Dix ans de radars automatiques : la nécessité de renflouer les caisses a-t-elle pris le pas sur la sécurité routière ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le premier radar automatique est arrivé sur la scène française en 2003.
Le premier radar automatique est arrivé sur la scène française en 2003.
©Reuters

Qui veut gagner des millions ?

Avec plus de 4000 appareils implantés depuis 2003, les radars automatiques font désormais partie intégrante du paysage autoroutier français. Cependant, les recettes considérables qu’ils rapportent à l’Etat laissent planer le doute sur leurs finalités.

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau est polytechnicien et expert indépendant. Il travaille depuis plus de dix ans sur les questions environnementales.

Il est l'auteur du livre "Ecologie la fin" aux Editions du Toucan et "L'air est pur à Paris: mais personne ne le sait!" aux éditions de L'Artilleur.

Voir la bio »

Atlantico : A l'origine, quels étaient les objectifs liés à l’implantation des radars automatiques en France?

Christian Gérondeau : Le premier radar automatique est arrivé sur la scène française en 2003. Son objectif initial était de réguler les délits de vitesse, ce qui fût un succès étant donné qu’il y a dix ans, le nombre de tués sur la route atteignait 8.000 personnes, pour 3.000 aujourd’hui. Les effets ont été visibles très rapidement puisque dès 2004, nous sommes passés en dessous de la barre symbolique des 100.000 accidents, et en dessous de 5.000 accidents mortels. C’était déjà à l’époque une avancée remarquable  contre la mortalité routière.

Au regard du montant des recettes provenant des contraventions (800 millions d’euros) engrangées par l’Etat, l’aspect économique de cette mise en place est-il pour autant à occulter ?

Contrairement à ce que pense une majorité d’automobilistes, le premier but de cette mesure n’était pas d’ordre financier. Les radars représentaient un investissement ambitieux du point de vue de la santé publique, et il fallait injecter de l’argent avant que les premières recettes générées par les contraventions ne commencent à rentrer. Au départ, le bilan était très négatif sur le plan économique. L’importance de cet investissement en 2003 lève les doutes sur les finalités de cette opération.

La baisse du taux de mortalité sur les routes induit-elle forcément de telles sommes d’argent dépensées par des automobilistes ?

Si l’on se place sur le plan des accidents de la route, on se rend vite compte du côté pragmatique de la mise en place des radars car le coût des dégâts est colossal, de l’ordre de 20 milliards d’euros par an, soit environ un million d’euros par accident.Par conséquent, lorsque vous faîtes baisser le nombre d’accidents de 10%, les collectivités font des économies très importantes. C’est le principe du gagnant-gagnant. Les sommes que l’on associe aux radars sont à analyser dans ce contexte-là. Au final, c’était le seul moyen d’être gagnant sur l’aspect humain prioritairement, puis ensuite sur le plan financier, car il faut bien que ces appareils deviennent rentables à moyen terme.

Le gouvernement espère une hausse des recettes, de l’ordre de 70 millions d’euros en 2014. Quels indicateurs permettent à L’Etat de spéculer sur des arrestations supplémentaires ?

Etant donné que Bercy est dans une logique de recherche de fonds permanente, le ministère peut escompter que le nombre de contraventions augmente. Ces prévisions s’établissent selon les propres critères du ministère des finances, mais aussi grâce aux  évaluations de la délégation de la sécurité routière. Par exemple, la hausse des recettes peut être indexée sur l’augmentation des radars sur les routes. Ce qui me paraît étonnant, c’est que leur taux d’implantation se stabilisera en 2014 en dépit de l’annonce de rentrées d’argent supplémentaires.

Concernant le coût des réparations, c’est un point sur lequel les organisations en place devront travailler car elles sont anormalement élevées, de l’ordre de 8.000 euros par appareil. Cependant, la nature de ces dépenses est nécessaire car l’installation de tels appareils présuppose par définition de les entretenir, même s’ils ne flashent personne. 

Propos recueillis par SachaConrard

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !