, si les pays producteurs continuent de vendre leur pétrole. En même temps, je ne vois pas comment on pourrait leur interdire de vendre cette richesse…"

De quoi nous faire réfléchir sur les actions que nous entreprendrons, ou non, en faveur de la planète dans les prochaines années.

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