Brétigny-sur-Orge : retour sur les détrousseurs de cadavres<!-- --> | Atlantico.fr
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"Certains journaux et quelques ministres de la République, ont affirmé avec force et détermination que personne n'avait volé les cadavres."
"Certains journaux et quelques ministres de la République, ont affirmé avec force et détermination que personne n'avait volé les cadavres."
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Vérité, vérité chérie…

Il y a des choses qu'il ne faut pas dire. Ou alors il faut les dire autrement. En les enrobant d’une faveur rose.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Atlantico a, il y a de cela quelques mois, commis un attentat à la pudeur la plus élémentaire en publiant un texte sur les détrousseurs de cadavres à l’œuvre après la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge. Atlantico a, également, montré sa fourberie en évoquant des caillassages des forces de l’ordre par des jeunes du coin. Atlantico, a enfin, fait preuve d’une coupable légèreté en se fondant, pour relater ces faits, sur des déclarations du syndicat de police Alliance et sur un rapport de CRS.

Honte, honte, honte à Atlantico ! Certains journaux et quelques ministres de la République, ont en effet affirmé avec force et détermination que rien de tel ne s’était passé ou que (dans la meilleure hypothèse pour nous) ce qui avait été dit était pour le moins excessif et en tout cas très mal intentionné. Le but recherché étant, selon l’accusation, de jeter l’opprobre sur des jeunes certes un peu turbulents mais qui jamais, au grand jamais, n’auraient commis l’infamie de détrousser des cadavres et des passagers choqués par l’accident. Quant aux caillassages ils étaient tout aussi imaginaires, les censeurs n’ayant vu aucune pierre voler.

Avec la vérité c’est comme avec les femmes. Certains les aiment nues. D’autres les préfèrent habillées de façon suggestive. Mais même ces dernières peuvent se livrer à un strip-tease. Et à l’arrivée elles se retrouvent nues comme les premières. Donc voici comment d’après Guillaume Pépy, le patron de la SCNF, d’après le procureur d’Evry, d’après des sources policières et judiciaires et d’après Le Figaro les choses se sont passées.

Lors d’une réunion avec M. Pépy une dizaine de passagers ont déclaré avoir été volés (les cadavres, eux, n’ont rien déclaré…). Le patron de la SNCF, parfaitement informé des faits survenus à Brétigny-sur-Orge, a aussitôt promis de les indemniser sur la seule foi de leurs déclarations, ce qui n’est pas très courant. Les jeunes vus à la gare, apprend-t-on aussi, ne sont apparemment pas ceux qui ont détroussé les cadavres. Et pour cause ils étaient occupés à jeter des projectiles sur les forces de l’ordre qui les tenaient à distance de la scène du drame. Ce sont d’autres (une ou deux personnes) qui sont allés sur les voies et dans les wagons. Quant aux jeunes qui se trouvaient derrière les cordons de police ils n’ont pu, gênés par les flics, que détrousser un urgentiste arrivé sur les lieux. Enfin, et c’est Le Figaro qui le dit (chat et -chat échaudé craint l’eau froide- nous n’allons quand même pas croire Le Figaro !), enquêteurs et juges auraient reçu l’instruction de minimiser les incidents.

Voilà. Qui sont les menteurs ? Qui sont les dissimulateurs ? Qui sont ceux qui, au pouvoir ou dans les médias, s’arrangent avec la vérité et arrangent la vérité ? Leurs méthodes sont connues et sont vieilles comme le monde. Affirme-t-on qu’une femme a été violée ? Mensonges, hurlent-t-ils : elle a juste subi, contrainte et forcée, des attouchements sexuels ! Ecrit-on qu’un passant a été violemment tabassé par cinq individus pour leur avoir refusé une clope ? Faux, s’indignent-ils : les individus n’étaient que trois et les coups qu’ils ont porté étaient plutôt légers ! Déclare-t-on que des policiers ont été la cible d’une pluie de pierres ici et là en banlieue ? C’est pas vrai s’écrient-ils : il ne s’agissait pas de pierres mais de cailloux et, de surcroît, il n’y en a eu qu’une vingtaine ce qui ne fait pas une pluie !

Dans 1984, George Orwell a tout dit sur la question. Seul Big Brother détient la vérité. En France nous avons les nôtres : des petits, tout petits, Big Brother nombreux et influents. Mais la vérité, qu’elle soit nue ou habillée, finit toujours par se venger.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Eyrolles éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

vous pouvez achetez Pourquoi vous vous trompez tout le temps (et comment arrêter) Partie 1 & Partie 2, sur Atlantico Editions.
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